Qui aurait cru qu’éteindre son smartphone pouvait devenir un geste de sécurité numérique si essentiel ? Alors que les attaques invisibles se multiplient et que les téléphones n’ont jamais été aussi vulnérables, la coupure quotidienne s’impose comme une ligne de défense simple mais redoutablement efficace. Derrière cette habitude anodine se cache une réponse directe à l’explosion des logiciels espions et à la recrudescence des piratages silencieux.
Éteindre son smartphone tous les jours : un réflexe vital pour votre sécurité

Cybersécurité : le redémarrage, ce garde-fou inattendu
Dans l’univers du cyberespace, la simplicité est une arme sous-estimée. C’est l’un des rares domaines où éteindre une machine, en l'occurrence son smartphone, peut suffire, parfois, à déconnecter l’ennemi. L’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) en France n’émet aucune consigne particulière sur le sujet. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, la très sérieuse NSA (National Security Agency) conseille, elle, de redémarrer les téléphones au moins une fois par semaine.
Pourquoi ? Pour limiter l’impact de deux fléaux invisibles, le pear phishing, une version ciblée du hameçonnage, et les zero-click exploits, des attaques n’ayant besoin d’aucune interaction humaine pour s’exécuter. Comme le résume l'article de Sud Ouest du 25 mai 2025 : « Ce n’est pas une question de batterie, de préservation de l’état de votre smartphone ou de stress numérique. C’est une question de sécurité. »
Pegasus : quand le smartphone se transforme en mouchard
L’histoire récente a montré que même les dispositifs les plus silencieux peuvent devenir des mouchards. Ce logiciel espion, développé par la société israélienne NSO Group, a été conçu pour infiltrer discrètement les smartphones fonctionnant sous iOS et Android. Une fois installé, il permet un accès complet aux données de l'appareil, y compris les messages, les appels, les photos, la localisation, et peut activer à distance le microphone et la caméra. Ce logiciel peut être installé sans interaction de l'utilisateur, via des attaques dites "zero-click", exploitant des vulnérabilités du système.
Le scandale Pegasus, survenu en 2020, mentionné par le site Ça m'intéresse, a mis en lumière les capacités effrayantes d’un logiciel espion capable de prendre le contrôle total d’un smartphone sans alerte ni clic. À l’époque déjà, un professeur en cybersécurité interrogé par l’AFP recommandait un redémarrage quotidien des appareils. Pourquoi ? Parce que certaines intrusions exploitent les failles du système pendant que le téléphone reste allumé en continu. Éteindre l'appareil ne résout pas tout, mais casse la chaîne d'exécution, interrompt les processus malveillants, coupe les connexions actives.
Une méthode imparfaite, mais essentielle
Les experts australiens comme le Dr Priyadarsi Nanda (University of Technology Sydney) et le Dr Arash Shaghaghi (University of New South Wales) s’accordent à dire que ce geste simple, éteindre son téléphone, réduit significativement les risques. Certes, cela n'empêchera pas un attaquant déterminé. Mais cela frustre, ralentit, complique.
Comme l’explique Dr Arash Shaghaghi dans The Guardian : « Redémarrer régulièrement votre appareil est utile lorsque celui-ci n’est pas compromis par un logiciel malveillant persistant, tout comme le fait d’activer le mode avion peut l’être. ». Autrement dit, pour les attaques les plus sournoises, un simple redémarrage peut suffire à bloquer l’initiation de la compromission. Cela ne nettoie pas l’appareil, mais en limite l’exposition.
Une hygiène numérique aussi vitale que le brossage de dents
Pourquoi faire cela, même si l’on se croit protégé par un antivirus, une authentification double facteur ou une application bancaire réputée ? Parce que l’hygiène numérique, à l’instar de l’hygiène corporelle, repose sur la régularité. Le plus simple pour s'en souvenir ? Le faire pendant qu’on se brosse les dents, ce n’est pas seulement une formule pédagogique. C’est un rappel que la cybersécurité commence par des gestes quotidiens, mécaniques et simples.