L’IA fédère autant qu’elle fragmente – ce que cela signifie pour l’Hexagone

Quelques jours après l’enthousiasme du sommet de l’IA vient le temps des actions concrètes. Reste à disposer de la bonne vision pour ne pas se perdre dans le risque de ruptures entre les différentes entreprises mais aussi entre les différents gouvernements.

Mickael Mina
By Mickaël Mina Published on 12 mars 2025 4h30
l'intelligence artificielle
L’IA fédère autant qu’elle fragmente – ce que cela signifie pour l’Hexagone - © Economie Matin
77%77 % des dirigeants de TPE-PME ayant adopté l'IA rapportent des gains de temps significatifs

Le Grand Palais a vu raisonner les experts du monde entier quant au potentiel de transformation que représente l’intelligence artificielle. Chefs d’entreprise, représentants de gouvernement, analystes, médias, chacun tente désormais de planifier son passage à l’action mais tous ne disposent pas des mêmes ressources.

Premièrement au sein même des entreprises alors que les start-ups disposent de financements pour innover, que les grands groupes ont la chance de pouvoir recruter pour ce faire, les PME, quant à elles, se sentent comme les grandes oubliées de l’équation. Ensuite, entre les gouvernements, alors que la France tente d'impulser un élan européen tout en défendant une position réglementaire assez protectionniste, l’opposant à la vision innovation-first notamment défendue par les Etats-Unis.

Quid des poumons de notre économie, les PME

Cela fait plusieurs mois que des études alarment sur la réticence et le retard des PME françaises dans le déploiement de l’IA. Outre les aspects culturels poussant les Etats-Unis et le Royaume-Uni à être quasiment deux fois plus rapides dans cette adoption, les petites et moyennes entreprises françaises se sentent ici dépassées humainement mais aussi financièrement.

Les fonds massifs accordés aux start-ups et les ressources à l’échelle des multinationales creusent en effet d’importantes différences de ressources que les PME peinent à appréhender. L’IA représente pourtant un potentiel de taille dont aucune entreprise ne peut se priver.

Cela relève donc de notre responsabilité de s’assurer que chacun dispose de solides capacités d’innovation en la matière mais aussi de celles des PME de réaliser l’aspect compétitif indéniable inhérent à cette technologie. Si l’IA leur semble pensée pour les grands groupes et non adaptée à leurs besoins spécifiques, cela révèle également le travail de conseil que les éditeurs ont à mener pour éduquer, accompagner dans la refonte des stratégies et suivre leurs projets avec des solutions flexibles et abordables.

La France comme locomotive de l’Europe

Nul ne peut nier l’audace du gouvernement français à s’être positionné comme hub européen des discussions autour de l’IA. Le partage de connaissances, d’expertise et de cas d’usage va certainement insuffler nombre de projets à travers le monde mais aussi booster la coopération européenne.

Pourtant, la déclaration finale du sommet de l’IA n’a pas été signée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Qu’en est-il donc du décalage entre nos positions et de leur impact à court et long terme ? Si cela est difficile à prédire, il semble toutefois très important de se poser la question. La France porte en effet une image protectionniste qui semble prioriser la réglementation sur l’innovation. Un calcul totalement inversé aux Etats-Unis ou même en Afrique.

La prudence culturelle fragmente donc ici l’ambition mondiale autour de l’IA et pose la question du retard français, encore une fois, quant au développement de celle-ci, entraînant directement une longueur d’avance de nos homologues étrangers.

Il existe donc un équilibre à trouver qui sera certainement au cœur des prochaines sessions de travail de nos administrations et qui doit se concentrer sur la prospérité de nos entreprises.

Bien qu’il existera toujours des rythmes de diffusion variés, l’IA ne doit pas devenir un accélérateur d’inégalités mais un levier de croissance universel dont le potentiel n’est pas réservé à une élite. Il est donc de notre devoir d’en comprendre les enjeux pour avancer vers une révolution prospère, mais surtout : ensemble.

Mickael Mina

Directeur de l’IA chez Sage.

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