Un accord autour des terres rares entre les Etats-Unis et la Chine

Le 27 juin 2025, les États-Unis ont officiellement validé un accord avec la Chine sur les terres rares, matériaux essentiels à la transition énergétique et aux technologies grand public. Cet accord stratégique suscite des interrogations sur ses retombées économiques et géopolitiques, pour les États impliqués mais aussi pour la France et l’Europe.

Accord chinois-américain stratégique

Donald Trump a affirmé que « les États-Unis ont validé l’accord avec la Chine » concernant les terres rares. Donald Trump a présenté cet accord comme une victoire dans la quête d’indépendance stratégique des États-Unis face aux restrictions chinoises. Un représentant de la Maison-Blanche a confirmé que l’accord incluait un « cadre de mise en œuvre » décidé à Genève, destiné à « accélérer les exportations de terres rares vers les États-Unis » à la suite des discussions tenues en mai.

La conviction de Donald Trump et les engagements logistiques

Face aux tensions liées aux droits de douane imposés par Washington, la Chine avait réagi en inscrivant les terres rares sur la liste de ses exportations contrôlées. Cet accord vise à mettre fin à cette spirale. Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a déclaré : « Ils vont nous livrer des terres rares », avant d’ajouter : « Une fois qu’ils l’auront fait, nous prendrons nos contre-mesures. » Il s’agit donc d’un dispositif en deux temps : relance des flux puis levée progressive des sanctions.

Un autre haut fonctionnaire américain a confirmé que la Chine s’était engagée à supprimer certaines « contre-mesures non tarifaires » imposées depuis le 2 avril 2025. Toutefois, les modalités exactes de cette levée restent partiellement floues à ce stade.

Enjeux économiques et technologiques des terres rares

Les terres rares désignent un groupe de 17 éléments métalliques indispensables à la fabrication de moteurs électriques, d’écrans plats, de batteries, de panneaux solaires et d’aimants industriels. Le néodyme et le praséodyme, en particulier, sont cruciaux pour les aimants permanents utilisés dans les moteurs de voitures électriques et les éoliennes. À l’échelle mondiale, la Chine assure plus de 80 % de la production et du raffinage de ces métaux, ce qui lui confère un poids stratégique considérable.

L’accord du 27 juin 2025 réaffirme l’objectif américain de diversifier ses sources d’approvisionnement tout en conservant l’accès à des volumes suffisants pour soutenir son industrie. Il permet également d’éviter des surcoûts liés à une relocalisation brutale des chaînes de valeur. Pour la Chine, l’accord offre une respiration commerciale en pleine période de ralentissement économique, tout en réaffirmant son contrôle sur une ressource-clé.

Quel impact pour la France et l’Europe ?

L’Europe n’est pas signataire de cet accord, mais en ressentira les effets. La France, dont plusieurs filières industrielles — automobile, aéronautique, électronique — dépendent fortement des terres rares, pourrait bénéficier indirectement d’une détente sur les marchés. Une baisse des prix ou une meilleure disponibilité mondiale permettrait de sécuriser les chaînes de production, notamment dans la filière des véhicules électriques ou des technologies vertes.

Cependant, cette nouvelle configuration rappelle aussi la fragilité des approvisionnements européens. En n’étant ni productrice majeure, ni partenaire stratégique dans ce domaine, l’Union européenne s’expose à des risques de dépendance prolongée. L’accord entre Washington et Pékin pourrait pousser Bruxelles à accélérer ses propres initiatives de sécurisation, voire à engager des négociations bilatérales avec Pékin.

Dans le quotidien des consommateurs

Les terres rares sont présentes dans une multitude d’objets de consommation : téléphones portables, ordinateurs, écrans, batteries, cartes électroniques, moteurs de voitures électriques. Si leur disponibilité s’améliore, les industriels peuvent en abaisser les coûts de fabrication.

À terme, cela pourrait se traduire par des produits plus abordables, mais aussi plus performants. Par exemple, un smartphone doté d’un moteur de vibration plus puissant ou une voiture électrique affichant une meilleure autonomie pourraient découler de cet accès facilité à des composants contenant du dysprosium ou du terbium.

Le partenariat sino-américain du 27 juin 2025 sur les terres rares redessine l’équilibre mondial autour de ces ressources stratégiques. Il sécurise les approvisionnements américains, soulage partiellement la pression sur les marchés, et oblige l’Europe à repenser ses stratégies.