Alors que le thermomètre grimpe, le portefeuille des Français, lui, semble fondre. Derrière les cartes postales souriantes, se cache une réalité bien plus contrastée. Cette année encore, les congés d’été n’échappent pas à l’épreuve des chiffres.
Vacances en crise : quand partir devient un luxe ordinaire

Le 2 juin 2025, une série d’enquêtes dévoile un constat sans appel : les vacances sont devenues, pour une partie croissante des Français, un privilège sous contrainte. Entre inflation, précarisation rampante et arbitrages budgétaires, les départs estivaux prennent des allures de combat logistique. Et pourtant, malgré la crise économique, le besoin de souffler n’a jamais été aussi pressant.
Vacances : un budget sous haute pression
Le cœur de l’été 2025 bat au rythme de la modération. Le budget moyen prévu par foyer pour les vacances atteint 1 597 euros, selon une étude menée par Viavoice pour Voyages E.Leclerc. Un chiffre cohérent avec d’autres estimations récentes : 1 598 euros selon Capital et 1 820 euros d’après Ipsos pour l’Alliance France Tourisme. Une enveloppe bien éloignée des 2 200 euros dépensés en moyenne avant la pandémie.
Mais derrière la moyenne, la fracture sociale se creuse. Les cadres affichent une capacité de financement deux fois supérieure à celle des ouvriers : 2 334 euros contre 1 474 euros. Les étudiants ? À peine 967 euros. Pire : un quart des Français ne partira pas du tout, selon plusieurs enquêtes croisées, un chiffre qui grimpe à 31 % en zone rurale.
« Certains d'entre eux envisagent de réduire leur séjour de deux ou trois jours pour rentrer dans leurs frais, mais sans pour autant se serrer la ceinture » – MarieFrance.fr, mai 2025
Vacances 2025 : quand la France choisit l’économie… ou l’abstention
Les arbitrages sont devenus la norme. Selon Voyages E.Leclerc, 53 % des Français choisissent désormais de partir hors saison, 36 % réservent en avance et 42 % comparent systématiquement les prix avant de se décider. Les stratégies se multiplient : camping, location entre particuliers, chèques vacances, paiement échelonné, ou hébergement chez des proches.
La paupérisation n’est plus un mot abstrait : elle se niche dans chaque coin d’itinéraire, chaque réservation suspendue. Le simple fait de voyager devient un luxe sous conditions.
La France divisée sous le soleil des vacances
D’un côté, les ultras riches qui prévoient plus de 3 000 euros de budget. De l’autre, une majorité contrainte de rogner sur tout : destination, durée, hébergement. Le décalage est tel que 26 % des parents ne prévoient pas de partir, selon Voyages E.Leclerc. Pour certains, ce sont les enfants qui paient la facture cachée de l’austérité.
« 70 % des Français resteront dans l’Hexagone » – Voyages E.Leclerc, 2 juin 2025
Les destinations françaises — Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie — caracolent en tête, bien devant les escapades internationales comme la Tunisie, les Baléares ou la Crète. La logique est simple : minimiser les transferts, contourner les surcoûts de billets, réduire les aléas météo.
Pour ceux qui franchissent les frontières, ce sont majoritairement les moins de 35 ans qui osent encore lorgner vers l'Europe. Mais là encore, seuls les plus solvables franchissent le pas.
Vacances, un révélateur social plus qu’un moment de détente
Sous couvert de repos, de plage et de grillades, les vacances reflètent brutalement la France à deux vitesses. Les aides sociales n’ont pas suivi, les dispositifs de soutien aux départs (ANCV, chèques vacances) restent inaccessibles à une majorité des précaires.
Les inégalités fiscales alimentent la fracture. Tandis que les plus riches bénéficient d’un régime d’optimisation bien rodé, les classes moyennes voient leurs taux d’impôt maintenus à un niveau étouffant, sans retour proportionné en redistribution pour le loisir.
Même la sécurité sociale des vacances est en tension : 41 % craignent des soucis de santé, 25 % la perte de bagages. Plus qu’un temps de pause, l’été devient un terrain d’imprévus... budgétaires comme matériels.
Conclusion : l’été des inégalités ordinaires
En 2025, partir en vacances est devenu un révélateur implacable de l’état social du pays. Derrière les chiffres, ce sont des trajectoires de vie qui divergent. Certains partiront en Grèce, d'autres au camping à 20 kilomètres. D’autres encore n’iront nulle part. Pas par choix. Par défaut.