L’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP) a dévoilé, ce jeudi 26 juin son très attendu baromètre mobile 2024. Attendue depuis fin 2024, cette publication annuelle, outil incontournable de transparence dans les télécommunications, a cette fois été retardée par une enquête administrative. Et au centre de cette affaire, Orange, l’opérateur historique, soupçonné d’avoir influé sur les résultats de certains tests.
Baromètre mobile 2024 : Orange partiellement exclu par l’ARCEP pour irrégularités
Un baromètre mobile très attendu mais entaché par le cas Orange
Le baromètre 2024 de l’ARCEP n’a pas échappé à la polémique. Alors que les résultats auraient dû être publiés plusieurs mois plus tôt, le gendarme des télécoms a été contraint d’en retarder la diffusion à cause de « l’activation d’une mise en veille spécifique des terminaux de test » par Orange, selon les conclusions du régulateur. L’irrégularité concerne les appels vocaux OTT (Over-The-Top), c’est-à-dire ceux effectués via des applications comme WhatsApp, qui transitent par Internet sans utiliser le réseau vocal classique.
L’ARCEP a considéré que les conditions de mesure avaient été altérées par des modifications du comportement réseau, ce qu’Orange qualifie de simple « optimisation des réglages du réseau pour fournir la meilleure expérience client », peut-on lire dans Clubic. Mais l’argument ne convainc pas. L’ARCEP a donc décidé d’exclure Orange de tous les indicateurs OTT dans sa publication officielle. Une première aux allures de sanction, dans un secteur où la mesure de performance est cruciale pour les parts de marché.
Orange reste le champion mobile malgré son exclusion partielle
Malgré cette mise à l’écart sur les appels OTT, Orange continue de dominer la quasi-totalité des autres critères de performance mobile. Avec 96 % d’appels sans coupure, il devance Bouygues Telecom (94 %) et laisse SFR et Free Mobile à égalité avec 92 %. Sur les SMS, les écarts se réduisent : Orange obtient 96 %, juste devant Bouygues Telecom (95 %), SFR et Free (94 %).
Côté Internet mobile, Orange caracole en tête sur tous les seuils de débit testés (3, 8 et 30 Mbit/s). À tel point que le rapport reconnaît implicitement une performance sans équivalent dans les zones denses. Dans les transports, Orange enfonce le clou : 82 % de pages chargées en moins de 10 secondes dans les TGV, 78 % d’appels maintenus, très loin devant ses concurrents qui oscillent autour de 70 %. En métro parisien toutefois, Bouygues Telecom prend l’ascendant avec 98 % d’appels réussis.
Un nouveau cadre de contrôle pour les réseaux mobiles
Face à cette affaire qui fragilise la crédibilité des campagnes de test, l’ARCEP a mis en place un cadre de contrôle renforcé. Désormais, chaque opérateur devra transmettre en amont la configuration de ses réseaux avant toute campagne de mesures.
L’objectif : garantir l’objectivité, prévenir toute manipulation technique, et restaurer la confiance dans les baromètres officiels. Ce durcissement de la procédure traduit aussi une volonté claire du régulateur : ne plus tolérer la moindre entorse, même minime, aux règles de transparence. Un message qui vise sans détour les opérateurs, au premier rang desquels Orange, et qui rebat les cartes pour les campagnes de 2025.