Croissance mondiale : l’OCDE baisse ses prévisions et accuse Trump

Les anticipations économiques plongent à nouveau. Entre tensions géopolitiques, incertitudes fiscales et relèvement des barrières douanières, l’Organisation de coopération et de développement économiques sonne l’alarme sur le devenir d’une croissance mondiale vacillante.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 3 juin 2025 9h53
Croissance : les mauvaises nouvelles de la Banque de France pour 2025
Croissance : les mauvaises nouvelles de la Banque de France pour 2025 - © Economie Matin
2,9%Selon les nouvelles prévisions de croissance de l'OCDE, elle devrait ralentir pour atteindre 2,9 % en 2025 et 2026

La croissance mondiale, et surtout son ralentissement, est au cœur du dernier rapport publié par l’OCDE le mardi 3 juin 2025. Alors que les grandes puissances s’enlisent dans des conflits économiques larvés, les prévisions de l’organisation fondée en 1961 virent au gris. L’effet Trump hante les perspectives internationales à coups de surtaxes et de crispations politiques.

Croissance mondiale : l’OCDE revoit ses prévisions à la baisse

Le ciel s’assombrit pour le produit intérieur brut planétaire. Selon les nouvelles prévisions de croissance publiées à Paris par l’OCDE, celle-ci devrait ralentir pour atteindre 2,9 % en 2025 et 2026, contre 3,3 % enregistrés en 2024. Un recul de 0,4 point en un an : l’économie mondiale tangue.

L’OCDE ne se contente pas de signaler ce repli : elle le contextualise sévèrement. L’organisme attribue ce refroidissement à une combinaison explosive de barrières commerciales renforcées, de conditions financières plus strictes, d’un affaiblissement de la confiance des acteurs économiques et d’une instabilité politique croissante. Comme si cela ne suffisait pas, la guerre commerciale sino-américaine revient comme une lame de fond.

La déclaration d’Alvaro Pereira, économiste en chef de l’institution, tranche sans détour : « Nous avons revu en baisse la croissance de quasiment chaque économie dans le monde » en raison des hausses de droits de douane. Il ajoute, dans une interview relayée par Sud Ouest le 3 juin 2025 : « Le commerce est affecté, en particulier la consommation et l’investissement ».

Donald Trump est la cause de tous les maux

À peine revenu à la Maison-Blanche, Donald Trump a relancé sa croisade douanière, plongeant les marchés dans l’incertitude. Dès janvier 2025, le président américain a infligé une surtaxe de 50 % sur l’acier et l’aluminium, provoquant une onde de choc. Le taux effectif des droits de douane américains est ainsi passé de 2 % à 15,4 %, selon l’OCDE, « le niveau le plus élevé observé depuis 1938 », souligne L’Express.

Ce n’est pas qu’une posture. L’OCDE observe déjà des impacts concrets, notamment une chute spectaculaire des prix du transport maritime par conteneurs entre Shanghai et les États-Unis, symptôme direct du ralentissement des échanges.

Les chiffres sont sans appel : le PIB américain, qui devait croître de 2,2 % selon les prévisions de mars, est désormais attendu à 1,6 % en 2025. L’année suivante, 1,5 % est envisagé. Un véritable coup de frein. « Une nouvelle contraction de l’immigration nette et une réduction du nombre de fonctionnaires du gouvernement fédéral devraient affaiblir la croissance », précise encore l’OCDE.

Croissance : la France touchée de plein fouet, les prévisions s’écroulent

La France n’échappe pas à la dégringolade. Dans sa dernière estimation, l’OCDE abaisse sa prévision de croissance à 0,6 % pour 2025, contre 0,8 % précédemment. Une révision qui rapproche les chiffres de ceux du Fonds monétaire international, lui aussi pessimiste. Le gouvernement français et la Banque de France persistent à croire à une croissance de 0,7 %, mais la réalité pourrait les rattraper plus vite que prévu.

L’organisation internationale ne ménage pas ses critiques : « Il est essentiel que la France respecte ses plans d’assainissement budgétaire », relaye BFMTV, insistant sur la nécessité de réduire les dépenses plutôt que d’accroître encore la fiscalité. En clair, Paris doit sortir du réflexe haussier sur les impôts et revoir son logiciel budgétaire. Et pour cause : les incertitudes politiques, liées à une Assemblée nationale sans majorité claire, fragilisent l’ensemble des décisions économiques.

La croissance en déclin partout dans le monde selon l’OCDE

Les révisions de l’OCDE n’épargnent aucun acteur majeur :

  • Zone euro : stable à 1 %, malgré les pressions.
  • Japon : abaissement à 0,7 % contre 1,1 % prévu en mars.
  • Chine : indirectement impactée, avec une exposition à 13 % des exportations vers les États-Unis.
  • Mexique et Canada : près de 75 % de leurs exportations concernées, soit des économies en suspens.

Face à cela, l’inflation continue de mordre. Aux États-Unis, elle atteindra 3,2 % en 2025 et 2,8 % en 2026, des niveaux nettement supérieurs à ceux de la zone euro.

L’OCDE tire la sonnette d’alarme. La planète entre dans une phase où la croissance, éreintée par des choix politiques protectionnistes et des incertitudes budgétaires internes, ne peut plus être prise pour acquise. La guerre commerciale, relancée avec force par l’administration Trump, agit comme un catalyseur de fragilité.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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