Jack Dorsey, cofondateur de Twitter et figure majeure des réseaux sociaux, a surpris la sphère technologique, le 6 juillet dernier, en annonçant via un simple post sur X (ex-Twitter) le lancement de Bitchat, une messagerie entièrement décentralisée. Ce projet, né d’une expérimentation personnelle, repose exclusivement sur le Bluetooth pour fonctionner, sans recourir ni au Wi-Fi, ni au réseau cellulaire, ni même à un quelconque serveur central. Et si la messagerie redevenait locale ?
Bitchat : la nouvelle messagerie de Jack Dorsey qui fonctionne sans internet
Une messagerie peer-to-peer en circuit fermé
Avec Bitchat, chaque appareil devient un nœud actif d’un réseau Bluetooth maillé. Le système repose sur une communication directe et chiffrée entre deux terminaux proches, qui peuvent relayer les messages vers d'autres utilisateurs alentour, étendant ainsi la portée sans jamais passer par Internet. Aucune infrastructure externe, aucun serveur, aucune dépendance à un fournisseur.
Le concept évoque immédiatement les réseaux de type IRC des années 1990, réinventés à la sauce 2025 : cryptographie moderne, décentralisation totale, et confidentialité par défaut. Les messages ne transitent pas vers un cloud, ne sont pas stockés à distance, et disparaissent automatiquement après lecture.
my weekend project to learn about bluetooth mesh networks, relays and store and forward models, message encryption models, and a few other things.
bitchat: bluetooth mesh chat...IRC vibes.
TestFlight: https://t.co/P5zRRX0TB3
GitHub: https://t.co/Yphb3Izm0P pic.twitter.com/yxZxiMfMH2— jack (@jack) July 6, 2025
Bluetooth étendu, sans compromis sur la sécurité
TechCrunch confirme que la portée peut atteindre jusqu’à 300 mètres grâce aux relais intégrés dans les appareils connectés. Chaque terminal fait office de répéteur. C’est là toute la magie du mesh networking : plus il y a d’utilisateurs autour, plus le signal se propage loin.
Bitchat autorise la création de groupes de discussion chiffrés, protégés par mot de passe, et identifiés par des hashtags. Même si un utilisateur est temporairement hors ligne, le système peut lui acheminer les messages dès qu’il réapparaît à proximité, grâce à un modèle dit store and forward. Le futur support du Wi-Fi Direct, prévu dans les prochaines versions, devrait encore renforcer la portée et la vitesse.
Une résistance active à la censure numérique
L’absence d’Internet comme condition de fonctionnement n’est pas un simple effet de style. Jack Dorsey cible explicitement les contextes où la liberté d’expression est entravée. Engadget rappelle que ce type de technologie avait été utilisé lors des manifestations de Hong Kong en 2019, où les connexions réseau étaient limitées ou surveillées. Bitchat pourrait ainsi servir dans des situations de crise, de catastrophes naturelles, ou de blackouts numériques. Cointelegraph insiste sur l’aspect activiste du projet.
L’application, open-source, est disponible sur GitHub, et sa version bêta, accessible via TestFlight, a déjà atteint ses limites d’inscriptions. Aucun numéro de téléphone, aucune adresse e-mail, aucun identifiant personnel ne sont requis pour l’installation. Une approche radicalement anti-tracking.
Ni business model, ni promesse : juste un projet ouvert
Contrairement à Bluesky, autre projet décentralisé également initié par Jack Dorsey, Bitchat n’est pour l’instant adossée à aucune entreprise, structure juridique ou stratégie commerciale identifiable. C’est une expérimentation, assumée comme telle. Jack Dorsey ne promet rien, ne vend rien, ne collecte rien. Le code est public, les usages à inventer. Et si ce coup d’essai devenait coup de maître ?
Pour l’instant, Bitchat reste un terrain de jeu pour développeurs curieux, bidouilleurs de réseaux alternatifs, ou contestataires numériques. Mais son existence seule interroge l’avenir d’une messagerie indépendante de tout opérateur.