Le 6 juin 2025 marque un tournant pour Monaco. Ce jour-là, la Commission européenne annonce officiellement son intention d’inscrire la Principauté sur la liste noire des juridictions présentant de graves déficiences en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Pour Monaco, qui peine depuis plusieurs années à se défaire de son image sulfureuse, ce camouflet de Bruxelles sonne comme une gifle diplomatique et économique.
Blanchiment, terrorisme… Bruxelles liste Monaco parmi les pires pays

Monaco visé par Bruxelles : une mise en garde qui tourne à la sanction
L’Union européenne, après plusieurs avertissements répétés, a pris la décision d’associer Monaco aux États considérés comme à haut risque, selon les informations de La Lettre. Un classement peu enviable, dans lequel figurent notamment l’Afghanistan, la Corée du Nord et le Panama. Cette inscription sur la liste noire fait suite à des « insuffisances stratégiques persistantes », selon les termes employés par la Commission.
La Dépêche du Midi précise que cette décision repose sur des zones d’opacité dans les circuits financiers monégasques, notamment autour de l’origine des fonds dans les secteurs du luxe, de la gestion patrimoniale, et du marché de l’art. Ces secteurs, bien que très lucratifs, sont aussi connus pour leur vulnérabilité aux flux financiers illicites. L’inscription sur la liste noire entraînera un contrôle renforcé des transactions financières en provenance ou à destination de Monaco, ce qui pourrait freiner les investissements et impacter durement l’économie locale.
Des révélations explosives : quand le silence princier devient une stratégie
C’est un homme resté longtemps dans l’ombre qui a fait vaciller la Principauté. Claude Palmero, ancien gestionnaire des biens du prince Albert II, a été entendu par la police monégasque. Ses déclarations sont sans ambiguïté : « Il fallait qu’il y ait le moins de traces écrites possible, et que son patrimoine soit opaque », a-t-il affirmé, selon Le Monde.
Palmero, en poste jusqu’en 2023, accuse directement le souverain d’avoir cherché à masquer ses avoirs et de privilégier l’opacité dans sa gestion. L’homme a remis aux autorités une série de documents internes détaillant les méthodes comptables utilisées par le palais. Cette affaire, baptisée dans les médias « Monacogate », résonne comme un coup de tonnerre. L’image du Rocher, déjà ternie par les soupçons européens, se voit désormais éclaboussée par des accusations internes, appuyées par des preuves tangibles.
Le GAFI tire la sonnette d’alarme : Monaco sous surveillance
En amont de la décision de Bruxelles, la Principauté avait déjà été placée sous surveillance renforcée par le Groupe d’action financière (GAFI), organe international de lutte contre le blanchiment. Dans son rapport de suivi MONEYVAL de 2024, le GAFI notait que :
- 7 recommandations étaient jugées conformes.
- 32 étaient largement conformes.
- 1 restait partiellement conforme.
Malgré ces améliorations techniques, l’organisation soulignait l’insuffisance dans la mise en œuvre concrète des contrôles, notamment dans les secteurs à risques élevés. Le rapport précisait également que Monaco devait encore faire la preuve de sa volonté politique réelle de réformer en profondeur ses pratiques d’ici trois ans.
Une onde de choc pour la place financière monégasque
L’impact de l’inscription sur la liste noire ne se limitera pas à la sphère politique. Les institutions financières, les établissements de crédit, les gestionnaires de fortune et les galeries d’art pourraient subir une cascade de restrictions, notamment en matière de vigilance renforcée sur les clients et de déclaration automatique des transactions suspectes.
Les experts s’accordent à dire que cette stigmatisation risque d’entraîner un retrait partiel des investissements européens, voire de compromettre certaines négociations bilatérales, notamment en matière de fiscalité ou d’échange d’informations.
À cela s’ajoute l’effet d’image : être classé aux côtés d’États à haut risque, en pleine Europe, représente un embarras diplomatique majeur pour Monaco, dont la prospérité repose en grande partie sur sa réputation de stabilité et de sécurité.
Monaco : la fin de l’immunité ?
Monaco, longtemps protégée par son prestige et ses alliances diplomatiques, se retrouve au cœur d’une tourmente aux conséquences multiples. Le scandale Palmero, combiné aux remontrances du GAFI et à la décision de Bruxelles, révèle une mécanique bien huilée d’évitement réglementaire. Pour la Principauté, le temps des demi-mesures semble révolu.
À l’heure où les États européens durcissent leur arsenal contre les paradis fiscaux, la question est désormais posée : Monaco peut-elle encore se permettre l’opacité ?