Impôts locaux : Larcher ment, les locataires en payent une partie !

Ils n’y échapperaient donc plus. Alors que l’impôt local semblait n’être qu’un lointain souvenir pour une partie des Français, un débat aussi explosif que silencieux s’infiltre dans les couloirs du pouvoir : les locataires doivent-ils être remis à contribution ? Une déclaration signée Gérard Larcher remet le feu aux poudres.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 30 avril 2025 10h55
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senat-34000-euros-siege-larcher-plaide-erreur - © Economie Matin
7000 EUROSLe salaire de Gérard Larcher dépasse les 7.000 euros par mois.

Le 30 avril 2025, sur le plateau de RMC-BFMTV, Gérard Larcher, président du Sénat et figure de proue des Républicains, a relancé le débat sur la fiscalité locale. Depuis la suppression définitive de la taxe d'habitation en 2023, seuls les propriétaires s’acquittent de la taxe foncière.

Impôts locaux : un système déséquilibré au détriment des propriétaires ?

« La fiscalité locale ne repose que sur les propriétaires, ça n’est pas juste », déclare Gérard Larcher dans une interview donnée à RMC-BFMTV. Derrière cette phrase lapidaire, une critique frontale d’une réforme portée par Emmanuel Macron depuis 2017, qui a abouti à la suppression totale de la taxe d’habitation en 2023.

Si l’on suit le raisonnement du sénateur, les locataires profiteraient des services publics sans en financer la charge, à l’inverse des propriétaires, seuls désormais assujettis à la taxe foncière. Cette situation ne serait pas anecdotique : « Il y a des communes dans mon département où il y a plus de 60 % de locataires, voire 70 % », poursuit-il, soulignant une inégalité structurelle du système fiscal local. Larcher pointe une « faute originelle » : la suppression de la taxe d’habitation, qui aurait coûté « 22 milliards au budget de l’État » selon ses termes. Mais ce discours est-il fondé ? Les locataires ne paient-ils vraiment aucun impôt ?

Immobilier et fiscalité : les locataires vraiment exonérés ?

En apparence, les locataires n’ont plus d’impôt local direct à leur nom. La taxe d’habitation, qui portait autrefois leur nom sur l’avis d’imposition, a disparu. Mais le verdict est plus nuancé dès que l’on scrute la mécanique du marché immobilier.

La taxe foncière, si elle est payée par les propriétaires, peut — dans une certaine mesure — être répercutée indirectement sur les locataires via une hausse des loyers. Un exemple souvent cité concerne la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM), mention obligatoire sur le bail de location, et presque systématiquement refacturée au locataire. Cette fiscalité, bien que dissimulée dans les charges, représente une forme de participation, même modeste, au financement local.

De plus, certains économistes soulignent que la pression fiscale sur les propriétaires est intégrée dans les dynamiques locatives, et que la disparition de la taxe d’habitation a souvent été suivie... par des hausses de loyer. Subtilité fiscale ou hypocrisie sociale ?

Gérard Larcher et la "contribution modeste" : une idée de retour masqué ?

Sans jamais appeler clairement à un rétablissement de la taxe d’habitation, Gérard Larcher s’aligne sur une proposition faite par François Rebsamen, ministre de l’Aménagement du territoire, évoquant une « contribution modeste » des locataires. Une idée immédiatement repoussée par le gouvernement : « Cela ne correspond pas à la position de l’exécutif et rien n’est arbitré concernant le budget des collectivités territoriales », a précisé la porte-parole Sophie Primas.

Gérard Larcher, prudent, évite la provocation directe, probablement du fait de sa situation très privilégiée et son salaire de plus de 7.000 euros par mois ou encore pour éviter de rappeler le scandale des fauteuils à plusieurs dizaines de milliers d’euros : « Il faut qu’on soit extrêmement attentifs à ne pas susciter à nouveau une demande d’effort fiscal », temporise-t-il, tout en appelant à « remettre à plat tout le système de financement des collectivités territoriales ». La stratégie est claire : dénoncer une injustice sans assumer ouvertement un retour à l’impôt abandonné.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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