Une agence gouvernementale perd le « M » de sa « maîtrise »

L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), rebaptisée « Agence de la transition écologique » en 2020, s’interroge sur la capacité des énergies renouvelables à satisfaire le besoin en électricité dans son opuscule paru le 4 mars 2025 (« Energies renouvelables et flexibilité : le duo gagnant de l’électricité de demain ? »).

By Michel Gay Published on 26 mars 2025 4h30
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@shutter - © Economie Matin
4 MILLIARDS €L'ADEME a un budget de 4 milliards d'euros.

Cette agence gouvernementale, censée maîtriser l’énergie, l’a-t-elle jamais maîtrisée autrement qu'en l'arrosant d'argent public et en prenant ses rêves pour des réalités ?

Duo gagnant ou duo perdant ?

Selon l'ADEME, la future flexibilité électrique devrait être « la capacité à adapter la consommation d’électricité en fonction des fluctuations de l’offre et de la demande »

Serait-ce un signe de son manque de maîtrise (le "M" de ADEME) des réalités énergétiques ?

L'ADEME, notoirement antinucléaire, a déjà perdu la maîtrise des réalités physiques sans perdre toutefois celle de la désinformation.

Elle a osé afficher sur son site, pendant un temps, sans aucune vérification, une empreinte carbone de 66 grammes de CO2 par kilowattheure (kWh) pour l'énergie nucléaire. Devant les protestations des scientifiques, elle a ensuite rectifié à 6,6 grammes de CO2 (en prétextant l'oubli de la virgule), avant de publier, enfin, le chiffre exact de 3,7 grammes de CO2/kWh.

Dans une fiche d’information destinée à l'éducation nationale, l'ADEME classait « par erreur » (involontaire ?) le nucléaire parmi les énergies fossiles (à l'instar du gaz naturel, du charbon et du pétrole ...) au lieu de fissile (l’énergie de fission n’émet pas de CO2) pour mieux embrouiller la tête des enfants (voir l’infographie de l’ADEME en annexe où le minerai uranium est mis dans la case des énergies fossiles).

Cette fois, selon l'ADEME, la « flexibilité » de la consommation pourrait rendre enfin gagnantes les énergies renouvelables intermittentes du vent et du soleil (EnRI). Mais gagnantes pour qui ?

Un marché, c'est une demande avec en face une offre. Sauf situation de pénurie, l'offre s'adapte à la demande. Cette dernière peut fluctuer (été/hiver ou jour/nuit) et la flexibilité de l'offre y répond. De tout temps, le client est censé être roi. Des stocks peuvent aider à gérer cette flexibilité.

Pour les productions peu stockables à un coût acceptable, comme l'électricité, l'offre doit être adaptée à chaque instant, au risque de voir le système électrique s'effondrer. Cet exploit est accompli par les producteurs fiables d'électricité possédant des moyens de production ajustables aux fluctuations.

La flexibilité pour qui ?

Or, l'ADEME voudrait que la flexibilité change de camp pour pouvoir insérer « de force », au chausse-pied, les EnRI dans le réseau d’électricité. Ce serait aux consommateurs particuliers et industriels de s'adapter à une production d’électricité subie ne correspondant pas à leurs besoins, et que l'ADEME aimerait quand même leur faire acheter.

Un lavage de cerveau publicitaire peut aider à faire accepter cette curiosité au cri de « Vous ne le savez pas encore, vous croyez ne pas en avoir besoin, mais cette électricité intermittente des EnRI est bonne pour vous ! ».

L'électricité solaire est déjà majoritairement exportée à perte chez nos voisins à un prix inférieur à son coût de production (101,3 TWh d'exportations brutes françaises d'électricité 2024 pour 5,9 milliards d'euros, soit 58€ par mégawattheure (MWh)), confirmant son inutilité pour le consommateur français. Et le solaire photovoltaïque pourrait encore voir sa puissance installée multipliée par quatre selon le délirant projet de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE3).

Selon RTE (Réseau de transport d’électricité), la plus grande part de notre production éolo-voltaïque est consommée par nos voisins.

Selon une étude Cérémé/PNC présentée au Sénat le 10 mars 2025, annuler la PPE3 éviterait de multiplier encore par trois ou quatre nos capacités solaires et éoliennes futures et ferait économiser 300 milliards d'euros à la France.

Par ailleurs, RTE a été montré du doigt par la récente commission sénatoriale sur les prix de l'électricité pour avoir offert la gratuité de raccordement aux investisseurs éoliens offshore. Et également pour son plan à 100 milliards d'euros (dont 37 milliards pour l'éolien offshore) qui s'ajoutent aux 96 milliards réclamés par ENEDIS, pour raccorder les dizaines de milliers de sources solaires et éoliennes terrestres à venir. RTE est soupçonné de vouloir élargir ainsi son « fonds de commerce » en renchérissant le TURPE (Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Electricité) payé par les consommateurs.

Une production solaire décalée

Le solaire photovoltaïque produit trois fois plus en été qu'en hiver où se concentrent pourtant les pointes de consommation électrique. Qu’à cela ne tienne, selon l'ADEME, l’activité économique (qui ralentit en été) et le consommateur devront s'adapter. Faudra-t-il donc se chauffer en été ou installer davantage de climatiseurs ?

Ainsi, l'énorme production estivale d'électricité solaire suggèrerait de faire tourner les usines l'été et de déplacer les vacances vers l'hiver !

A moins que les week-ends de grands départs en voitures électriques puissent consommer l'excédent solaire estival ?

Comment s'adapter à ces EnRI si ce n'est en obligeant les artisans, les PME, et les citoyens en général à ne travailler, s'éclairer et se chauffer, que lorsqu’il y aura du vent et du soleil ? Pourquoi pas !?

Le consommateur aura-t-il le choix entre un contrat électrique « flexible, d'origine intermittente garantie », et un autre « permanent et garantie, d’origine pilotable (notamment nucléaire) ? ».

Une agence sous influence « verte »

L'ADEME, pourtant critiquée depuis des années pour son manque de maîtrise des priorités environnementales et énergétiques, sévit toujours, bien vivante, avec ses plus de mille équivalents temps plein et un budget de près de 4 milliards d’euros, malgré certaines actions nuisibles pour la France.

Comme a-t-on pu créer en 1990 une telle agence qui veut détruire ou, au minimum, ne sait pas promouvoir les avantages écologiques du nucléaire ? Cette dernière est pourtant la première source d’énergie en France et son potentiel est énorme, y compris dans la chaleur décarbonée.

Le soutien idolâtre et sans justification scientifique de l’ADEME aux EnRI inutiles, et mêmes néfastes à l’économie de la France, prive ainsi les autres énergies renouvelables et décarbonées utiles (géothermie, pompes à chaleur, biomasse et hydraulique) d'une partie des subventions publiques payées par le contribuable.

Le refus de l'ADEME de communiquer les données scientifiques justifiant les économies de CO2 liées à l'éolien vient de faire l'objet d'une requête déposée par la Fédération Environnement Durable (FED) devant le Tribunal Administratif de Nantes.

Faudra-t-il un réveil citoyen encore plus radical que celui des gilets jaunes pour dénoncer l'incurie qui s'est installée dans nos administrations, particulièrement dans l’ADEME utilisant l’argent public pour ajouter des coûts et toujours plus de contraintes ?

La France détient le record des dépenses publiques et des règlements contraignants. A cause d’un principe de précaution mal rédigé dans sa constitution, elle est aussi championne des peurs irraisonnées et a peur des problèmes autant que des solutions !

L'ADEME doit retrouver sa maîtrise de l’énergie et arrêter de marcher sur la tête ! ...

Par Michel Gay et Jean-Luc Salanave

Ancien pilote de chasse, Michel Gay écrit des articles sur la problématique des énergies depuis 10 ans pour informer différemment les Français devant le rouleau compresseur d'approximations, d'erreurs et de mensonges des grands médias sur ce sujet, souvent par idéologie, particulièrement sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Il a aussi écrit trois livres sur les sujets du nucléaire (Vive le nucléaire heureux !), les énergies renouvelables (Au diable les énergies renouvelables !), et la radioactivité (Sous-exposé !) dont les détails sont sur son site www.vive-le-nucleaire-heureux.com

1 comment on «Une agence gouvernementale perd le « M » de sa « maîtrise »»

  • Sebastien Richet

    Bravo, les choses sont enfin dites!
    Il manque un petit point: lorsque nous exportons l’éolien ou le solaire, c’est à perte pour la France! Le consommateur/contribuable paie les producteurs (souvent étrangers d’ailleurs) un prix supérieur au prix de vente car il y a du vent partout en Europe en même temps (ou presque) et du soleil itou. En clair nous subventionnons avec notre argent le kWh que nous exportons… et pour des « organisations » (Je n’ose pas écrire organismes car ce n’en sont plus) comme l’ADEME, ceci est logique alors que c’est contraire même aux lois du marché.
    N’oublions pas que chaque fois que l’on met en place des energies dites « renouvelables » (ce qu’elles ne sont pas) il faut compenser leurs variations de production parce qu’on leur donne priorité sur le réseau, ce qui coûte très cher, mais qu’en plus il faut les raccorder à ce dernier ce qui coûte encore plus cher… (sans compter le problème de la tenue du réseau aux fréquences variables de ces bestioles néfastes).
    Bravo Michel de nous rappeler que la PPE3, c’est 300 000 000 000 d’euros dont la France a besoin ailleurs qui seront jetés par la fenêtre.
    Sébastien

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