À l’approche de l’été, les Français préparent leurs vacances, calculatrice en main. Si la voiture reste leur mode de transport préféré, l’évolution des comportements montre que l’arbitrage budgétaire a pris le volant.
Vacances d’été : quel budget pour les trajets en voiture ?

Le 10 juin 2025, l’étude publiée par OpinionWay pour Point S a livré un panorama révélateur de la façon dont les Français envisagent leurs vacances d’été. Principal enseignement : la voiture reste majoritaire, mais elle est désormais soumise à un filtre implacable — celui du budget.
Moins de départs, plus d’arbitrages : la voiture sous contrainte budgétaire
À l’été 2025, seuls 53 % des Français ont prévu de partir en vacances, en baisse de deux points par rapport à 2024. 31 % déclarent qu’ils ne partiront pas du tout. Ce chiffre ne tombe pas du ciel. Il traduit une forme de résignation économique : 42 % des répondants affirment que les prix restent trop élevés, et 31 % annoncent restreindre volontairement leurs déplacements estivaux.
La voiture reste en tête (60 %) comme moyen de transport, mais ce chiffre chute inexorablement (–7 points en un an, –15 points depuis 2020). L’essoufflement est net. Dans les territoires ruraux, elle reste incontournable (75 %), mais dans les agglomérations denses, son usage s’érode (43 % en Île-de-France). L’écart est manifeste : 29 points séparent les communes rurales des zones urbaines denses.
Rouler coûte cher : la voiture ne fait plus illusion
71 % des automobilistes interrogés estiment qu’ils ne dépenseront pas plus de 300 euros pour se rendre sur leur lieu de vacances (carburant, péages, stationnement inclus). Dans le détail, 31 % se situent entre 100 et 199 euros, et 30 % entre 200 et 299 euros. Pour un tiers des foyers (29 %), ce poste dépassera tout de même les 300 euros — un montant non négligeable alors que la majorité des Français se disent encore affectés par le coût de la vie.
La modération de l’inflation semble passer inaperçue : « Non, les prix restent très élevés et je ne constate pas la baisse » affirment 42 % des répondants. L’effet psychologique d’une inflation persistante est clair : même en l’absence de flambée, le simple souvenir des hausses suffit à inhiber la dépense.
Les Français aiment la praticité de la voiture
Pourquoi continue-t-on malgré tout à privilégier la voiture ? Pour des raisons d’usage avant tout. 74 % la choisissent pour sa praticité logistique (enfants, bagages, trajets flexibles), et 62 % estiment qu’aucune autre alternative ne permettrait le même type de voyage. Les raisons économiques ne viennent qu’après, à 44 %. Et l’argument écologique n’est invoqué que par… 14 %.
Autrement dit : on roule parce qu’on ne peut pas faire autrement, plus que par réel choix. Le train (12 %) et le covoiturage (6 %) progressent, mais lentement, faute d’une offre suffisante ou abordable sur tout le territoire. Pour beaucoup, la voiture reste le seul outil disponible, mais son coût s’avère de moins en moins neutre dans la balance.
Thermique toujours en tête, électrique encore marginale
La domination du moteur thermique reste écrasante (82 %). L’hybride stagne à 12 %, et l’électrique, bien que légèrement en hausse, atteint tout juste 5 %. À ce rythme, le verdissement du parc automobile semble davantage repoussé que réalisé. La transition reste freinée par des obstacles matériels : coût à l’achat, autonomie, réseau de recharge insuffisant.
La répartition par âge et catégorie sociale le confirme : les CSP+ et les jeunes actifs sont plus enclins à utiliser des modèles hybrides ou électriques, mais les écarts restent modestes. En milieu rural, la voiture thermique reste quasi hégémonique. La sobriété imposée se fait plus sentir que l’innovation souhaitée.