Guerre à Gaza : Macron reconnaît la Palestine, colère d’Israël et des USA

Alors que la guerre à Gaza continue et qu’Israël est de plus en plus accusé de perpétrer un génocide, la France vient d’annoncer une décision aux répercussions mondiales : la reconnaissance très attendue et promise de l’État palestinien. Le choix de Paris, assumé au sommet de l’État, redéfinit le rôle diplomatique français sur l’échiquier international.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 25 juillet 2025 6h05
Guerre à Gaza : Macron reconnaît la Palestine, colère d’Israël et des USA
Guerre à Gaza : Macron reconnaît la Palestine, colère d’Israël et des USA - © Economie Matin
62 MILLIARDS € la Banque d'Israël a estimé que l'effort de guerre coûterait plus de 62 milliards d'euros entre 2023 et 2025

Le 24 juillet 2025, Emmanuel Macron a annoncé que la France reconnaîtrait officiellement l’État de Palestine dès septembre prochain. Cette déclaration, faite sur le réseau X, intervient dans un climat d’extrême tension, sur fond de guerre persistante à Gaza, d’accusations de génocide, et d’un isolement diplomatique croissant d’Israël. L’acte marque un tournant majeur dans la politique étrangère française.

La France acte la reconnaissance de la Palestine

C’est par une phrase sobre et directe qu’Emmanuel Macron a déclenché une onde de choc diplomatique : « Fidèle à son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient, j'ai décidé que la France reconnaîtra l'État de Palestine. »

Cette décision n’est pas un coup de théâtre. Déjà, le 29 mai 2024, lors d’un entretien à l’Élysée avec Mahmoud Abbas, le président affirmait que « la mise en œuvre de la solution des deux États ne peut plus être indéfiniment reportée ». La reconnaissance s’inscrit donc dans une dynamique annoncée, mais jusqu’ici jamais formalisée. Selon les précisions apportées par le ministère des Affaires étrangères en avril 2025, cette reconnaissance « interviendra au moment où elle permettra une avancée réelle pour la paix ». Il faut croire que pour Emmanuel Macron, ce temps est arrivé.

« J’en ferai l’annonce solennelle à l’Assemblée générale des Nations unies, au mois de septembre prochain », précise le Président.

Quels pays reconnaissent déjà un État palestinien ?

La Palestine est reconnue par 143 pays membres de l’ONU sur 193, soit une large majorité des États du Sud et de nombreuses puissances émergentes. Depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, plusieurs pays européens ont officialisé leur reconnaissance, dont :

  • L’Espagne
  • L’Irlande
  • La Norvège
  • La Slovénie

En mai 2024, ces pays ont agi de manière coordonnée, invoquant une responsabilité morale et diplomatique face à l’escalade des violences. La France, jusqu’ici prudente, justifiait sa position par le souci de préserver une dynamique de négociation.

La reconnaissance prochaine annoncée par Macron fait donc basculer la diplomatie française dans un autre camp : celui de l’action déclarative forte, au risque de provoquer des ruptures avec certains alliés.

Réactions politiques françaises : fracture nationale sur la Palestine

L’annonce présidentielle a déclenché une série de réactions immédiates dans toutes les familles politiques, souligne RTL. À gauche, la reconnaissance est saluée comme une victoire symbolique.

Une victoire morale

Jean-Luc Mélenchon, LFI, RTL, 24 juillet 2025

« Une victoire de la mobilisation populaire »
Manuel Bompard, LFI, RTL, 24 juillet 2025

« Il faut sanctionner le gouvernement de Netanyahu tant que durera le génocide en cours »
Olivier Faure, PS, RTL, 24 juillet 2025

À droite, le ton est tout autre. Les mots sont durs, et l’attaque vise directement le président.

« Une décision précipitée, indécente après les massacres du 7 octobre »
Éric Ciotti, Les Républicains, RTL, 24 juillet 2025

« Une légitimation inespérée du Hamas »
Jordan Bardella, RN, RTL, 24 juillet 2025

Le centre gouvernemental, quant à lui, justifie la décision au nom de la cohérence historique et morale de la diplomatie française. L’ancienne Première ministre Élisabeth Borne a déclaré : « La solution à deux États est l’unique chemin vers la paix. »

La position de Dominique de Villepin est également marquante : « Elle honore nos valeurs, mais nous oblige immédiatement à agir. La France devrait lancer une opération humanitaire internationale vers Gaza. »

Reconnaissance de la Palestine : colère d’Israël, inquiétude à Washington

La réaction israélienne ne s’est pas fait attendre. Le Premier ministre Benyamin Netanyahou, sous mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale pour les crimes de guerre d’Israël à Gaza a qualifié la décision française de : « Récompense à la terreur ». Les mots sont forts, le ton glacial. Israël considère cette reconnaissance comme une validation indirecte des actions du Hamas, pourtant classé organisation terroriste par l’Union européenne.

Pour Washington, principal allié de l’État hébreu, le geste français complique une situation diplomatique déjà fragile. Aucun communiqué officiel n’avait encore été publié par la Maison Blanche au 25 juillet 2025, mais plusieurs responsables républicains ont exprimé leur « incompréhension totale » face à une initiative jugée unilatérale.

Palestine : une reconnaissance qui redéfinit le rôle de la France

La France opère donc une rupture stratégique. Cette reconnaissance ne se veut pas seulement symbolique : elle repose, selon l’Élysée, sur une volonté d’« agir là où d’autres hésitent ». Mais cette posture comporte des risques :

  • Diplomatiques, en affaiblissant la relation avec Israël et les États-Unis.
  • Politiques, en accentuant la fracture au sein du paysage français.
  • Symboliques, en légitimant potentiellement des entités ou groupes armés contestés.

Toutefois, la reconnaissance à venir s’accompagne d’un discours de fermeté : soutien à l’Autorité palestinienne, condamnation du Hamas, promotion d’un cessez-le-feu immédiat et envoi d’aide humanitaire à Gaza. La doctrine française reste attachée à la « solution à deux États », mais fait désormais le pari de la reconnaissance comme levier de paix.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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