Tout commence en 2021, lorsque Marc Dobin, avocat spécialiste de l’arbitrage, acquiert une Tesla Model Y. Conquis par la vision d’une voiture capable de se déplacer seule, il débourse 10 000 dollars supplémentaires pour l’option « Full Self-Driving » (FSD), censée offrir une conduite totalement autonome.
Tesla condamnée à rembourser un client pour une conduite autonome jamais livrée
Mais la promesse s’avère vite creuse. « Ce n’était pas juste du marketing pour nous », écrit Marc Dobin dans un billet de blog publié le 30 juin 2025 sur DobinLaw.com et partagé par le site Les Numériques. Il y raconte comment, confronté à l’incapacité d’activer le système, il découvre que Tesla exige en amont une “note de sécurité” fondée sur une conduite irréprochable. Une condition jamais précisée au moment de l’achat. Même lorsque ce score est atteint, le système FSD reste semi-actif et nécessite une vigilance humaine constante. Un comble pour une conduite “autonome”.
Tesla sur le banc des accusés
Déterminé, Marc Dobin active la clause d’arbitrage obligatoire contenue dans le contrat de vente Tesla. L’audience, organisée en ligne sur Zoom, se tient plusieurs mois plus tard. La marque californienne y envoie un simple technicien, incapable de répondre aux questions fondamentales : quelles versions matérielles ont été installées ? Quels engagements écrits ont été pris ? Quelle compatibilité logicielle a été vérifiée ?
L’arbitre conclut que la fonctionnalité « n’était ni fonctionnelle, ni opérationnelle, ni même disponible » au moment de l’achat. En conséquence, Tesla est contrainte de rembourser non seulement les 10 000 dollars du FSD, mais aussi les 8 000 dollars de frais d’arbitrage engagés par le plaignant. Une addition salée de près de 18 000 dollars. Et surtout, un précédent juridique qui dérange.
Conduite autonome ou escroquerie algorithmique ?
Depuis 2016, Elon Musk martèle que les véhicules Tesla sont « prêts pour la conduite autonome totale ». Or, en janvier 2025, il reconnaissait que même les véhicules équipés de la plateforme matérielle HW3 « ne suffiraient pas » pour atteindre un niveau de conduite totalement automatisé sans supervision humaine. Tesla persiste pourtant à commercialiser cette fonctionnalité inachevée comme un produit tangible.
Le marketing est agressif, les démonstrations spectaculaires, mais les faits techniques contredisent les promesses. Des milliers de clients, aux États-Unis et ailleurs, ont payé entre 10 000 et 15 000 dollars pour FSD. Combien, comme Marc Dobin, n’ont jamais pu activer ce qu’ils avaient acheté ?
Une jurisprudence explosive pour Tesla
L’affaire Dobin contre Tesla pourrait faire jurisprudence. D’innombrables utilisateurs commencent à examiner leurs contrats, leurs droits, et les écarts entre la promesse commerciale et la livraison réelle du service. En particulier, la présence systématique de clauses d’arbitrage empêche les actions collectives, un mécanisme qui pourrait désormais être contourné si des milliers de cas similaires sont validés par voie privée.
Pour Tesla, cette décision n’est pas seulement une perte financière. C’est une menace structurelle, celle de voir ses fondements marketing, déjà contestés par plusieurs régulateurs, comme la DGCCRF en France, s’effondrer sous le poids de la vérité technique.