Francis Szpiner, candidat à la mairie de Paris, aurait attribué un logement social à une jeune femme en échange de faveurs sexuelles. Dans un climat électoral tendu, l’affaire fait l’effet d’un choc politique.
Francis Szpiner visé par une enquête pour corruption : la mairie de Paris au cœur du scandale

Le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire visant Francis Szpiner, sénateur Les Républicains et prétendant à l’investiture pour les municipales à Paris. L’élu est soupçonné d’avoir facilité l’attribution d’un logement social à une esthéticienne de 26 ans en échange de relations sexuelles.
Francis Szpiner au cœur d’un réseau d’influence : logement social contre rapport sexuel ?
Francis Szpiner est un avocat, sénateur et homme d’appareil. Il est désormais en plus un justiciable sous enquête pour corruption active et passive. Selon le parquet de Paris, une perquisition a été menée le 15 avril à son domicile, ainsi qu’à la mairie du 16ᵉ arrondissement, qu’il a dirigée de 2020 à 2023. Un bailleur social parisien a également été visé.
L’enquête porte sur l’attribution d’un appartement HLM à une jeune femme victime de violences conjugales, qui affirme que cette aide n’a pas été désintéressée. La plaignante déclare avoir eu trois rapports sexuels avec Francis Szpiner. Une expérience d'autant plus traumatisante que la jeune femme cherchait un logement social pour échapper à un partenaire violent. « Sur l’appartement que Szpiner m’a passé, par rapport à mon profil et mes droits, je le méritais, mais je ne méritais pas de passer sous le bureau ». Une phrase lourde de résonances dans une société post-#MeToo, où le pouvoir et la contrainte prennent des formes insidieuses.
Un consentement vicié ? Une affaire éthique avant d’être pénale
Le point central de l’affaire ne tient pas uniquement à la nature des actes. L’aspect strictement légal pourrait échapper à une requalification pénale en viol ou agression sexuelle, la plaignante ayant reconnu un consentement. Toutefois, la fragilité de la victime, sa situation de dépendance, son désespoir de fuir un conjoint violent, pèsent lourd dans l’analyse du libre arbitre.
Un enregistrement clandestin serait entre les mains des enquêteurs. La victime y aurait rapporté les propos suivants : « Il m’a dit : ‘Je peux t’aider à avoir un logement, mais tu sais comment ça marche’ ». L’échange n’est pas explicite mais suffit selon certains à évoquer un chantage implicite.
Francis Szpiner dément, la justice avance
Dans un climat de tension politique, Francis Szpiner s’est défendu vigoureusement. Sollicité par plusieurs médias, il a affirmé : « Je démens toute corruption tendant à dire que je lui aurai accordé un logement social contre faveurs sexuelles ». Il affirme n’avoir « jamais revu cette jeune femme » après lui avoir apporté un soutien administratif ponctuel. Il n’a pas été mis en examen à ce stade de la procédure.
Mais le timing interroge : l’enquête préliminaire a été ouverte dès le 18 octobre 2024, à la suite d’un signalement émanant d’un magistrat dans le cadre d’une autre affaire de violences conjugales. L’information judiciaire a été confiée à un juge le 7 avril 2025. Or, le 15 mars, Francis Szpiner annonçait son intention de briguer la mairie de Paris. Coïncidence ? Peut-être. Mais le doute est là.
Un candidat plombé ou renforcé ?
En politique, le soupçon peut tuer autant qu’une preuve, surtout dans une campagne électorale où la morale est brandie comme étendard. Cette affaire pourrait reléguer Francis Szpiner au rang des recalés — ou, à l’inverse, le transformer en martyr d’un « système judiciaire instrumentalisé ». Le fait que Rachida Dati, actuelle ministre de la Culture et potentielle rivale, n’ait pas commenté publiquement l'affaire renforce l’ombre d’un affrontement politique par dossiers interposés.
Plus que le cas d’un homme, cette affaire soulève des questions sur l’exercice du pouvoir local. Les mécanismes de contrôle des élus dans l’attribution des biens publics doivent-ils être revus ? Cette enquête fait surgir le besoin d’un cadre plus strict, plus transparent, pour empêcher que le logement social devienne une monnaie d’échange entre dominants et précaires.
Aucune mise en examen n’a encore été prononcée. Mais déjà, le nom Francis Szpiner circule, non plus dans les couloirs feutrés du Sénat, mais dans la rubrique faits divers. Même si la justice ne conclut pas à une infraction, le soupçon de rapport sexuel contre logement jette une ombre durable sur un homme public.