Le ministre de la Santé américain, Robert F. Kennedy Jr., a annoncé le renvoi de tous les membres du Comité consultatif sur les pratiques de vaccination (Advisory Committee on Immunization Practices, ACIP), en invoquant un impératif de réforme. Une décision qui relance violemment le débat sur les vaccins, la confiance du public et la place des intérêts privés dans les politiques sanitaires.
Vaccins : le ministre de la santé américain congédie tous les experts
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Published on 10 juin 2025 15h30
Vaccins : une purge au nom de la transparence selon le ministre de la Santé
Dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal et un communiqué officiel, Robert F. Kennedy Jr. a justifié cette révocation en bloc par la volonté de "restaurer la confiance du public". Selon lui, le panel serait « miné par des conflits d’intérêts persistants » et se contenterait d’agir comme « une simple chambre d’enregistrement pour n’importe quel vaccin », peut-on lire dans Le Figaro.
Robert F. Kennedy, connu pour ses positions sceptiques vis-à-vis des vaccins, déclare vouloir soustraire les décisions sanitaires à toute influence industrielle : « Aujourd’hui, nous donnons la priorité au rétablissement de la confiance du public plutôt qu’à un quelconque programme pro ou antivaccins », a-t-il affirmé, avant d’insister dans des propos rapportés par Europe 1 : « Le public doit savoir que les recommandations de nos agences de santé sont fondées sur des données scientifiques impartiales, évaluées dans le cadre d’un processus transparent et à l’abri des conflits d’intérêts ».
Des critiques virulentes contre une décision jugée dangereuse par la communauté médicale
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Paul Offit, pédiatre, virologue et ancien membre du comité, s’indigne : « Il règle un problème qui n’existe pas », accusant RFK de voir « quiconque parle en bien des vaccins [...] dans la poche de l’industrie ». Il s’interroge : « Comment ce pays peut-il être sûr que les personnes que RFK Jr souhaite voir siéger [...] sont des personnes dignes de confiance ? » Susan Kressly, présidente de l’Académie américaine de pédiatrie, va plus loin dans son communiqué : « Nous assistons à une escalade des efforts déployés par le gouvernement pour réduire au silence l’expertise médicale indépendante et alimenter la méfiance à l’égard des vaccins qui sauvent des vies ».
Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat, fustige une mesure « imprudente, radicale et ancrée dans les théories conspirationnistes, pas la science », estimant que « balayer un groupe entier d’experts sur les vaccins ne renforce pas la confiance mais la brise ». Bernie Sanders renchérit : « Alors que nous devrions renforcer la confiance dans la science et élargir l’accès aux soins de santé, ce gouvernement fait exactement le contraire ».
Vaccins : l’ombre persistante du scepticisme ministériel dans les décisions de santé publique
Ce coup de balai ne tombe pas de nulle part. Robert F. Kennedy Jr. est depuis longtemps une figure controversée pour ses positions vaccinosceptiques. Il a notamment affirmé, contre toute évidence scientifique, que le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) pourrait causer l’autisme. Depuis son entrée en fonction, il a restreint l’accès au vaccin contre le Covid-19, et a continué à semer le doute sur le ROR, alors même que les États-Unis connaissent la plus grave épidémie de rougeole depuis des années, avec déjà trois décès et plus de 1 100 cas recensés.
Les craintes exprimées par les experts sont d’autant plus vives que la prochaine réunion de l’ACIP doit se tenir du 25 au 27 juin au siège des CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies) à Atlanta. Un nouveau panel, encore inconnu, y sera-t-il installé d’ici là ? Et qui en définira la légitimité ?