Apprentissage à distance : pourquoi le couperet budgétaire risque de casser une dynamique vertueuse

L’apprentissage s’est imposé ces dernières années comme un outil essentiel pour favoriser l’insertion des jeunes dans l’emploi et répondre aux besoins des entreprises. La réforme des aides, qui est entrée en vigueur le 1er juillet, prévoit une réduction des aides publiques et un durcissement des critères d’attribution, notamment pour les formations à distance.

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By Olivier Morvan Published on 26 juillet 2025 8h00
Apprentissage : les aides exceptionnelles pour les entreprises, c’est fini
Apprentissage à distance : pourquoi le couperet budgétaire risque de casser une dynamique vertueuse - © Economie Matin
54%54 % des apprentis trouvent un CDI en 2 mois, contre 34 % pour la voie sans apprentissage

Si les objectifs d’encadrement des dérives sont légitimes, il est essentiel de ne pas fragiliser des dispositifs qui, dans bien des cas, fonctionnent et répondent à des besoins réels du marché du travail.

L’apprentissage : un modèle qui favorise l’emploi et l’inclusion

Depuis 2018, l’apprentissage a démontré son utilité en favorisant l’accès à l’emploi durable. Le modèle repose sur un équilibre entre enseignements théoriques et immersion en entreprise, qui contribue à renforcer les compétences techniques et le savoir-être professionnel. De nombreux jeunes trouvent un emploi à l’issue de leur contrat, souvent dans l’entreprise où ils ont effectué leur alternance, évitant ainsi un passage par les dispositifs de retour à l’emploi. Selon l’étude du Syntec et Walt de 2023, 54 % des apprentis trouvent un CDI en 2 mois, contre 34 % pour la voie sans apprentissage

La généralisation de la certification Qualiopi et le renforcement des audits ont déjà permis de mieux encadrer la qualité des formations et de garantir un niveau d’exigence aux organismes de formation.

Distanciel : une politique uniforme inadaptée

Le décret introduit une réduction automatique des aides pour les formations dont la part du distanciel dépasse 80 %, considérant ainsi que ces formats offriraient une qualité moindre. Si cette logique peut se justifier pour des métiers nécessitant des plateaux techniques ou des gestes professionnels, elle ne tient pas compte des spécificités de secteurs comme le numérique, où les modalités à distance sont tout aussi efficaces.

Assimiler systématiquement le distanciel à une moindre qualité n’a pas lieu d’être. L’efficacité d’une formation devrait être mesurée au regard de son impact sur l’insertion des apprenants et non de la proportion de cours en présentiel.

Il est vrai que certains opérateurs ont affiché des marges importantes, ce qui a conduit à un durcissement des conditions d’aide. Mais ces pratiques ne peuvent pas être généralisées à l’ensemble des acteurs, notamment aux structures à taille humaine qui travaillent au plus près des besoins des entreprises et des territoires.

Le télé-présentiel : un modèle d’inclusion à encourager

Le télé-présentiel, qui combine cours en direct, travaux collaboratifs et accompagnement individualisé, constitue une solution efficace pour de nombreux métiers et pour des publics éloignés des grands centres urbains. Ce modèle permet de concilier flexibilité, accessibilité et qualité pédagogique.

Les nouvelles règles introduisent par ailleurs un reste à charge fixe de 750 euros pour les entreprises, quelle que soit la formation ou le niveau de service offert. Ce mécanisme risque de pénaliser des structures qui assuraient déjà un équilibre économique raisonnable et de freiner les entreprises qui souhaitent s’engager dans l’apprentissage.

Une régulation nécessaire, mais à construire sur des critères pertinents

Il est essentiel d’encadrer les pratiques qui vont à l’encontre de l’intérêt des apprentis et de l’objectif d’insertion professionnelle. Cependant, une régulation efficace doit s’appuyer sur des indicateurs de résultats : le taux d’emploi, la qualité des postes obtenus, la satisfaction des entreprises et des apprenants.

Uniformiser les règles sans tenir compte des différences de secteurs, de modèles pédagogiques et de réalités économiques expose à des effets contre-productifs : décourager les bonnes pratiques, affaiblir les organismes engagés et restreindre l’accès à l’apprentissage là où il répond justement à un besoin.

L’apprentissage reste un investissement stratégique pour l’avenir, au service de l’emploi et de l’adaptation des compétences aux transformations du marché. Les réformes nécessaires doivent cibler les véritables sources de dérives sans affaiblir un dispositif qui a fait ses preuves. Préserver l’apprentissage, c’est investir dans la compétence, l’inclusion et l’avenir productif de notre pays.

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directeur et fondateur de LiveCampus

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