Chômage et pénurie de main-d’œuvre : pourquoi les postes restent-ils vacants ?

Le marché de l’emploi en France traverse une période de paradoxes : un taux de chômage en hausse, des métiers en tension qui peinent à recruter, et des réformes qui durcissent les conditions pour les demandeurs d’emploi. Une situation qui interroge sur les moyens de remettre les Français au travail.

By Alix de Bonnières Published on 7 juin 2025 18h00
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Chômage et pénurie de main-d’œuvre : pourquoi les postes restent-ils vacants ? - © Economie Matin
7,4Le taux de chômage en France a progressé de 0,1 point au premier trimestre 2025, atteignant 7,4 % de la population active, selon l'Insee.

Le 16 mai 2025, l'Insee a publié des données révélant une légère augmentation du taux de chômage en France, atteignant 7,4 % au premier trimestre. Cette hausse, bien que modeste, s'inscrit dans un contexte où de nombreux secteurs, notamment la restauration, peinent à recruter. Parallèlement, France Travail a mis en place de nouvelles mesures visant à renforcer les obligations des demandeurs d'emploi. Ces éléments soulèvent des questions sur l'efficacité des politiques actuelles pour stimuler l'emploi.

Chômage en France : des chiffres en légère hausse

Le taux de chômage en France a progressé de 0,1 point au premier trimestre 2025, atteignant 7,4 % de la population active, selon l'Insee. Cette augmentation représente environ 64 000 personnes supplémentaires sans emploi par rapport au trimestre précédent. Le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans reste particulièrement élevé, à 19,2 %, tandis que celui des 50 ans et plus est stable à 4,7 %.

France Travail : des obligations renforcées pour les demandeurs d'emploi

Depuis le 1er janvier 2025, les bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) sont automatiquement inscrits à France Travail et doivent signer un contrat d'engagement comme tous les allocataires. Ce contrat impose des obligations, telles que la participation à des activités favorisant l'insertion professionnelle. Ils doivent réaliser en moyenne 15 heures d’activité hebdomadaire (activités d’insertion, formations, stages, etc.).En cas de manquement, des sanctions sont prévues, allant jusqu'à la suspension partielle ou totale des allocations pour une durée déterminée.

Le système de sanctions a été entièrement revu. Au lieu d’une suppression immédiate des droits, France Travail introduit une « suspension-remobilisation » :

  • En cas de premier manquement, l’allocataire est suspendu temporairement de ses droits, entre 1 à 2 mois, sur 30 % à 100 % de son allocation.
  • Pour les foyers, la sanction est plafonnée à 50 %.
  • La radiation immédiate n’est plus automatique. Elle ne peut intervenir qu’en dernier recours, après plusieurs étapes.

Métiers en tension : des postes vacants malgré le chômage

Malgré un nombre important de demandeurs d'emploi, de nombreux secteurs peinent à recruter. Le ministère du Travail a publié, le 22 mai 2025, une liste actualisée des métiers en tension, incluant notamment les serveurs de cafés et restaurants, les aides à domicile, les techniciens en électricité et en électronique, ainsi que les soudeurs. Ces professions rencontrent des difficultés de recrutement, malgré des besoins importants.

Les causes sont multiples :

  • des horaires contraignants (soirs, week-ends, jours fériés),
  • une forte pénibilité physique,
  • des salaires souvent proches du SMIC,
  • une instabilité contractuelle (CDD courts, temps partiels subis).
  • des compétences spécifiques (plomberie, soudure, électricité, etc.)
  • des problèmes de mobilité (offres d'emploi éloignées géographiquement du domicile des demandeurs d'emploi)
  • une image dévalorisée de certains secteurs comme la restauration qui fait fuir les jeunes notamment en raison du stress, du rythme de travail et du manque de perspective de carrière.

Ces éléments dissuadent une partie des demandeurs d’emploi de postuler à ces offres.

Le cri d'alarme des restaurateurs

Les professionnels de la restauration expriment leur inquiétude face à la pénurie de main-d'œuvre. Un exemple concret et actuel, à Draguignan, le confirme : le restaurant de l'hôtel Le Col de l'Ange, n'a malheureusement pas encore ouvert à la réservation sa terrasse promettant une jolie vue sur le bassin dracénois. Pas de personnel pour servir les tables à l'extérieur, un sévère manque à gagner avec le soleil et la chaleur qui sont enfin arrivés depuis fin mai.

En parallèle, Stéphane Manigold, restaurateur et président du groupe Éclore, a déclaré sur CNEW le 24 mai 2025 : « À Paris, 32 000 personnes touchent le chômage et ne souhaitent pas retrouver le chemin du travail ». Il plaide pour une régularisation des travailleurs sans-papiers afin de répondre aux besoins du secteur.

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