Vacances d’été : les enfants révisent, la nouvelle normalité des familles françaises

Les vacances d’été s’annoncent… studieuses. Et si l’été n’était plus synonyme de coupure ? Un vent nouveau souffle sur les habitudes éducatives françaises, bousculant l’idée même de « trêve scolaire ». Analyse d’un phénomène discret mais massif.

By Alix de Bonnières Published on 28 juin 2025 18h00
vacances d'été
Vacances d’été : les enfants révisent, la nouvelle normalité des familles françaises - © Economie Matin
01 42 71 91 71Voici le numéro des Cours Legendre pour toute question sur des solutions pour la réussite scolaire de vos enfants.

Une nouvelle norme éducative s’impose pendant les vacances d'été

À quelques jours des départs estivaux, une donnée interroge : 98,1 % des parents envisagent de faire réviser leurs enfants pendant les vacances. Une statistique issue du baromètre annuel de Cours Legendre, qui traduit une mutation profonde. En 2023, ils étaient encore 91 %. L’année dernière, 94 %. Cette année, presque tous.

Pourquoi ce basculement ? « Ce baromètre montre un changement culturel profond : les vacances ne sont plus pensées comme une parenthèse mais comme un temps à part entière dans le parcours éducatif », observent Naël Hamameh et Jean de La Porte, co-directeurs des Cours Legendre.

Le message est clair : la continuité pédagogique ne s’interrompt plus en juillet.

Les vacances, entre devoirs et ambition

Le terme vacances résonne désormais avec organisation et discipline. Plus de la moitié des foyers concernés instillent des temps d’étude plusieurs fois par semaine. Près d’un quart impose un rythme quotidien. Une frénésie planifiée, parfois millimétrée.

Les parents ne visent plus seulement le rattrapage. La majorité des enfants concernés affiche des résultats solides : deux sur trois ont une moyenne comprise entre 14 et 18/20, et 16 % dépassent même 18. L’objectif est clair : maintenir, renforcer, dépasser.

Les parents investissent dans des outils multiples, combinant tradition et technologie. Le cahier de vacances reste l’arme de base — utilisé par 93,5 % des familles — mais ne suffit plus. Viennent s’y greffer les devoirs à distance, les cours particuliers, les stages intensifs. Les formats se diversifient, les finalités aussi.

Un marché éducatif en mutation

Cette période estivale n’échappe pas à la logique de l’anticipation. Selon Cours Legendre, 15 % des familles veulent prendre de l’avance sur le programme scolaire de l’année suivante. En 2024, elles étaient 11 %. Le temps des révisions correctives laisse place à une culture de la performance.

Ce glissement bénéficie aux acteurs du soutien scolaire. Le nombre d’inscriptions aux stages de juillet et août a progressé de plus de 20 %. Quant à l’offre « Do It Yourself », mêlant cahiers et accompagnement pédagogique souple, elle continue d’attirer des parents soucieux d’allier autonomie et rigueur.

Les classes les plus concernées ? Le CM1, la 6e, la 5e, la 4e : des niveaux charnières. Quant aux matières, ce sont les piliers qui dominent : mathématiques (91 %), français (83,2 %), langues étrangères (43,9 %). Rien de surprenant. Ce sont les fondamentaux qui concentrent l’effort parental pendant les vacances d'été.

Le repos, une variable ajustable

Un été sans pause est-il souhaitable ? La question divise peu. Pour les familles interrogées, il s’agit moins d’imposer que de structurer. Flexibilité, adaptation, personnalisation du rythme sont devenus des maîtres-mots.

Les enfants, eux, doivent conjuguer jeux, voyages, et exercices de conjugaison. La tension entre liberté estivale et exigence scolaire devient palpable.

En toile de fond, une inquiétude : celle d’un système éducatif jugé fragile. Entre baisse perçue du niveau et pression des examens, les parents prennent les devants, parfois là où l’école publique relâche son emprise durant les congés.

Une opportunité ou une contrainte ?

Le modèle des vacances d’été sans cahiers devient marginal. Dans un climat éducatif tendu, la moindre semaine est considérée comme exploitable. Les offres privées s’ajustent, les plateformes numériques explosent, les supports papier se réinventent.

Mais à quel prix ? La frontière entre accompagnement et surcharge est mince. Certains enseignants alertent : l’excès de stimulation pourrait nuire à la motivation intrinsèque des élèves à la rentrée.

Un paradoxe surgit alors : pour bien reprendre, faut-il ne jamais s’arrêter ?

No comment on «Vacances d’été : les enfants révisent, la nouvelle normalité des familles françaises»

Leave a comment

* Required fields