Ils étaient censés sauver des vies. Mais certains explosent, tuant au lieu de protéger. L’explosion d’un airbag Takata a récemment tué la conductrice d’une voiture, contraignant les autorités françaises à agir d’urgence contre un équipement aussi dangereux qu’anodin.
Les airbags Takata font une nouvelle victime, les voitures immobilisées

Le 11 juin 2025, une conductrice de 37 ans a perdu la vie sur l’autoroute à Reims, victime d’une explosion d’airbag de marque Takata. Ce dispositif de sécurité, installé dans sa Citroën C3 de 2014, s’est révélé défectueux. L’autopsie a confirmé sa responsabilité. Depuis, le mot takata résonne comme un signal d’alerte. Le gouvernement, via le ministre des Transports Philippe Tabarot, a ordonné le retrait immédiat de tous les véhicules concernés encore en circulation.
L’affaire Takata : une bombe à retardement dans les volants
Le nom Takata est tristement célèbre dans l’industrie automobile. Depuis 2014, ce fabricant japonais d’airbags est au cœur d’un des plus vastes scandales de sécurité automobile de l’histoire. Ces airbags, présents dans plus de 100 millions de véhicules à l’échelle mondiale, présentent un défaut critique : un gaz propulseur susceptible de se dégrader avec le temps, notamment sous l’effet de la chaleur et de l’humidité.
Ce gaz instable peut provoquer une explosion violente de l’airbag, projetant des éclats métalliques dans l’habitacle. Dans l’accident de Reims, une pièce métallique a été retrouvée dans le larynx de la victime, comme l’a rapporté le procureur François Schneider « Le numéro de série de l’airbag correspond à la série qui a fait l’objet d’un rappel constructeur. » La Citroën C3 de la victime avait pourtant été ciblée par une campagne de rappel. Elle n’avait pas été réparée car l'adresse de la victime était erronée. L'avertissement n'était donc jamais arrivé à destination.
Citroën C3, DS3 : le gouvernement déclenche le « stop drive »
Face à ce drame, l’État n’a pas attendu. Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a déclaré dans BFMTV le 17 juin 2025 : « J’ai demandé l’immobilisation immédiate de toutes les Citroën C3 et DS3 concernées par un rappel Takata non effectué. »
Il ne s’agit plus d’une simple recommandation. Les modèles visés ne doivent plus être utilisés du tout, sous peine de mettre des vies en danger. La mesure touche environ 200 000 véhicules en France, selon les chiffres communiqués par Stellantis.
Le groupe a précisé que « À ce jour, 69,7 % des véhicules concernés ont été réparés, soit 481 000 sur 690 000 identifiés. » Les 31 % restants représentent une menace latente, invisible mais potentiellement mortelle.
Comment savoir si votre voiture est concernée ?
L’alerte touche particulièrement les Citroën C3 et DS3 produites entre 2009 et 2017. Pour vérifier si votre voiture contient un airbag Takata à risque, deux solutions existent :
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Rendez-vous sur le site officiel de Citroën ou DS Automobiles, dans l’onglet “Rappel de sécurité”, et entrez votre numéro VIN (présent sur votre carte grise).
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Contactez directement votre concessionnaire qui peut vérifier et vous indiquer si une intervention est requise.
Si votre véhicule est listé comme dangereux, n’attendez pas. Ne le conduisez plus. Un remorquage gratuit peut être organisé pour le transport au garage.
Des décès évitables : un bilan qui s’aggrave
Selon les chiffres du ministère des Transports le 17 juin 2025, 29 accidents liés aux airbags Takata ont été recensés en France, causant douze décès : un en métropole (le décès de Reims), onze outre-mer dont un en Guadeloupe en mars 2025.
La majorité des incidents surviennent dans des régions tropicales, où l’humidité accélère la dégradation du gaz contenu dans les airbags. C’est aussi dans ces zones que les autorités observent les plus forts taux de non-réparation des véhicules rappelés.
L’État se dit prêt à sanctionner les constructeurs qui n’agiraient pas assez vite. Mais certains usagers ignorent toujours qu’ils roulent avec un airbag potentiellement mortel. D’où l’urgence de la communication actuelle.
L’affaire Takata n’est pas close. Le parquet de Paris a repris l’enquête pour homicide involontaire, selon les informations confirmées par le procureur Schneider. Le gouvernement français pourrait aller plus loin, envisageant de rendre obligatoire l’immobilisation des véhicules non réparés via des contraventions, voire des interdictions d’assurance.