La voiture électrique cale, ce grand groupe change de cap !

Le tout-électrique ? Ce ne sera pas pour tout de suite. En coulisses, l’un des plus grands groupes automobiles européens ajuste ses ambitions à la baisse et repousse ses objectifs de ne vendre que des voitures électriques d’ici 2030. Une décision qui suscite interrogations, calculs stratégiques et surprises industrielles.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 15 mai 2025 11h15
Voiture Electrique
La voiture électrique cale, ce grand groupe change de cap ! - © Economie Matin

Le 14 mai 2025, une information exclusive publiée par Les Échos a confirmé ce que certains redoutaient : Stellantis a repoussé son objectif de ne vendre que des voitures électriques en Europe d’ici 2030. Ce changement de cap remet en question l’héritage laissé par Carlos Tavares et interroge sur la capacité du groupe à s’imposer comme leader de la transition énergétique. La voiture électrique, pourtant érigée comme levier stratégique depuis plusieurs années, semble désormais reléguée au second plan, au profit d'une approche plus prudente et hybride.

L’échec programmé d’un pari risqué sur la voiture électrique

Quand Carlos Tavares annonçait fièrement le plan Dare Forward 2030, Stellantis s’engageait à « ne vendre en Europe que des véhicules 100 % électriques d’ici 2030 ». Ce cap, symbolique autant que stratégique, devait faire du groupe un pionnier mondial. Mais derrière les discours inspirants, les chiffres ont fini par parler plus fort que les intentions.

La plateforme STLA Small, censée incarner cette vision, devait être la première architecture purement électrique du groupe. Or, elle « sera aussi équipée de moteurs hybrides ». Conséquence directe : « l’usine de Metz voit sa production de moteurs divisée presque par deux, passant de 800 000 à environ 450 000 unités pour 2025 ». Cette volte-face industrielle trahit un aveu : Stellantis n’est plus convaincu que le marché soit prêt à suivre. Les immatriculations de voitures électriques plafonnent, les aides publiques s’amenuisent, et les consommateurs rechignent à franchir le pas.

Carlos Tavares poussé vers la sortie, Stellantis change de tempo

Le changement ne se résume pas à une adaptation technique. Il s'agit d’un virage idéologique. Depuis le départ de Carlos Tavares en décembre 2024, le groupe cherche à réorienter sa stratégie sous l’impulsion de son futur successeur, attendu d’ici la fin juin.

« On nous a expliqué que l’objectif du 100 % électrique pour 2030 n’était plus d’actualité », souffle une source interne du groupe Stellantis. Une autre ajoute que « le plan stratégique Dare Forward n’est pas officiellement abandonné tant qu’un nouveau patron n’a pas été nommé ». Derrière cette prudence de façade, la réalité saute aux yeux : Stellantis prend ses distances avec l’ambition de son ex-dirigeant. Une autre source résume crûment la situation : « Dès que nous avons sorti Carlos Tavares, nous avons pris son contrepied sur ce sujet »

Une stratégie hybride motivée par l’économie plus que l’écologie

À qui la faute ? Pas seulement aux dirigeants. La transition énergétique s’avère plus coûteuse que prévue, notamment face à une concurrence chinoise ultra-agressive et une réglementation européenne qui fléchit.

Stellantis, qui avait anticipé un bond des ventes de voitures à batteries, doit aujourd’hui composer avec un stock de moteurs électriques inutilisés, une production en baisse, et des prévisions revues à la baisse par sa coentreprise Emotors. Une régression ? Plutôt une précaution. Car les normes européennes, si elles restent strictes, n’imposent l’interdiction des ventes thermiques qu’en 2035, pas en 2030. Stellantis entend donc jouer la montre.

Même Renault, pourtant plus avancé technologiquement, commence à ralentir ses investissements. Dans ce contexte, Stellantis veut rester agile, quitte à abandonner son statut de pionnier.

Quand les ambitions s’électrifient… à reculons

Stellantis n’est pas le seul à réviser ses ambitions. Mais son revirement marque une rupture claire avec le discours dominant de ces dernières années. Ce n’est pas seulement une adaptation technique : c’est un changement de philosophie. La transition ne sera pas linéaire, ni radicale. Elle sera hybride, négociée, et surtout dictée par les réalités du marché.

Ce qui devait être une révolution devient un processus graduel, soumis à des arbitrages commerciaux. En misant sur des plateformes mixtes, Stellantis s’offre la possibilité de revenir à l’électrique… quand le marché sera prêt. Mais il devra aussi renoncer, au moins temporairement, à l’image de précurseur qu’il s’était lui-même forgée.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

1 comment on «La voiture électrique cale, ce grand groupe change de cap !»

  • jeloag

    Je ne suis pas d’accord avec ce que vous écrivez sur C Tavares car depuis le début il avait dénoncé l’absurdité des VE, disant même que si on avait laissé faire les constructeurs autos, ils auraient réussi à sortir des moteurs non électriques plus vertueux. Maintenant qu’il a été viré tout le monde y va de son couplet

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