La justice ne s’efface pas dans l’oubli. François Fillon, ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle en 2017, a été condamné à une amende de 375 000 euros, quatre ans de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité.
François Fillon définitivement condamné à 4 ans de prison avec sursis et 375 000 euros d’amende
Le 17 juin 2025, la cour d’appel de Paris a définitivement condamné François Fillon à quatre ans de prison, entièrement assortis du sursis. L’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy a également écopé d’une amende de 375 000 euros et de cinq ans d’inéligibilité. Cette décision marque l’épilogue judiciaire d’un scandale politico-financier qui aura durablement entaché sa carrière. Dans le cadre de cette affaire, dite du "Penelopegate", l’ancien chef de gouvernement a été reconnu coupable de détournement de fonds publics, recel et complicité d’abus de biens sociaux, pour avoir rémunéré son épouse Pénélope Fillon avec de l’argent public sans travail avéré. Retour sur une affaire d’État devenue symbole des dérives de la République.
Pénélope Fillon, déclencheur d’une affaire d’Etat
Le point de départ ? Une révélation explosive en janvier 2017 du Canard enchaîné. Le journal satirique affirme que Pénélope Fillon aurait perçu plusieurs centaines de milliers d’euros comme collaboratrice parlementaire de son mari, sans justification concrète de ses activités. Rapidement, la machine judiciaire s’emballe. À la veille de l’élection présidentielle, François Fillon, alors candidat LR, est mis en examen.
Après un premier procès en juin 2020, confirmé partiellement en appel en mai 2022, la Cour de cassation invalide l’un des volets de la condamnation en avril 2024, estimant que la motivation de la peine ferme n’était pas suffisamment fondée. Le dossier de François Fillon est donc renvoyé devant une nouvelle cour d’appel, avec un enjeu central : la peine. Le fond, lui, n’est plus remis en cause.
Le 29 avril 2025, l’avocat général réclame à nouveau "quatre années d’emprisonnement avec sursis, assorties d’une amende de 375 000 euros et de cinq années d’inéligibilité". Le 17 juin, la cour suit cette réquisition, réduisant néanmoins l’inéligibilité de dix à cinq ans. Pénélope Fillon, elle aussi condamnée à deux ans de prison avec sursis et à la même amende, voit également sa peine confirmée.
Ce que la justice reproche à François Fillon
La justice reproche à François Fillon d’avoir employé son épouse Pénélope Fillon comme assistante parlementaire entre 1998 et 2013, sans preuve d’un travail effectif correspondant à sa rémunération. Selon les juges, les tâches décrites comme rédaction de notes, veille presse ou relecture de discours n’étaient ni documentées, ni concrètes, ni proportionnées aux sommes versées.
L’accusation s’appuie sur des éléments tangibles : absence de traces de courriels professionnels, aucune production identifiable, témoignages de collaborateurs n’ayant jamais vu Pénélope Fillon au travail. Le tribunal a aussi relevé des contradictions dans les déclarations du couple. François Fillon a évoqué un rôle de "conseillère de l’ombre", tandis que son épouse déclarait initialement ne pas avoir été impliquée.
Cette ligne de défense a été balayée par les juges. Dans leur arrêt, ils pointent une volonté manifeste de dissimuler un emploi fictif, rémunéré par des fonds publics, pour un montant total supérieur à un million d’euros. Le jugement souligne le caractère délibéré et organisé de la manœuvre, ainsi que la nature publique des fonds détournés.
La peine avec sursis, bien que plus clémente que celle initialement prononcée, conserve une forte portée symbolique : elle établit la responsabilité pleine et entière de l’ancien chef du gouvernement dans l’orchestration de ce dispositif frauduleux.
François Fillon condamné : un exemple ?
En plus de l’inéligibilité, l’image publique de l’ancien prétendant à l’Élysée a été durablement ternie par une affaire où les montants évoqués — plus d’un million d’euros en tout — symbolisent le malaise démocratique autour de l’usage des deniers publics. Les Français pardonnent de plus en plus difficilement les errements financiers de leurs dirigeants.
L’ancien Premier ministre n’a pas souhaité s’exprimer à la sortie de l’audience. Quant à son épouse, elle n’a pas pris la parole non plus. Aucun commentaire n’a été publié par leurs avocats à ce stade.