Depuis plusieurs années, des propriétaires de véhicules équipés du moteur PureTech dénoncent des pannes à répétition et des dysfonctionnements graves. Aujourd’hui, 900 victimes passent à l’action et déposent une plainte contre Stellantis pour fraude et escroquerie.
Stellantis : 900 clients portent plainte pour fraude

Le 14 février 2025, 900 propriétaires de véhicules équipés du moteur 1.2 PureTech ont officiellement déposé une plainte contre Stellantis auprès du procureur de Versailles. Révélée en exclusivité par RMC, cette action judiciaire inédite vise le constructeur automobile pour fraude, pratiques commerciales trompeuses et mise en danger de la vie d’autrui. Ce moteur, utilisé par Peugeot, Citroën, Opel et DS, est accusé d’être à l’origine de défaillances en série ayant conduit à des casses moteur, des baisses de pression d’huile et des pertes d’assistance au freinage.
Stellantis face à la justice : une plainte collective inédite
Depuis plusieurs années, les propriétaires de véhicules équipés du moteur PureTech dénoncent des dysfonctionnements majeurs. Des milliers de témoignages font état de pannes prématurées, des cas de perte d’assistance au freinage, de casses moteur répétées et d’un coût exorbitant des réparations, souvent laissées à la charge des automobilistes. Face à l’inaction de Stellantis et aux échecs des recours amiables, une première plainte collective se prépare.
Selon une information exclusive de RMC, 900 victimes ont décidé de franchir une étape décisive en saisissant la justice. Cette plainte, déposée le 14 février 2025 auprès du procureur de Versailles, pourrait ouvrir la voie à une procédure judiciaire d’ampleur contre Stellantis et remettre en cause sa gestion des rappels de véhicules défectueux. Selon les avocats des victimes, plus de 500 000 véhicules seraient concernés par des défauts de conception graves.
Une stratégie de Stellantis pour minimiser les indemnisations ?
En janvier 2025, Stellantis a lancé une plateforme d’indemnisation pour les victimes des moteurs PureTech. Cette initiative est perçue comme une manœuvre dilatoire par les avocats des plaignants. La plateforme n’est accessible que pour les réparations effectuées entre 2022 et 2024, excluant ainsi de nombreux propriétaires ayant subi des pannes avant cette période. Stellantis impose une condition contestée : toute personne acceptant l’indemnisation doit renoncer à toute poursuite judiciaire. Les montants proposés varient fortement selon les cas, certains automobilistes se voyant offrir des remboursements partiels, tandis que d’autres n’obtiennent rien, faute d’un dossier conforme aux critères restrictifs imposés par le constructeur.
Cette stratégie vise à limiter l’ampleur de la plainte collective et à éviter une condamnation plus lourde devant les tribunaux. Les avocats dénoncent une tentative de Stellantis d’acheter le silence des consommateurs en leur proposant des compensations financières limitées. Selon eux, il s’agit avant tout d’une opération de communication visant à désamorcer la colère grandissante des victimes, sans réellement prendre en charge l’ampleur des préjudices subis.
Un procès qui pourrait durer des années
Les avocats préviennent que l’affaire pourrait traîner pendant au moins cinq ans. Stellantis dispose de ressources juridiques considérables et pourrait multiplier les recours pour ralentir la procédure. La stratégie du constructeur repose sur l’épuisement des plaignants, mis face à des délais interminables et des frais judiciaires dissuasifs. Certains avocats anticipent une bataille procédurale féroce, avec des tentatives de Stellantis de minimiser l’ampleur du scandale en contestant la recevabilité de certaines plaintes et en fragmentant l’action collective. Malgré cela, les plaignants espèrent que cette action judiciaire incitera davantage de victimes à se joindre à la plainte, augmentant ainsi la pression sur l’industriel.
Les victimes ont désormais deux options : accepter l’indemnisation proposée par Stellantis, qui reste partielle et soumise à conditions, ou poursuivre la procédure judiciaire en espérant obtenir une réparation complète de leur préjudice. Ce choix est difficile, car si la plateforme d’indemnisation permet d’obtenir un remboursement plus rapide, la procédure judiciaire pourrait offrir une compensation plus juste à long terme. Plusieurs associations de consommateurs encouragent les automobilistes à ne pas céder trop vite et à attendre de voir comment évolue l’action collective, soulignant que des précédents juridiques pourraient forcer Stellantis à revoir ses offres d’indemnisation à la hausse.