Fermeture imminente de Monster en France et en Europe : le désengagement social des actionnaires Randstad et Apollo laissent les salariés sans recours.

Moins d’un an après la création d’une joint-venture entre Monster et CareerBuilder, les actionnaires Randstad (49 %) et Apollo (51 %) ont interrompu tout soutien financier à Monster Europe, rendant sa liquidation désormais inévitable. Plus de 200 salariés sont concernés par l’arrêt de l’activité du pionnier de l’emploi en ligne, marquant la fin d’une ère pour le secteur.

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By Matteo Nicolo Published on 24 juillet 2025 5h00
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49%Ranstad détient 49% de Monster

En France, Monster a accompagné des millions de chercheurs d’emploi et des milliers d’entreprises pendant plus de deux décennies. Aujourd’hui, l’entreprise n’est plus en capacité d’assurer les salaires de ses collaborateurs. Malgré cela, ni Randstad ni Apollo, deux poids lourds internationaux du secteur, ne comptent soutenir financièrement et humainement les équipes dans leur départ.

C’est le système public de solidarité financé par les employeurs français qui assumera le paiement des salaires et indemnités de départ, à la suite du retrait brutal des deux actionnaires, pourtant milliardaires.

Randstad et Apollo : deux géants, aucune responsabilité assumée

En 2016, Randstad avait racheté Monster. L’entreprise est restée propriétaire à 100 % jusqu’en septembre 2024, avant de céder la majorité du capital à Apollo. Depuis, Randstad se présente comme simple “actionnaire minoritaire” (49%), affirmant ne plus avoir la main. Une configuration que les salariés perçoivent comme un montage permettant à Randstad de se délester de ses engagements sociaux.

Cette liquidation intervient alors qu’un accord d’entreprise sur les licenciements économiques, signé par Monster France sous l’égide de Randstad et valide jusqu’en 2027, prévoyait un accompagnement renforcé pour les salariés : dispositifs spécifiques pour les salariés seniors, en reconversion, créateurs d’entreprise, etc. Aujourd’hui, cet accord est ignoré. Les actionnaires refusent d’en assumer le coût, malgré les sollicitations formulées par les représentants du personnel dans une lettre adressée à Sander van’t Noordende, CEO mondial de Randstad.

La liquidation est inévitable mais aucune solution n’a été proposée : ni facilité de reclassement dans le groupe, ni accompagnement.

« Cet accord n’est pas une faveur, c’est un engagement soutenu par Randstad à l’époque où ils étaient propriétaires de Monster à 100%. Il garantissait un départ digne aux salariés en cas de licenciement économique, en contrepartie de leur fidélité malgré les multiples restructurations opérées ces dernières années. Aujourd’hui, les mêmes dirigeants cherchent à s’en affranchir au moment de nous licencier, en sortant la carte de « l’actionnaire minoritaire », c’est inacceptable. Randstad ne peut pas se défaire de ses responsabilités parce que la situation ne l’arrange plus. »
Matteo Nicolo, secrétaire du CSE de Monster France.

Des décisions à l’éthique contestable

Randstad communique depuis des années sur sa promesse “Human Forward”. Mais dans les faits, les salariés sont abandonnés sans solution ni perspective. Pire, c'est sur les fonds publics que Randstad se repose désormais pour penser remplir ses engagements.

Ce décalage est d’autant plus choquant que, dans le même temps :

  • La direction de la joint-venture a récemment provisionné le versement de 1,2 million de dollars de “Transaction Award” à ses dirigeants pour mener à bien la vente et liquidation de la structure.

  • Randstad a versé près de 5 millions d’euros pour un déblocage anticipé d’un dispositif actionnarial à destination des cadres dirigeants de Monster, lors du lancement de la joint venture en 2024.

« Aujourd’hui, aucun accompagnement équivalent n’est envisagé pour les collaborateurs licenciés. Personne ne conteste la légalité de ces opérations. Mais c’est leur manque total d’éthique qui indigne. »
Matteo Nicolo, secrétaire du CSE de Monster France.

Appel à la responsabilité de Randstad

Les représentants du personnel de Monster France ont récemment adressé une lettre officielle à Sander van't Noordende, CEO de Randstad, sollicitant le respect des accords d’entreprise en vigueur pour les salariés qui seront prochainement privés d’emploi.

À ce jour, Randstad a adressé aux représentants du personnel une fin de non-recevoir. Le groupe évoque notamment son récent statut d’actionnaire minoritaire (49%) pour justifier l’absence de soutien concret. Le coût de cette violente fermeture devra être assumé par les pouvoirs publics.

Les équipes de Monster France, mobilisées jusqu’au dernier jour pour soutenir les chercheurs d’emploi et leurs clients, espèrent désormais un geste de responsabilité de la part des actionnaires — en particulier de Randstad, qui en était propriétaire pendant près d’une décennie jusqu’en 2024 — afin de pouvoir quitter l’entreprise dans des conditions décentes.

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Secrétaire du CSE Monster France

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