Actions ; un rallye aux fondations fragiles

Les marchés actions mondiaux affichent tous un rebond exceptionnel sur le mois écoulé, à l’image du DAX en hausse de 23 % depuis le point bas début d’avril. L’inflexion de la politique douanière de Donald Trump couplée à la désescalade avec la Chine ont rassuré les marchés.

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By Laura Corrieras et Nicolas Gazin Published on 17 juin 2025 4h00
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marchés, bourse, tensions, international, pétrole - © Economie Matin
3%Lundi 7 avril 2025, la Bourse de New York a ouvert en fort recul, d'environ 3%.

Une certaine normalisation du sentiment, après une phase de stress extrême, le retour des investisseurs particuliers et le short covering expliquent aussi cette hausse fulgurante des indices actions. Néanmoins, la tendance de fond reste fragilisée par le côté « provisoire» des trêves sur les droits de douane et de données macro-économiques en décélération.

EUROPE

La région conserve une attractivité relative grâce à des valorisations toujours historiquement basses et un positionnement des investisseurs toujours faible. La désescalade tarifaire sino-américaine a temporairement réorienté les flux vers les États-Unis, mais pourrait offrir à l’Europe une fenêtre d’opportunité si les tensions commerciales s’apaisaient plus durablement. En outre, le différentiel de politique monétaire entre la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale (Fed), couplé aux mesures de relance budgétaire en Allemagne et dans l’ensemble de l’Union Européenne (UE), crée un environnement plus favorable à long terme. Une potentielle baisse durable des prix de l’énergie, liée à une détente géopolitique (Iran/États-Unis ou Ukraine/Russie), pourrait également offrir un soutien indirect à la consommation et aux perspectives d’inflation. Cependant, la croissance économique et les perspectives des bénéfices attendues restent relativement faibles. La saison de publications des résultats des entreprises du premier trimestre 2025 a été plutôt mitigée, avec une contraction des bénéfices par action (BPA) de 2 % sur une année glissante. En somme, le momentum économique reste faible, mais la dynamique relative s’améliore et le BCE est en soutien.

ÉTATS-UNIS

Le rebond du marché américain a été fulgurant, à l’image du S&P 500 en hausse de près de 23 % depuis les points bas le 8 avril dernier. L’indice phare de la côte américaine est même revenu sur les niveaux d’avant le fameux «Liberation Day» qui a vu toute une série d’annonces douanières. Toutefois, l’incertitude politique et macro-économique reste élevée, notamment au regard des conséquences des «Trumponomics» (commerce, fiscalité, immigration). En outre, la Fed se trouve dans une situation difficile, avec une inflation persistante, et une croissance économique menacée par les menaces commerciales. D’un point de vue micro-économique, la saison des publications est en demi-teinte. Bien que la croissance des bénéfices soit sortie à +12 % en glissement annuel (soit le double des anticipations), les équipes dirigeantes ont fait preuve de prudence dans leurs perspectives, mentionnant l’incertitude liée au contexte actuel. Pour autant, un certain nombre de grandes entreprises continuent d’afficher des bilans solides, à en juger par le niveau record des programmes de rachat d’actions. Après la récente hausse, les niveaux de valorisations sont retournés sur le point haut du début d’année

ASIE

Le recul du dollar soutient partiellement les marchés émergents, bien que la prudence demeure. En Chine, malgré une amélioration récente des données macroéconomiques, les prévisions de résultats sont à nouveau revues à la baisse. La désescalade commerciale avec les États-Unis pourrait réduire les risques systémiques, mais le sentiment reste fragile. La trêve n’est pour l’instant que de 90 jours. Toutefois, la Chine semble mieux préparée aujourd’hui à une guerre commerciale prolongée avec les États-Unis. La réduction significative des exportations vers le marché américain, tout en diversifiant ses partenaires commerciaux au sein de la zone asiatique, permet au pays de faire front face à Trump. En outre, ces nouvelles tensions commerciales pourraient également accélérer la transition de la Chine vers des moteurs plus domestiques (consommation intérieure, la fabrication locale de haute technologie, innovation).

Hors Chine, les perspectives sont plus disparates. Le Japon reste affecté par le niveau des exportations et une devise plus ferme à la suite d’un changement de ton de la Banque du Japon

STYLES D’INVESTISSEMENT

Le mois écoulé a vu un retour marqué des valeurs de croissance, en particulier dans la technologie américaine, grâce à une série de résultats solides et au soutien massif des programmes de rachat d’actions. Toutefois, les secteurs cycliques européens poursuivent leur reprise, en ligne avec la normalisation monétaire attendue et le potentiel de relance budgétaire. La dispersion des performances reste importante, tout comme celle des valorisations entre styles (Growth contre Value). Aux États-Unis, les défensives de qualité apparaissent comme une bonne alternative face aux incertitudes persistantes dans un environnement avec une volatilité globalement plus élevée. En Europe, le style Value reste un choix privilégié au vu de la valorisation relative du segment toujours très attractive.

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Laura Corrieras, Equity Portfolio Manager et Nicolas Gazin, Global Head of Equity Solutions

1 comment on «Actions ; un rallye aux fondations fragiles»

  • Christian PIRE

    Article des plus étonnant, voire détonnant. En effet, les indices dits Boursiers ne sont en aucun cas des indices de logique et de réalités financières. En effet, ces indices de logique comptable et non financière, étant calculés la base des cours de fermeture…dont le seul enseignement professionnel et financier…était qu’il n’y avait plus d’acheteur ou vendeur ces cours de fermeture de la Bourse, rend toute cette prose incohérente.

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