World Economic Forum : gouvernance, détournement de fonds… une démission pas si surprise de Klaus Schwab ?

La démission de Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial, intervient dans un contexte marqué par de graves accusations portant sur sa gouvernance jugée autoritaire et des allégations de détournement de fonds — deux pratiques en contradiction avec les principes que la fondation affirme défendre depuis sa création.

Axelle Ker
By Axelle Ker Published on 23 avril 2025 14h45
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World Economic Forum : gouvernance, détournement de fonds… une démission pas si surprise de Klaus Schwab ? - © Economie Matin

Selon les informations du Wall Street Journal, le dimanche 20 avril 2025, le conseil de fondation du Forum économique mondial (WEF) s’est réuni en session exceptionnelle à Genève. Présidé par Peter Brabeck-Letmathe, ancien président-directeur général de Nestlé, le conseil a voté à l’unanimité l’ouverture d’une enquête interne visant Klaus Schwab, fondateur du WEF en 1971, soit la veille de l’annonce officielle de sa démission.

Une enquête interne au WEF

L’ouverture de cette enquête interne au WEF fait suite à la réception d’un courrier anonyme comportant plusieurs accusations précises. Selon les informations du Wall Street Journal, relayées par Le Temps, Blick, la lettre évoque des retraits de liquidités effectués par des membres du personnel sur instructions directes de Klaus Schwab, des dépenses personnelles liées à des services de massage, et des voyages privés organisés sous couvert d’agendas professionnels. Le document met également en cause Hilde Schwab, épouse du fondateur, pour avoir organisé des événements qualifiés de « symboliques » dans le but de justifier des déplacements financés par la fondation.

En parallèle des éléments financiers, plusieurs anciens collaborateurs ainsi que des membres actuels du personnel, selon des informations relayées par Le Temps, Blick et The Wall Street Journal, décrivent un style de gouvernance jugé excessivement personnalisé. Le fonctionnement du WEF aurait, selon ces témoignages, été largement centralisé autour de la personne de Klaus Schwab, sans mécanisme interne de contre-pouvoir véritablement effectif.  

Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais

Les accusations visant Klaus Schwab portent directement atteinte aux fondements du Forum économique mondial, remettant en question les principes que l’organisation affirme défendre depuis plus de cinquante ans. Fondé en 1971, le WEF s’est imposé comme une plateforme centrale du capitalisme mondialisé, réunissant chaque année à Davos dirigeants politiques, responsables économiques, ONG et universitaires autour des grands enjeux contemporains.

Durant plus d’un demi-siècle, Klaus Schwab en a conservé la direction sans alternance, concentrant les leviers de décision. Ce mode de gouvernance suscite des interrogations, notamment sur la cohérence entre les ambitions affichées par le WEF et son fonctionnement réel, de plus en plus perçu comme éloigné des préoccupations économiques du quotidien : inflation, inégalités, pouvoir d’achat.

Alors que le WEF se présente comme un catalyseur de coopération internationale, plusieurs témoignages relayés par Le Temps et Blick décrivent une structure fermée, opaque et largement imperméable aux principes qu’elle défend publiquement. Autant d'éléments qui relancent - après la publication du livre The Great Reset de Schwab -  la méfiance de certains à l’égard du WEF et son fondateur.

Qui pour succéder à Klaus Schwab ?

Le lendemain de la décision du conseil du WEF d’ouvrir une enquête, Klaus Schwab annonçait son retrait immédiat de toutes ses fonctions au sein du Forum via un communiqué officiel de la Fondation : « Alors que je commence ma 88ᵉ année, j’ai décidé de quitter le poste de président et de membre du conseil d’administration, avec effet immédiat ».

Dans la foulée, le conseil du WEF a nommé Peter Brabeck-Letmathe président par intérim. Ancien dirigeant de Nestlé et membre influent du conseil de fondation, il est chargé de piloter la transition en attendant la désignation d’un successeur permanent. Le comité de succession mis en place n’a pour l’instant fourni ni calendrier, ni nom de candidat.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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