Cette substance serait encore plus addictive que la nicotine

Une nouvelle substance, la métatine, présente dans certains produits de vapotage attire l’attention des autorités sanitaires. Derrière son apparente nouveauté se cachent des effets qui pourraient poser un risque important pour la santé publique, voire pire que la nicotine.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 27 mai 2025 11h46
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substance-encore-plus-addictive-que-nicotine - © Economie Matin
3,3 fois supérieurLa métatine pourrait être « jusqu’à 3,3 fois supérieur à celui de la nicotine ».

Le 26 mai 2025, à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, le Comité national contre le tabagisme (CNCT) a mis en garde contre la métatine, un composé chimique récemment introduit dans des cigarettes électroniques commercialisées comme « sans nicotine ». Cette alerte vise à interroger les pratiques de l’industrie du vapotage et à sensibiliser sur une molécule encore peu étudiée mais déjà largement diffusée.

Une molécule proche de la nicotine mais potentiellement plus puissante

La métatine, également désignée sous le nom de 6-méthyl-nicotine, est un analogue chimique de la nicotine. D’après le CNCT, cette substance agit de façon similaire sur les récepteurs cérébraux impliqués dans l’addiction. Elle aurait un pouvoir addictif qui pourrait être « jusqu’à 3,3 fois supérieur à celui de la nicotine », selon les résultats d’études précliniques mentionnées dans le communiqué du 26 mai.

Le CNCT précise que cette molécule est présente dans des produits estampillés « NoNic », promus comme des alternatives sans nicotine. Pourtant, leurs effets pharmacologiques sont proches, voire plus intenses. C’est cette ambiguïté que dénonce l’association, pointant un risque de confusion pour les consommateurs, notamment les plus jeunes.

Les enjeux du sevrage et les limites de la cigarette électronique

Le développement de la cigarette électronique s’est accompagné d’un discours répandu selon lequel elle constituerait une aide au sevrage tabagique. L’introduction de substances comme la métatine remet en question cette logique. Le CNCT insiste sur le fait que ces produits « NoNic » pourraient entretenir, voire aggraver, la dépendance à la nicotine sous une autre forme.

Interrogée par l’AFP, Anne Batisse, responsable du centre d’addictovigilance de Paris, souligne le manque d’études approfondies sur cette molécule : « Le cobaye, c’est l’homme », a-t-elle déclaré, soulignant le manque de recul scientifique sur ses effets à long terme.

Une stratégie de contournement réglementaire ciblant les jeunes

Selon le CNCT, la métatine permet à certains fabricants de contourner les réglementations encadrant la nicotine, tout en continuant à proposer des produits susceptibles de créer une dépendance. Cette pratique est facilitée par un marketing actif sur les réseaux sociaux, des arômes attractifs, et un emballage visuellement engageant.

Dans sa communication, l’association évoque des noms de saveurs tels que « muffin », « mangue glacée » ou « cola », conçus pour séduire un public jeune. Ces pratiques sont jugées préoccupantes au regard des réglementations sanitaires existantes, notamment l’interdiction de publicité pour les produits de vapotage.

Vers un encadrement renforcé des substances analogues

Le CNCT a engagé une action en justice contre la marque Aroma King, à l’origine de la commercialisation de certains de ces produits. L’association demande un renforcement de la législation, afin que toutes les substances agissant sur les récepteurs nicotiniques soient soumises aux mêmes obligations réglementaires que la nicotine classique.

Yves Martinet, président du CNCT, déclare : « Ces dispositifs, tout comme les stratégies marketing qui les accompagnent, sont déployés […] dans un objectif clair : contourner les réglementations en vigueur et étendre leur base de consommateurs, y compris chez les plus jeunes ».

Le CNCT recommande également d’interdire la vente en ligne de ces produits, de renforcer les contrôles et d’alourdir les sanctions en cas de non-conformité. Une campagne de sensibilisation intitulée « Le goût du mensonge » a été lancée sur les réseaux sociaux pour informer le public.

Une surveillance à renforcer dans un contexte de diversification des produits

La métatine s’inscrit dans une tendance plus large de diversification des produits contenant des analogues de la nicotine. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment souligné les risques liés à ces substances qui permettent aux fabricants de contourner les lois en vigueur dans de nombreux pays.

Dans ce contexte, les appels à une réforme de la législation se multiplient, afin d’anticiper l’apparition de nouveaux composés et de garantir une protection efficace des consommateurs, en particulier les plus jeunes.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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