Classement Fortune 500 : profits records pour les géants américains en 2024

Sous une stabilité apparente, l’économie américaine semble avancer sur une ligne de crête. Derrière les profits records et les rangs bien établis du Fortune 500, une inquiétude plus vaste hante les dirigeants. Le classement 2025 des mastodontes américains ne cache plus les secousses qui s’annoncent.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 3 juin 2025 7h00
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1725 MILLIARDS €Les entreprises du Fortune 500 ont engrangé 1 725 milliards d'euros de bénéfices en 2024

Le 2 juin 2025, Fortune a publié la 71e édition de son célèbre classement Fortune 500, la liste annuelle des 500 plus grandes entreprises américaines par chiffre d’affaires. Cette édition consacre une nouvelle fois Walmart au sommet, tout en révélant un paradoxe saisissant : jamais les profits n’ont été aussi élevés, et pourtant jamais l’incertitude n’a semblé autant gouverner les salles de conseil.

Près de 2000 milliards de dollars de bénéfices pour les géants du classement Fortune 500

En 2024, les entreprises du Fortune 500 ont généré 1 870 milliards de dollars de bénéfices – un record absolu en valeur nominale. Ce chiffre représente une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente, selon les données de Fortune recueillies le 2 juin 2025. En euros, cela représente près de 1 725 milliards.

Dans ce tableau triomphant, un nom s’impose : Alphabet, maison mère de Google, qui devient l’entreprise la plus profitable de l’année avec 100 milliards de dollars de bénéfice net. Pour contextualiser, ce seul résultat équivaut aux bénéfices cumulés de l’ensemble des 500 entreprises lors de la toute première édition du classement en 1955, soit 8,3 milliards de dollars – l’équivalent d’environ 96 milliards d’aujourd’hui.

Mais cette abondance cache une tension de fond. Comme le souligne Fortune, « ce que les PDG redoutent le plus, c’est l’incertitude ». Depuis l’annonce, en avril 2025, par le président Trump d’un nouveau train de tarifs douaniers, plusieurs géants comme General Motors, UPS ou Delta Air Lines ont retiré leurs prévisions de résultats pour l’année en cours, invoquant des perspectives trop volatiles.

Qui sont les entreprises du Top 10 du classement Fortune 500 ?

Le Fortune 500 2025 affiche une stabilité sans précédent : seuls 22 nouveaux entrants apparaissent cette année, l’un des chiffres les plus bas depuis trois décennies. Dans le top 10, sept entreprises occupent leur rang depuis plus de dix ans. Walmart y trône à la première place pour la treizième année consécutive.

Classement Fortune 500 2025 – Top 10 :

  1. Walmart
  2. Amazon
  3. UnitedHealth Group
  4. Apple
  5. CVS Health
  6. Berkshire Hathaway
  7. Alphabet
  8. Exxon Mobil
  9. McKesson
  10. Cencora

Mais derrière ce palmarès apparemment immuable, les fondations tremblent. Fortune évoque ce sentiment latent : « C’est calme. Trop calme. » Une formule digne d’un vieux western pour désigner le pressentiment partagé par de nombreux dirigeants : les prochaines turbulences pourraient s’avérer « aussi dramatiques que la crise du COVID ou la Grande Récession ».

Et pour cause : l’ombre des droits de douane permanents plane sur des géants comme Walmart ou les vendeurs d’Amazon, tous deux lourdement dépendants de fournisseurs chinois. La montée des prix consécutive à ces taxes commence à se répercuter sur les consommateurs. Le piège ? Des recettes brutes plus élevées, mais une demande qui pourrait s’effondrer. Un équilibre précaire qui pousse les directeurs financiers à retirer leurs anticipations de résultats.

La technologie : premier moteur du classement

Une transformation majeure du Fortune 500 s’est opérée au fil des décennies : les entreprises dites “asset-light”, c’est-à-dire les sociétés dont le modèle repose moins sur les actifs industriels que sur la technologie ou la finance, dominent désormais le paysage.

En 2025, ces firmes représentent 53 % des bénéfices totaux du classement. Avec des marges dépassant fréquemment 30 %, ces entités – à l’image d’Alphabet, Apple ou Meta – constituent le cœur du Fortune 500. Elles pèsent lourd, au propre comme au figuré.

Pour autant, la concentration s’exprime aussi géographiquement : la Californie aligne 58 entreprises, suivie par le Texas (54) et l’État de New York (53). New York City, à elle seule, en héberge 43, un record urbain.

Le classement met aussi en lumière des dynamiques sociales nouvelles. Le secteur de la santé brille avec 8 entreprises dans les 25 premières, cumulant près de 3 000 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Une montée en puissance qui reflète à la fois les défis démographiques et les investissements massifs post-pandémie. Autre mutation significative : le nombre de femmes PDG. Elles sont désormais 55, soit 11 % du total. Un chiffre encore modeste, mais en progression lente. Parmi elles : Mary Barra (GM), Jane Fraser (Citigroup) ou encore Corie Barry (Best Buy).

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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