L’Europe impose de nouvelles règles aux smartphones Android

L’Union européenne fait entrer en vigueur, le 20 juin, son règlement (UE) 2023/1670 sur l’écoconception, un texte qui vise à améliorer la durabilité des appareils électroniques. Derrière cette terminologie anodine se cache un arsenal de contraintes précises qui cible en priorité les smartphones sous Android, sans pour autant épargner Apple.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 4 juin 2025 12h00
L’Europe impose de nouvelles règles aux smartphones Android
L’Europe impose de nouvelles règles aux smartphones Android - © Economie Matin

Fini les batteries jetables, les téléphones impossibles à ouvrir, les mises à jour logicielles sabordées après deux ans pour forcer la main au consommateur. Bruxelles exige des fabricants un virage complet vers la durabilité. Résultat : ce ne sont plus les services marketing qui décideront de la longévité d’un appareil, mais les législateurs européens.

"La réglementation met l'accent sur les mesures visant à prolonger la durée de vie du produit (réparabilité, évolutivité, durée de vie de la batterie)", souligne l’Union européenne. Ce nouveau cadre s’appliquera à la quasi-totalité des smartphones et tablettes. Seuls les terminaux à écran flexible ou les hybrides avec clavier détachable et système de bureau sont exclus de ces nouvelles règles.

Réparer, mettre à jour, durer : les nouvelles obligations pour Android

Concrètement, les constructeurs Android devront désormais respecter une série d’exigences techniques inédites. Les batteries devront être capables de supporter au moins 800 cycles de charge et de décharge tout en conservant 80 % de leur capacité initiale. Finie l’obsolescence masquée par des composants qui lâchent au bout de deux ans.

Les smartphones devront également répondre à des critères de robustesse : résistance aux chutes accidentelles, aux rayures, ainsi qu’à la poussière et à l’eau. Autrement dit, les vitrines de certaines marques, où chaque millimètre est sacrifié au design, devront s’adapter ou disparaître du marché européen.

Des pièces détachées disponibles

Et ce n’est pas tout, les constructeurs devront garantir la disponibilité des pièces détachées critiques pendant sept ans après la fin de la commercialisation d’un modèle, avec un délai de livraison imposé de 5 à 10 jours ouvrables. Cela revient à dire qu’un utilisateur pourra remplacer lui-même un composant de son appareil ou le faire faire par un professionnel, même des années après son achat.

Pour ce faire, les réparateurs devront bénéficier d’un accès libre et non discriminatoire aux logiciels et micrologiciels nécessaires aux interventions. Enfin, l'obligation de maintenir les mises à jour du système d’exploitation pendant un minimum de cinq ans à compter de la fin de commercialisation d’un modèle marque une rupture nette avec les pratiques de certains constructeurs Android, qui abandonnaient le support logiciel au bout de deux ou trois ans à peine.

Un score de réparabilité affiché, un marché bousculé

Le règlement s’accompagne d’une étiquette énergétique obligatoire, semblable à celles que l’on trouve sur les lave-linges ou les téléviseurs. Elle indiquera non seulement l’efficacité énergétique de l’appareil, mais aussi la longévité de sa batterie, sa résistance physique et son indice de réparabilité. L’objectif est limpide, orienter le consommateur vers des choix plus éclairés, tout en poussant les fabricants vers des produits plus responsables. Les conséquences ? Un bouleversement de l’ensemble de l’écosystème Android, particulièrement pour les marques qui jouent la carte du prix cassé et du matériel jetable.

Les petits constructeurs, incapables de s’aligner sur ces exigences techniques et logistiques, risquent tout simplement l’éviction du marché européen. Quant aux leaders comme Samsung, Xiaomi ou Oppo, ils devront ajuster en profondeur leur stratégie industrielle. Le coût de cette révolution verte ? Encore inconnu. "Il sera intéressant d'analyser si ces obligations entraînent une hausse de prix des terminaux", note Phonandroid. Car renforcer la robustesse d’un appareil, fournir les pièces pendant sept ans, maintenir les mises à jour logicielles pendant cinq ans... tout cela a un prix. Et c’est peut-être le consommateur qui en paiera une partie.

Une ambition écologique assumée

Ce durcissement réglementaire s’inscrit dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe (Green Deal), visant à faire du continent un modèle en matière de réduction des déchets électroniques. Chaque année, des millions de smartphones finissent à la casse à cause de batteries usées, de pièces indisponibles ou de logiciels obsolètes. Avec cette réglementation, la Commission européenne envoie un signal clair : cette époque est révolue.

Et si Android semble le plus directement concerné par ces changements, il serait erroné de croire qu’Apple y échappe. Simplement, la firme de Cupertino a déjà amorcé certains ajustements. Reste à savoir si les promesses affichées seront suivies d’effets tangibles sur l’ensemble des modèles vendus dans l’Union.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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