Ils pensaient que ça tiendrait. Que la reprise suffirait. Mais le marché du travail n’a pas dit son dernier mot. Un chiffre, une glissade. Le chômage reprend un peu de terrain. Ce n’est pas un coup de tonnerre. Plutôt un léger frisson. Suffisant pour réveiller les doutes ?
Emploi : le taux de chômage en légère hausse au premier trimestre 2025

Chômage : une hausse symbolique, mais révélatrice
64 000. C’est le nombre de postulants à l’embauche supplémentaires que l’Insee a recensés entre janvier et mars 2025. Une hausse modeste sur le papier : +0,1 point par rapport au dernier trimestre 2024. Mais cette variation fait remonter le taux de chômage à 7,4 %, de la population active, soit 2,4 millions de personnes, un niveau qui, sans être alarmant, contraste avec les différents discours sur la dynamique de l’emploi.
À commencer par celui d’Emmanuel Macron. Le président de la République s’est félicité sur TF1, le 13 mai 2025, du bilan économique de son mandat : « Malgré le Covid, nous avons recommencé à créer plusieurs millions d’emplois », a-t-il déclaré, ajoutant que le taux de chômage avait « baissé de deux points dans notre pays » depuis 2017. Certes, les chiffres lui donnent partiellement raison : de 9,4 % en 2017, le taux est tombé à 7,3 % fin 2024. Mais la remontée observée au premier trimestre 2025 tempère ce récit de victoire.
Rappelons qu’en fin 2023, ce taux atteignait 7,3 %, et que le point bas historique reste celui de début 2023 à 7,1 %.
Dans le détail, les données de l’Insee indiquent une quasi-stabilité sur toutes les tranches d’âge. Chez les jeunes (15-24 ans), le taux de chômage stagne à 19,2 % (+0,1 point), en progression sur un an (+1,1 point). Les 25-49 ans se maintiennent à 6,7 %, tandis que les plus de 50 ans restent à 4,7 %, soit une baisse annuelle de 0,3 point.
Le seul vrai décalage vient des femmes, pour lesquelles le taux de chômage grimpe de 0,3 point, atteignant le niveau des hommes à 7,4 %.
Quant au halo du chômage, ces 1,9 million de personnes inactives mais proches de l’emploi, il recule à 4,3 % de la population active, un signal encourageant sur la résilience du marché, mais insuffisant pour masquer le léger recul global.
Résistance ou ralentissement masqué ?
Le début d’année a été secoué. Les droits de douane imposés par Donald Trump en avril 2025 ont semé la confusion sur les marchés, gelant des investissements et plombant les perspectives d’embauche dans plusieurs secteurs. À cela s’ajoute l’incertitude autour de la trêve commerciale sino-américaine, dont l’issue pourrait rebattre les cartes.
Le directeur général de France Travail, Thibaut Guilluy, appelle à relativiser : « On peut se réjouir de la relative stabilité du taux de chômage », déclare-il sur BFMTV le 16 mai 2025. Tout en reconnaissant une baisse des intentions d’embauche, il insistait sur « la dynamique sur l’emploi qui reste quand même assez forte ».
Difficile à ce stade de trancher. La hausse reste faible, mais elle intervient dans un moment charnière pour l’économie française. Les chiffres provisoires de l’emploi salarié privé font état d’une progression timide : +9 500 postes créés sur les trois premiers mois de l’année, selon l’Insee.
Le paradoxe est là. D’un côté, des projets industriels qui avancent, des territoires qui s’activent. De l’autre, des entreprises qui suspendent leurs recrutements, freinées par une croissance atone. Le taux d’emploi (69,5 % pour les 15-64 ans) atteint pourtant un record depuis 1975.