Google a mis en ligne discrètement, le 30 mai dernier, une application Android baptisée AI Edge Gallery. Derrière cette interface brute se cache une idée radicale, faire tourner l’intelligence artificielle directement sur votre téléphone, sans cloud et sans abonnement.
AI Edge Gallery : l’application de Google qui fait tourner l’IA hors ligne sur Android

Google démocratise l’IA embarquée avec AI Edge Gallery
L’application AI Edge Gallery propose une rupture nette avec l’approche actuelle du traitement IA mobile. Ici, pas besoin de connexion Internet, ni de cloud, tout fonctionne en local. Téléchargez un modèle IA, installez-le sur votre appareil Android, et interagissez avec lui sans que vos données ne franchissent les frontières de votre terminal. Le pari ? Une IA plus confidentielle, autonome, flexible.
AI Edge Gallery exécute des modèles d’intelligence artificielle directement depuis un smartphone Android, sans connexion, sans coût, ni dépendance au cloud. Tout se passe en local, librement. Pour les utilisateurs, cela signifie des réponses instantanées, une utilisation possible en mode avion, et un contrôle total sur les modèles choisis. Google offre ainsi un rare moment de liberté technologique dans un univers verrouillé par le cloud.
Trois outils intégrés pour interagir avec l’IA en toute indépendance
L’application propose trois modules d’interaction : AI Chat, un assistant conversationnel intégré au smartphone, totalement fonctionnel hors réseau. Ask Image, qui identifie et décrit le contenu de vos photos, sans jamais les envoyer ailleurs. Laboratoire d’invite, un bac à sable d’expérimentations IA : résumé de texte, génération de code, traduction, tout tourne directement sur le processeur de votre téléphone.
Ce fonctionnement est rendu possible grâce à une architecture logicielle optimisée par les frameworks LiteRT (anciennement TensorFlow Lite) et MediaPipe (une bibliothèque C++ de Google), taillés pour des environnements à faibles ressources comme les puces ARM mobiles. Le modèle Gemma 3n, par exemple, pèse à peine 529 Mo mais peut traiter 2 585 tokens par seconde sur un GPU mobile, selon les chiffres communiqués par Google.
Une IA locale, mais pas limitée à l’écosystème Google
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’application ne se limite pas aux modèles maison. Aux côtés de Gemma, version allégée de Gemini, on peut installer des modèles d'autres développeurs comme Qwen 2.5 (Alibaba) ou Hammer 2.1, peut-on lire sur le site Frandroid. Tous sont accessibles depuis la plateforme open source Hugging Face.
Ces IA locales sont conçues pour fonctionner sur mobile. Là où GPT-4 occupe des centaines de milliards de paramètres, ici les modèles sont condensés pour ne pas écraser la mémoire vive. Le compromis ? Des réponses parfois moins profondes ou nuancées, mais une autonomie totale et une vitesse d’exécution impressionnante.
Un contrôle inédit pour les utilisateurs avancés
AI Edge Gallery ne s’adresse pas uniquement aux curieux. Les paramètres avancés permettent de régler la température (créativité des réponses), le nombre maximal de tokens, ou encore de choisir l’unité de calcul utilisée (CPU, GPU, NPU). Une granularité rare dans l’univers des assistants mobiles.
Les limites ? Elles sont techniques, pas commerciales. Il vous faudra un smartphone disposant de 1 à 4 Go d’espace libre, parfois plus. Et les modèles doivent être installés manuellement via un fichier APK hébergé sur GitHub, Google ayant volontairement écarté le Play Store pour cette version alpha. Pas d’interface policée, pas de bouton "installer" : ce n’est pas une app pour tous, du moins pas encore.