Austérité : le gouvernement coupe encore dans les dépenses

Les arbitrages budgétaires reviennent sur le devant de la scène. Une décision inattendue, des milliards envolés, un cap maintenu coûte que coûte : derrière l’annonce du gouvernement se cache une mécanique bien plus complexe qu’elle n’y paraît.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 9 avril 2025 16h40
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austerite-gouvernement-coupe-dans-les-depenses - © Economie Matin
5 milliards d’eurosLe gouvernement français a annoncé une réduction immédiate de 5 milliards d’euros dans les dépenses publiques.

Le couperet est tombé. En pleine tourmente budgétaire, le gouvernement français a annoncé une réduction immédiate de 5 milliards d’euros dans les dépenses publiques. Derrière l’urgence, une stratégie d’ajustement qui vise avant tout à rassurer marchés et partenaires européens sur la trajectoire de la dette.

Une coupe nette dans les comptes publics pour freiner la dette

Le 9 avril 2025, Amélie de Montchalin, ministre française des Comptes publics, a confirmé une réduction de 5 milliards d’euros dans les dépenses de l’État. Sur RMC, elle a déclaré : « Il y a 5 milliards d’euros d’efforts de plus sur la dépense que nous allons faire dans les toutes prochaines semaines, pour que nous puissions tenir la ligne, tenir ce chemin du désendettement ».

Ce tour de vis s’inscrit dans une série d’ajustements initiés en amont par la loi de finances 2025, qui prévoit déjà 60 milliards d’euros d’économies au total, dont 40 milliards issus de coupes budgétaires. Le ministère des Finances y voit une nécessité absolue : ramener le déficit sous 5,4 % du PIB dès cette année, pour ensuite atteindre le seuil symbolique des 3 % d’ici 2029.

Mais comment le gouvernement entend-il tailler aussi brutalement dans ses lignes de dépenses ? En réaffectant certaines enveloppes, en suspendant temporairement d’autres, voire en annulant pures et simples certaines missions. Amélie de Montchalin a précisé : « Ces 5 milliards d’euros que nous allons soit annuler, soit repousser, soit réorienter, c’est notre réponse à un monde instable ».

Défense, Ukraine, instabilité : des priorités redessinées

Au-delà du simple jeu comptable, cette réduction est également un message stratégique. Dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, une partie des crédits redirigés servira à renforcer les capacités de défense française, notamment via un soutien accru à l’Ukraine. L’exécutif assume cette réallocation vers des missions dites « essentielles ».

Une fraction de ces 5 milliards d’euros proviendrait de la réserve budgétaire de 9,1 milliards d’euros, une sorte de matelas financier mobilisable à tout moment. C’est une logique de « gestion agile » revendiquée par les services du ministère : « Comme la croissance baisse, comme on a moins de recettes et comme certains ministères ont de nouveaux besoins… il faut que ces dépenses prévues ne soient plus réalisées comme prévu », a détaillé la ministre sur RMC.

Derrière ces ajustements se cache une vision budgétaire exigeante, parfois qualifiée de doctrinaire : celle d’un redressement à marche forcée, sans hausse massive de fiscalité. Pas de hausse généralisée d’impôts, mais une contribution ciblée des grandes entreprises et des hauts revenus, comme l’indique le projet de loi de finances 2025.

Conférence budgétaire, critiques en coulisses et incertitudes

Mais cette manœuvre n’est pas sans zones d’ombre. À ce jour, l’origine précise des 5 milliards économisés reste inconnue. Aucun détail chiffré par le ministère n’a été communiqué. Les arbitrages sont encore en cours, et une conférence sur les finances publiques est prévue le 15 avril pour clarifier les répartitions.

Sur le terrain politique, l’annonce suscite des tensions. Dans les couloirs de l’Assemblée, certains élus redoutent une pression accrue sur les collectivités locales, d’autres pointent une stratégie floue, voire un écran de fumée face à un ralentissement de la croissance plus sévère que prévu. Les prévisions tablent sur un impact de 0,3 à 0,5 point du PIB, selon Les Echos.

La ministre persiste néanmoins : « C’est la seule condition pour qu’aujourd’hui, demain, on arrête d’augmenter la dette et que nous nous redonnions des marges ».

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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