120 milliards d’euros pour 3,5 % du PIB. 170 pour 5 %. À cinq ans de l’échéance, la France se demande encore comment, et surtout avec quoi, elle financera son budget défense, pour affirmer sa montée en puissance militaire.
Budget défense : comment la France pourrait financer son réarmement militaire ?
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Published on 20 mai 2025 12h28
2 %Avec un budget de 59 milliards d’euros pour sa défense en 2024, soit 2% du PIB, la France est loin des ambitions à atteindre.
Le Haut-commissariat au plan a mis les pieds dans le plat. Augmenter le budget militaire ? Oui. Mais avec quel argent, dans un pays déjà sous perfusion budgétaire ? Derrière les discours volontaristes, un mur de chiffres. Et une addition salée.
Budget défense : le coût d’une ambition militaire XXL
Le chiffre est posé : pour atteindre 3,5 % du PIB consacrés à la défense, la France devrait quasiment doubler ses crédits militaires d’ici à 2030. Objectif : passer de 59 à 120 milliards d’euros, voire 170 milliards si l’on vise les 5 % préconisés par Donald Trump pour les membres de l’OTAN.
Cependant, « Il ne faut pas croire aux solutions magiques », a averti Clément Beaune lors de la présentation de la note du Haut-commissariat au plan le 19 mai 2025. Le document, dense et implacable, détaille une équation budgétaire qui frise l’irréalisable. Car financer une hausse aussi massive du budget militaire, sans faire imploser les autres priorités (l'éducation, la santé ou encore le climat) relève du funambulisme.
La situation actuelle est claire : la dette publique atteint 113 % du PIB, les dépenses publiques culminent à 57 %, et le déficit reste l’un des plus élevés d’Europe, à 5,8 %. « Nous sommes dans une situation plus précaire que nos voisins », reconnaît le Haut-commissariat dans son rapport.
Alors, quelles options ? Le rapport en identifie quatre, toutes douloureuses. D'abord, réduire les autres dépenses publiques : une baisse inédite de 0,7 % en volume chaque année pendant cinq ans. Ensuite, augmenter les impôts : +15 milliards par an, soit l’équivalent de 10 points de TVA ou cinq taxes sur les ultra-riches. Troisième voie : relever le taux d’emploi de 5 points, quand la réforme des retraites n’en promet que 0,6. Autant dire : mission impossible.
Un financement européen est-il possible ?
Reste une piste : l’endettement commun européen. L’idée serait de financer une partie de l’effort via un programme commun à hauteur de 450 milliards d’euros, dont 70 pour la France. « C’est moitié moins que ce qui a été fait lors de la crise Covid », souligne la note du Haut-commissariat. Sur le papier, l’option séduit. Dans les faits, elle bute sur la réticence de partenaires comme l’Allemagne. Et sur la réalité d’un programme européen actuel, ReArm Europe, jugé « modeste ».
Sans consensus européen, l’effort retombera sur les épaules françaises. Et au vu de l’état des finances, même un compromis à 3 % du PIB, soit 100 milliards d’euros, nécessiterait des choix drastiques.
Ce que révèle la note du Haut-commissariat, c’est moins un appel aux armes qu’un cri d’alerte : un réarmement massif ne se décrète pas, il se finance. Et pour l’instant, personne ne veut vraiment dire comment. Maintenir notre modèle social, assumer la transition écologique, investir dans l’intelligence artificielle ou dans l’éducation : tout cela a un coût. Et chaque euro mis dans la défense est un euro qui manquera ailleurs.
Les décisions devront être prises « dans les prochaines semaines », a rappelé Clément Beaune. Mais une chose est déjà claire : l’addition du réarmement ne pourra pas être payée avec de bons sentiments.