La messagerie de Meta, jusqu’ici épargnée par les formats commerciaux intrusifs, bascule dans une nouvelle ère. Une stratégie longtemps repoussée, désormais assumée, qui redessine l’écosystème de la messagerie instantanée.
WhatsApp bascule : la messagerie sans publicité, c’est fini
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Published on 17 juin 2025 7h49
62 MILLIARDS $Meta a enregistré un bénéfice net de 62 milliards de dollars en 2024.
Lundi 16 juin 2025, Meta a confirmé l’introduction de publicités sur WhatsApp. Cette décision marque une rupture dans l’histoire de l’application, rachetée en 2014 par le groupe américain, qui avait jusqu’ici maintenu un modèle sans publicité visible. Utilisée par plus de deux milliards d’individus dans le monde, WhatsApp va désormais intégrer des formats publicitaires dans certaines de ses fonctionnalités.
WhatsApp officialise son virage publicitaire
Selon Le Parisien, Meta déploiera progressivement ces contenus commerciaux dans l’onglet « Actus », espace qui regroupe les « Statuts » et les « Chaînes », utilisé quotidiennement par environ 1,5 milliard de personnes. Une précision d’importance : les utilisateurs qui ne consultent pas cette section ne verront aucune publicité, et pourront même désactiver cet onglet dans les paramètres.
Publicités sur WhatsApp : où, comment et pour qui ?
Contrairement aux autres plateformes du groupe, comme Facebook ou Instagram, WhatsApp avait jusqu’ici résisté à l’appel du marché publicitaire. Seuls les comptes professionnels pouvaient envoyer des messages promotionnels via l’outil WhatsApp Business, et uniquement aux utilisateurs ayant donné leur accord explicite.
Désormais, l’objectif est plus ambitieux. Selon RTL, les publicités prendront la forme de bannières visuelles dans l’onglet Actus. Elles pourront également s’afficher dans les Statuts — l’équivalent des Stories d’Instagram — ainsi que dans l’annuaire de découverte des Chaînes. Meta prévoit aussi de proposer des options de promotion payante pour les créateurs de contenu.
Le groupe insiste néanmoins sur une ligne rouge. Nikila Srinivasan, vice-présidente de Meta, a affirmé : « Vos messages personnels, vos appels et vos statuts resteront chiffrés de bout en bout. Cela signifie que personne, pas même nous, ne peut les voir ou les écouter. Ils ne seront jamais utilisés pour de la publicité », relaye Le Parisien.
WhatsApp : la publicité reste encadrée et limitée (pour l’instant)
Si la publicité fait son entrée, elle s’accompagne de limitations strictes sur le ciblage. Meta indique que les annonces reposeront uniquement sur des données basiques : la langue du téléphone, la localisation approximative et les interactions dans l’onglet Actus. Aucune donnée issue des messages privés ou des appels ne sera utilisée, et aucun numéro de téléphone ne sera partagé avec des annonceurs.
Pour Les Numériques , cette stratégie vise à rassurer un public historiquement attaché à la confidentialité sur WhatsApp. L’entreprise insiste sur la séparation nette entre les conversations personnelles et les espaces commerciaux. D’autant plus que certaines fonctionnalités de promotion resteront optionnelles. Les utilisateurs pourront continuer d’utiliser WhatsApp sans être exposés à des publicités, s’ils choisissent de ne pas interagir avec l’onglet concerné.
Monétiser WhatsApp : une nécessité pour Meta
Avec cette évolution, Meta entame un changement de cap commercial longtemps différé. Depuis plusieurs années, le groupe explorait diverses pistes de monétisation de WhatsApp, sans jamais franchir totalement le pas. Le contexte économique actuel, combiné à la nécessité de rentabiliser une plateforme aussi massive, a sans doute accéléré cette décision. Comme le rappelle Le Parisien, la pression croissante des investisseurs et la stratégie de diversification des revenus imposent désormais une logique commerciale plus affirmée. Meta espère ainsi rentabiliser une base d’utilisateurs particulièrement fidèle, aux taux d’engagement élevés.
Mais le groupe marche sur des œufs. La publicité sur WhatsApp sera progressive, localisée et désactivable. Une manière de tester l’acceptabilité sans compromettre l’image d’une messagerie perçue comme simple, sécurisée et sans interférence. Et rien n’empêchera Meta d’élargir la publicité une fois que les utilisateurs ont été habitués à en voir.