Derrière la tôle brillante des carrosseries et les slogans vantant l’innovation, un danger mortel sommeille dans des millions de véhicules. Un nom refait surface, synonyme d’explosions inattendues, de visages lacérés, de morts. Et cette fois, ce sont deux géants qui tombent.
Airbags Takata : au tour de Mercedes et Toyota de rappeler leurs voitures
Les airbags défectueux signés Takata reviennent hanter les routes de l'Hexagone. Toyota et Mercedes-Benz, deux poids lourds du marché, sont désormais rattrapés par le plus vaste scandale de sécurité automobile du XXIe siècle. Le ministère des Transports a confirmé le 10 avril 2025 l’élargissement du rappel obligatoire des airbags Takata, déjà à l’origine de dizaines de victimes, à de nouveaux modèles des deux marques. Le poison est ancien, mais la plaie, elle, continue de saigner.
Les modèles touchés : le rappel Takata s’étend massivement à l’industrie automobile
Le rappel Takata, entamé dans les années 2010, prend aujourd’hui une dimension dantesque. Le décret publié le 9 avril 2025 impose aux constructeurs de rappeler immédiatement les modèles concernés, sous peine de sanctions d’une ampleur inédite. Parmi les véhicules à haut risque désormais visés :
- Toyota Yaris (2001-2017)
- Toyota Corolla (2001-2010)
- Mercedes Classe A II (2004-2016)
- Mercedes Classe C II et III (2004-2016)
D'après le ministère des Transports, ce sont encore 2,3 millions de véhicules qui circulent avec ces dispositifs défectueux en France métropolitaine. À cela s’ajoutent 80 000 véhicules dans les Outre-mer, exposant leurs conducteurs à un risque de projection de fragments métalliques dans l’habitacle lors du déploiement de l’airbag.
Le scandale takata : quand la sécurité automobile explose en vol
Le constructeur d’airbags japonais Takata n’est plus qu’une ruine industrielle, mais son héritage toxique continue à tuer. La technologie utilisée dans ces airbags repose sur un propulseur à nitrate d’ammonium non desséché, substance instable en cas d’humidité ou de vieillissement. Résultat : une détonation incontrôlée, un fragmentation de la cartouche et des blessures souvent mortelles pour les conducteurs.
Le bilan humain officiel en France s’élève à 29 accidents graves dont 12 décès — 11 en Outre-mer, 1 en métropole. Toutefois, l’association ADVAirbag avance un chiffre encore plus lourd : 17 morts et 19 blessés rien qu’aux Antilles. Selon Le Monde : « Certains airbags contiennent encore du nitrate d’ammonium instable, malgré les alertes répétées ».
La réponse judiciaire : l’affaire takata centralisée à Paris
Face à l’ampleur de la crise, l’exécutif a décidé de muscler sa réponse judiciaire. Le ministère de la Justice a officiellement demandé, le 10 avril, le regroupement de toutes les procédures engagées en France contre les constructeurs concernés par le scandale Takata. D’après Franceinfo, la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Paris a été désignée pour centraliser l’ensemble des enquêtes : « Cette centralisation est réclamée depuis des mois par les avocats des victimes ».
Cette décision marque un changement d’échelle dans le traitement judiciaire du scandale, avec la volonté affichée de renforcer l'efficacité des poursuites contre les acteurs jugés responsables de la diffusion de ces dispositifs défectueux.
Toyota, Mercedes… et demain qui ? Le rappel takata menace l’équilibre de l’industrie
Le rappel takata n’en est pas à son dernier tour de vis. Si Toyota et Mercedes-Benz sont désormais contraints à des campagnes "Stop Drive", d’autres marques sont dans le viseur. Chevrolet est déjà placée "sous surveillance particulière" par les autorités. Stellantis, Volkswagen, Honda, Nissan, et une trentaine d'autres groupes ont déjà dû se plier aux exigences des régulateurs.
Sur son site officiel, Toyota France avertit désormais ses clients : « Vous devez arrêter de conduire cette voiture immédiatement. Veuillez contacter votre concessionnaire pour les prochaines étapes. » Les constructeurs devront aussi remettre une attestation de remplacement d’airbag dans les 24 heures après l’intervention — une mesure qui vise à encadrer la revente de véhicules ayant été ou non réparés.
Un rappel Takata sous haute tension : entre sanctions et responsabilité civile
Le gouvernement n’entend plus tergiverser. Depuis le décret du 9 avril 2025, les constructeurs sont exposés à une amende administrative d’un million d’euros par jour de retard dans l’exécution des campagnes de rappel.
Les automobilistes concernés sont eux aussi mis en garde : lors du contrôle technique, une mention spéciale est ajoutée au procès-verbal, exigeant le remplacement immédiat du système défectueux. Selon La Voix du Nord, « Plus de 70 000 propriétaires ont déjà été alertés sur le procès-verbal de leur contrôle technique ».
Le scandale Takata est loin d’être clos. Il se durcit, s’étend, et soulève une question cruciale : comment les autorités ont-elles pu laisser circuler pendant des années des véhicules porteurs d’un danger connu et documenté ? Ce qui était autrefois un "défaut technique" est aujourd’hui un scandale de sécurité publique.