À partir du 5 juillet 2025, la Chine appliquera des droits de douane allant jusqu’à 34,9 % sur les brandys européens, dont le célèbre cognac français. Cette décision, qui marque une escalade dans les tensions commerciales entre Pékin et l’Union Européenne (UE), soulève des questions cruciales sur les conséquences économiques pour l’industrie du cognac et sur la dynamique du commerce international entre les deux grandes puissances économiques. Quelles sont les raisons de cette décision et quel impact aura-t-elle sur les acteurs du marché ?
La Chine frappe le cognac européen : quel impact sur l’industrie française dès le 5 juillet 2025 ?

Une réponse à l'enquête antidumping de l'UE
Les droits de douane sur le cognac s'inscrivent dans une série de mesures économiques prises par la Chine en réponse à la politique commerciale de l'UE. Depuis l'imposition de surtaxes antidumping par l'Union Européenne sur les véhicules électriques chinois, Pékin a riposté en lançant une enquête antidumping sur les eaux-de-vie européennes. L'objectif de cette mesure, qui touche principalement le cognac, est de lutter contre les pratiques commerciales jugées déloyales sur le marché chinois.
Concrètement, les taxes appliquées par la Chine seront comprises entre 27,3 % et 34,9 %, avec des exemptions possibles pour les producteurs européens respectant certains engagements de prix. Ces mesures visent à protéger les producteurs locaux contre la concurrence perçue comme déloyale. Le ministère chinois du Commerce a clairement indiqué que cette taxe serait une réponse directe aux droits de douane européens, et qu'elle resterait en place tant qu'aucun accord ne serait trouvé.
L'impact économique sur l'industrie du cognac
L'industrie du cognac, un secteur clé pour l'économie française, pourrait être fortement impactée par cette augmentation des droits de douane. En effet, la Chine est le premier marché mondial en valeur pour le cognac, avec des exportations françaises représentant environ 2 milliards d'euros par an. Une augmentation des taxes de 30 % à 40 % sur les importations de cognac pourrait entraîner une diminution de la compétitivité des producteurs français sur ce marché crucial.
Les grandes marques, telles que Hennessy, Martell ou Rémy Martin, risquent de subir une pression importante sur leurs marges bénéficiaires. Ces entreprises devront s'adapter à cette nouvelle réalité économique, soit en augmentant leurs prix, soit en absorbant une partie de la taxe pour maintenir leur part de marché. Dans les deux cas, l'effet sur les volumes de ventes pourrait être négatif, en particulier dans un contexte où le pouvoir d'achat des consommateurs chinois est susceptible de se réduire en raison de la hausse des prix.
Les mesures d'exemption : un levier de négociation pour l'UE
Pour atténuer l'impact de cette taxe, la Chine a offert des exemptions à certains producteurs européens qui accepteraient de respecter des engagements sur le prix de vente minimum de leurs produits. Selon des informations provenant de sources industrielles, des négociations sont en cours avec les grandes marques françaises pour déterminer les modalités de cette exemption. Cependant, cette solution ne concernera que les acteurs majeurs du marché, ce qui pourrait désavantager les producteurs plus petits, qui risquent de se voir exclure de ces négociations.
De plus, l'exemption tarifaire, bien qu'intéressante pour les grandes entreprises, pourrait ne pas suffire à compenser la perte de compétitivité due à l'augmentation générale des taxes. Les producteurs de cognac devront également faire face à un marché chinois de plus en plus saturé, où la concurrence des brandys locaux et des spiritueux étrangers pourrait se renforcer.
La dimension géopolitique des droits de douane
Sur le plan géopolitique, cette décision s'inscrit dans une dynamique plus large de tensions commerciales entre les grandes puissances économiques. L'UE et la Chine se livrent une guerre économique qui dépasse le simple cadre des tarifs douaniers sur les véhicules électriques ou les spiritueux. L'issue de cette confrontation pourrait redessiner les relations commerciales entre ces deux acteurs clés de l'économie mondiale.
Les décisions prises par la Chine en matière de douanes et de droits antidumping font partie d'une stratégie globale visant à protéger ses marchés intérieurs tout en exerçant une pression sur ses partenaires commerciaux. L'UE, pour sa part, pourrait intensifier ses efforts pour diversifier ses marchés d'exportation et réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine, notamment en renforçant ses accords avec d'autres régions du monde, telles que l'Amérique du Nord ou l'Asie du Sud-Est.