Jeunes et addictions : une génération en détresse psychologique

La Macif a publié, le 1er juillet, la cinquième édition de son baromètre des addictions, élaboré en partenariat avec l’institut de sondage Ipsos. Cette enquête, réalisée auprès de 3 500 jeunes âgés de 16 à 30 ans, dresse un état des lieux des habitudes de consommation, des troubles mentaux et des comportements à risque qui gangrènent la jeunesse. L’étude met en lumière des chiffres en nette aggravation depuis 2021, notamment sur les liens entre usage de substances, santé mentale et pratiques numériques compulsives.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 7 juillet 2025 16h30
Jeunes et addictions : une génération en détresse psychologique
Jeunes et addictions : une génération en détresse psychologique - © Economie Matin

Addictions et santé mentale : une combinaison explosive

77 % des jeunes interrogés déclarent avoir déjà souffert de troubles directement liés à leur consommation d’alcool ou de drogues : accidents, isolement, échec scolaire, problèmes financiers ou pensées suicidaires. Ce chiffre, déjà effrayant, marque une hausse de 8 points par rapport à 2021, selon les données issues du « Communiqué MACIF – Baromètre des addictions et de leurs conséquences chez les jeunes – Juillet 2025 ». Chez les jeunes consommateurs réguliers de substances, hors tabac, cette proportion monte à 83 %, illustrant une intensification de la détresse.

L’état psychologique général suit la même pente : « Depuis 5 ans, chaque indicateur de mal-être ne cesse de progresser chaque année », précise la Macif. Parmi les trois principaux effets observés figurent une augmentation des émotions négatives (60 %, en hausse de 3 points), des échecs scolaires ou professionnels (40 %, +5 points), et un isolement social marqué (36 %, +4 points). Et si cette génération souffre, elle le fait souvent en silence. Pas d’appel au secours tonitruant, mais une descente lente dans l’inertie psychique, nourrie par la normalisation des excès et la perte de repères.

Réseaux sociaux : dérive numérique et isolement social

L’hyperconnexion fait désormais partie du paysage quotidien, 36 % des jeunes passent plus de quatre heures par jour sur les réseaux sociaux. Un usage loin d’être neutre. L’étude rapporte que 81 % des jeunes perdent la notion du temps lorsqu’ils naviguent sur ces plateformes, 76 % ont des difficultés d’endormissement, 66 % s’isolent. Pire, un jeune sur deux admet avoir subi des troubles du comportement tels que la colère, l’irritabilité ou l’agressivité après un usage prolongé des réseaux sociaux.

Cette réalité est confirmée par les travaux de Fréquence Médicale, qui pointe une dégradation significative de l’équilibre émotionnel. Et pourtant, malgré une lucidité croissante sur ces effets nocifs, les comportements ne changent pas, seuls 50 % désactivent leurs notifications, à peine 32 % encadrent leur utilisation. La prise de conscience ne suffit pas. L’addiction numérique agit comme un filet invisible qui piège des esprits déjà fragilisés.

Une jeunesse sur la voie publique : au volant du danger

L’enquête montre aussi une banalisation préoccupante des comportements à risque dans l’espace public. 72 % des jeunes utilisent leur smartphone en conduisant : téléphoner, swiper, filmer ou prendre des selfies, souvent en deux-roues. 41 % vont jusqu’à se filmer ou photographier en pleine circulation. 21 % des jeunes interrogés ont déjà eu un accident de la route sous influence d’une substance, un chiffre en forte hausse (+4 points) par rapport à 2024.

Et pourtant, 78 % reconnaissent que ces comportements sont dangereux pour eux-mêmes, 75 % pour autrui. Mais voilà, la croyance dans le multitâche triomphe : « Je sais faire plusieurs choses à la fois », avancent 45 % des répondants. Un discours de déni face à une réalité d’hôpital.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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