Un changement de méthode attendu et une décision technique qui pourrait bouleverser le marché locatif. Derrière l’ajustement d’un simple coefficient dans le calcul du DPE, c’est le sort de centaines de milliers de logements qui bascule. Et avec lui, les perspectives des propriétaires, des locataires… et du secteur tout entier.
Bonne nouvelle : 650.000 logements sauvés du DPE par le gouvernement

Le diagnostic de performance énergétique, plus connu sous l’acronyme DPE, fait une nouvelle fois parler de lui. Le 9 juillet 2025, le gouvernement a officialisé une évolution majeure de son mode de calcul. Cette modification très attendue par les acteurs du logement pourrait sortir jusqu’à 850 000 logements de la catégorie des passoires thermiques. Dans les faits, ce sont environ 650 000 habitations chauffées à l’électricité qui bénéficieront immédiatement de cette réforme.
Un changement de calcul sur la consommation électrique pour rééquilibrer le DPE
Depuis sa refonte en 2021, le diagnostic de performance énergétique s’impose comme un critère central de la politique du logement. Il classe chaque bien de A à G en fonction de sa consommation d’énergie et de son impact carbone. Mais cette classification, censée orienter la transition énergétique, a rapidement révélé un biais structurel : les logements chauffés à l’électricité, pourtant moins émetteurs de CO₂ que ceux fonctionnant au gaz ou au fioul, se retrouvaient pénalisés par un coefficient de conversion trop élevé.
Pour corriger cette distorsion, le gouvernement a décidé de réduire ce coefficient de 2,3 à 1,9. Ce changement sera intégré dans un nouvel arrêté prévu pour septembre 2025, après consultation publique. « Le calcul actuel du DPE présente une limite importante en désavantageant l’électricité – pourtant une énergie bas carbone en France – au profit du gaz ou du fioul », a souligné le cabinet du Premier ministre, cité dans Le Point.
Réforme du DPE : quels logements sont concernés et sauvés ?
La réforme cible en priorité les logements chauffés à l’électricité, souvent situés dans les zones rurales ou périurbaines, et très présents dans les petites copropriétés ou maisons individuelles. Ces habitations étaient jusqu’alors classées F ou G, les fameuses passoires énergétiques.
Grâce à ce nouveau mode de calcul, environ 650 000 de ces logements devraient obtenir un reclassement automatique vers une étiquette E ou supérieure, selon les estimations. Cela leur permettra de sortir des contraintes légales liées aux interdictions progressives de location qui frappent les logements les plus énergivores.
Pour mémoire, les échéances légales sont les suivantes :
- Depuis le 1er janvier 2024, les logements classés G+ sont interdits à la location.
- En 2028, ce sera le tour des logements classés F.
- Puis en 2034, des logements classés E.
Ainsi, pour plus d’un demi-million de propriétaires, ce reclassement automatique constitue un véritable sursis réglementaire, sans frais ni travaux à engager.
Un gain direct pour les propriétaires, une opportunité pour le marché de la location
Autre point majeur : les propriétaires ne seront pas obligés de refaire un DPE pour bénéficier de ce nouveau classement. Le gouvernement prévoit de mettre en place une plateforme gratuite d’ici la fin 2025, permettant aux propriétaires de mettre à jour leur étiquette via une simple procédure en ligne. Le numéro du DPE initial suffira pour accéder à la nouvelle version.
Cette décision pourrait relancer une partie du marché locatif, notamment dans les communes où la demande est forte mais l’offre bloquée par des logements jugés non conformes. Selectra souligne que « cette décision devrait redonner de l’air au marché locatif, en particulier dans les zones rurales ». Mais le gouvernement appelle à ne pas relâcher les efforts. « Cette évolution ne signifie pas que ces logements ne sont plus des passoires thermiques. Il faut continuer à inciter à la rénovation », a précisé un conseiller ministériel cité par Le Parisien.
L’électrification du parc immobilier français : une stratégie énergétique assumée par l’État
La réforme s’inscrit dans une logique assumée de cohérence énergétique. Le gouvernement veut accélérer l’électrification des usages et promouvoir une énergie bas carbone, dans le prolongement de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC). Le DPE devenait incohérent : il disqualifiait des logements utilisant une énergie décarbonée au nom d’un coefficient de conversion obsolète.
L’objectif est aussi d’éviter la précarité énergétique induite par des interdictions de location mal calibrées. À cet égard, l’État avait déjà agi en juillet 2024, en ajustant la méthode de calcul pour les logements de petite surface, eux aussi surreprésentés parmi les passoires thermiques.