Trump supprime les sanctions contre Damas et durcit son ton contre l’Iran

Un geste présidentiel inattendu de Donald Trump pourrait bien redéfinir les priorités américaines au Moyen-Orient et en Syrie. En toile de fond, un repositionnement stratégique aux conséquences encore floues.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 14 mai 2025 9h26
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142 milliards de dollarsUn contrat d'armement de 142 milliards de dollars a été signé.

Lors du forum d’investissement américano-saoudien, le président Donald Trump a annoncé la levée complète des sanctions américaines contre la Syrie. Cette déclaration, effectuée en présence de responsables régionaux et d’investisseurs, marque un tournant significatif dans la politique étrangère des États-Unis vis-à-vis de Damas. La déclaration du président a été la suivante : « Good luck, Syria. Show us something special. ». Cette décision intervient quelques mois après l’arrivée au pouvoir d’Ahmad al-Charaa, successeur de Bachar al-Assad, et ouvre la voie à une possible normalisation diplomatique entre Washington et Damas.

Trump mise sur la Syrie pour repositionner les États-Unis dans la région

Le président américain a justifié cette initiative par la volonté de favoriser la stabilité régionale et d’encourager un gouvernement syrien « post-Assad » à s’ouvrir à la coopération internationale. Il a affirmé : « J’ordonne la levée de toutes les sanctions contre la nouvelle direction syrienne. Ils méritent une chance de faire leurs preuves. ». Le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Charaa, est une figure controversée. Ancien membre d’une organisation islamiste, il a rompu ses liens avec al-Qaïda en 2016. Pour Donald Trump, la possibilité de transformation politique justifie ce geste diplomatique.

Ce changement de cap a été précédé de consultations avec des partenaires clés de la région, notamment le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président turc Recep Tayyip Erdoğan. En retirant les mesures économiques coercitives, les États-Unis semblent vouloir favoriser la réintégration économique de la Syrie dans un ensemble régional dominé par les logiques d’investissement et de reconstruction. Certains observateurs estiment que cette levée de sanctions pourrait également contribuer à affaiblir l’influence de l’Iran, acteur historique du conflit syrien.

Diplomatie économique et partenariats stratégiques à Riyad

Parallèlement à l’annonce sur la Syrie, Donald Trump a officialisé une série d’accords commerciaux majeurs avec l’Arabie saoudite. Ceux-ci incluent un contrat d’armement de 142 milliards de dollars (environ 132 milliards d’euros) et un engagement d’investissements saoudiens dans l’économie américaine pour un montant de 600 milliards de dollars (environ 560 milliards d’euros). Ce volet économique souligne la volonté de l’administration Trump de repositionner les États-Unis comme acteur central des partenariats régionaux, à travers une diplomatie fondée sur les échanges commerciaux et les relations bilatérales renforcées.

Dans ce contexte, la Syrie apparaît comme un levier potentiel. Si les dirigeants occidentaux restent prudents quant à la figure d’al-Charaa, la perspective d’une stabilisation progressive et d’une coopération encadrée pourrait séduire les investisseurs internationaux, notamment dans les secteurs de l’énergie et de l’infrastructure.

Position offensive de Trump à l’égard de l’Iran

En contraste avec l’ouverture envers la Syrie, Donald Trump a adopté un ton nettement plus ferme vis-à-vis de l’Iran. Il a déclaré : « L’Iran doit revenir à la table des négociations, ou faire face à des sanctions plus sévères. Le temps presse. ». Le président a réaffirmé que la République islamique restait, selon lui, le principal sponsor du terrorisme régional, et a conditionné tout allègement des pressions économiques à une reprise immédiate des négociations sur le nucléaire.

Cette posture s’inscrit dans la continuité de la stratégie américaine dite de « pression maximale », dont les piliers reposent sur l’isolement diplomatique, les sanctions ciblées et la dissuasion militaire. Dans son discours, Donald Trump a également souligné l’importance de soutenir les dirigeants régionaux qui œuvrent pour une nouvelle dynamique, fondée sur la croissance économique et la coopération sécuritaire. Selon ses mots : « The future of the Middle East is trade, not blood. ».

Du côté israélien, la levée des sanctions à l’égard de la Syrie a suscité des inquiétudes. Plusieurs responsables ont exprimé leur réticence face à la réhabilitation d’un régime dont le chef fut autrefois lié à une organisation terroriste. La diplomatie américaine devra donc composer avec des alliés historiques partagés entre prudence sécuritaire et intérêts économiques convergents.

Réactions et perspectives

La population syrienne a accueilli favorablement l’annonce, interprétée comme une opportunité de reconstruction et de retour progressif à une certaine normalité économique. Les analystes régionaux, eux, restent divisés. Certains y voient un pari audacieux sur une ouverture politique encore incertaine. D’autres interprètent ce geste comme un instrument au service d’une politique plus large visant à redéfinir l’architecture des relations entre les États-Unis et leurs partenaires au Moyen-Orient.

La manœuvre s’inscrit dans une vision stratégique qui privilégie l’adaptation aux nouvelles réalités régionales. En mettant l’accent sur la diplomatie économique et les alliances circonstancielles, Donald Trump affirme une fois de plus sa volonté de conduire une politique étrangère axée sur la rentabilité des engagements et la stabilité par les échanges.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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