Le monde change, et avec lui, notre manière de voyager. Loin des brochures poussiéreuses et des agences à l’ancienne, c’est une toute autre logique qui redessine le paysage touristique. Mais que cache vraiment cette mutation silencieuse qui s’opère à l’horizon 2030 ?
Le futur du voyage : entre Tokyo, IA et tourisme spirituel

Le 16 janvier 2025, la plateforme KAYAK, accompagnée du cabinet The Future Laboratory, publiait un rapport prospectif intitulé What The Future, détaillant les transformations majeures du voyage d’ici à 2030. Ce document, fondé sur une vaste enquête menée auprès de plus de 9 000 voyageurs, dessine les contours d’un secteur métamorphosé, où l’intelligence artificielle, les réseaux sociaux et les aspirations personnelles redéfinissent les règles du tourisme mondial. Que recherchent donc les Français pour l’été 2025, et comment se projettent-ils vers cette nouvelle décennie du voyage ?
Le voyage à l’ère de l’intelligence artificielle et de la surcharge cognitive
Entre 11 et 20 sites visités, des onglets ouverts à ne plus savoir qu’en faire, des tableurs improvisés et des carnets de notes numériques pleins à craquer. La planification d’un voyage est devenue un véritable parcours du combattant digital. Une étude d’Accenture relayée par Le Figaro le 10 février 2025 évoque une « expérience longue, stressante et décousue » pour 68 % des répondants. Et pour cause : le foisonnement d’offres et de plateformes a dilué l’expérience utilisateur.
Mais le salut viendrait de l’intelligence artificielle. « D’ici 2030, des assistants virtuels alimentés par l’IA prendront en charge tous les arrangements de voyage, offrant des séjours personnalisés et trouvant les meilleures offres sans effort », promet l’analyse de KAYAK. Objectif : simplifier le parcours, réduire le stress et ramener le plaisir dans l’organisation.
Vacances d’été 2025 : entre proximité tarifaire et exotisme assumé
Les données de KAYAK.fr, publiées le 12 décembre 2024 dans TourMaG, dessinent des préférences nettes pour les vacances estivales. Les Français semblent osciller entre retour aux sources et évasion lointaine. Si Marseille, Ajaccio ou encore Tirana explosent en termes de recherches (+107 %, +121 % et +144 % respectivement), des destinations plus lointaines comme Tokyo ou Buenos Aires séduisent aussi, portées par une baisse moyenne des prix allant jusqu’à 31 %.
« Les recherches en hausse montrent l’envie des Français de voyager tout en profitant de bons prix », déclare Eva Fouquet, vice-présidente senior de KAYAK (TourMaG, 12 décembre 2024). À titre d’exemple, le billet moyen pour Tokyo affiche un tarif de 1 010 euros, en baisse de 17 % par rapport à 2024. Tirana, quant à elle, attire avec un prix plancher à 181 euros.
2030 : quand le voyage devient une quête intérieure, sociale et technologique
La prochaine décennie ne sera pas qu’un bond technologique, elle sera aussi existentielle. Le voyage devient introspection. KAYAK anticipe une explosion du « tourisme spirituel », catalysé par les traumatismes post-pandémie. Le cabinet The Future Laboratory affirme dans le rapport What The Future : « les quêtes spirituelles connaîtront leur heure de gloire d’ici à 2030 ». Le besoin d’évasion devient besoin de sens.
Côté pratique, on parle d’hologrammes concierges, de métavers immersifs, de réseaux sociaux transformés en agences de voyage interactives et d’une fidélisation totalement réinventée via la blockchain. Le fantasme d’une « super app » centralisant toutes les fonctions (inspiration, planification, réservation) devient palpable. Mais le rêve numérique se heurte encore à des barrières d’interopérabilité. « Comment peut-on travailler ensemble ? », questionne Sabine Bechelani d’Accenture, soulignant la difficulté d’harmoniser compagnies aériennes, hôteliers et croisiéristes.