Carrefour et Coopérative U lancent Concordis : une centrale d’achat européenne pour défier Leclerc

Une alliance stratégique pour faire face aux géants

Le secteur de la grande distribution en France et en Europe est en pleine mutation. Dans un environnement ultra-concurrentiel, les enseignes cherchent à accroître leur compétitivité pour résister à l'énorme pression des industriels de l'agroalimentaire. Carrefour, numéro 2 sur le marché français, et Coopérative U, numéro 4, ont donc décidé d'unir leurs forces pour former une centrale d'achat européenne. Cette alliance, baptisée Concordis, a pour ambition de peser dans les négociations avec les 50 plus grands groupes industriels du secteur, allant de Mars à Danone en passant par Nestlé, Coca-Cola ou encore Unilever .

Le duo a pour objectif de rattraper Leclerc, qui domine largement le marché français avec 24,3 % de parts de marché, grâce à son système d'achat bien huilé avec la centrale Eurelec. Face à lui, l'alliance formée entre Intermarché, Auchan et Casino, qui a donné naissance à la centrale Everest, renforce encore la pression sur les autres acteurs du marché. Concordis se positionne donc comme un rival de taille, avec une part de marché de 34,1 % en France, devant Everest-Epic (29,3 %) et Eurelec-Copernic (24,6 %) .

L’ambition européenne de Concordis

Si le duo Carrefour-Coopérative U pèse déjà 34 % du marché français, leur objectif est clair : étendre leur influence au niveau européen. Concordis sera basée à Bruxelles, ce qui permet à l'alliance de se positionner sur le marché européen et d'envisager de nouvelles adhésions de distributeurs européens. Cette expansion vise à massifier davantage les volumes d'achats et à gagner en compétitivité pour faire face à des multinationales comme Leclerc et d'autres acteurs européens.

Le projet devrait entrer en vigueur pour les négociations de 2026, avec une première vague de négociations portant sur les prix des produits alimentaires, d’hygiène, de beauté, et d'autres biens de consommation. Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, a souligné que dans un environnement où "la concentration des industriels et la montée en puissance des centrales d'achat s'accélèrent", il est de leur responsabilité de proposer "une réponse ambitieuse" . Pour sa part, Dominique Schelcher, président de Coopérative U, a mis en avant l’importance de l’alliance pour « massifier les volumes à l'achat », un levier essentiel pour peser dans les négociations avec les industriels.

Le défi de l'intégration et de la concurrence

Le lancement de Concordis intervient dans un contexte où les alliances entre distributeurs se multiplient, particulièrement avec la montée en puissance des centrales d'achat. Le duo Carrefour-Coopérative U cherche à attirer d'autres partenaires européens dans cette centrale pour améliorer sa compétitivité. L’enjeu est de taille, car la concurrence est déjà rude, avec des alliances comme celle formée par Intermarché, Auchan et Casino, et Vasco-Agecore avec Colruyt et Coop qui pèsent déjà lourd dans les négociations européennes .

Les géants de l’agroalimentaire, quant à eux, risquent de voir leur pouvoir mis à mal par cette nouvelle dynamique. Concordis s’annonce comme un véritable bouleversement dans les rapports de force entre distributeurs et fournisseurs. Reste à savoir si cette initiative permettra réellement de réduire les écarts de prix avec les leaders du marché, comme Leclerc, tout en offrant des avantages aux consommateurs et producteurs français.

Les négociations commerciales de 2026 seront donc un tournant décisif pour cette nouvelle centrale d'achat et pour l’avenir du secteur de la grande distribution européenne.