Dans l’univers des formations au leadership, les soft skills occupent désormais une place reconnue. Compétences relationnelles, intelligence émotionnelle, gestion du stress, écoute active : autant de dimensions désormais considérées comme des leviers essentiels de performance collective. Pourtant, leur intégration au cœur des dispositifs pédagogiques reste, dans de nombreux cas, en voie de structuration.
Soft skills : vers une formation ancrée dans la réalité du leadership

Longtemps considérées comme des compléments aux enseignements « durs » – stratégie, finance, pilotage opérationnel – les soft skills ont souvent pris la forme de modules ponctuels : ateliers de communication bienveillante, sessions de développement personnel ou tests de personnalité. Ces formats, qui ont permis une première prise de conscience, ont parfois des difficultés à faire le lien direct avec les responsabilités concrètes du dirigeant.
Apprentissage des soft skills : une évolution progressive des approches
Plusieurs institutions ont néanmoins engagé une transformation dans leur programme. HEC Paris a intégré une dimension de développement personnel dans son Executive MBA, avec une approche croisée entre introspection, leadership d’équipe et vision stratégique. INSEAD, de son côté, propose des dispositifs de feedback à 360°, pour aider les participants à mieux percevoir leur impact dans des contextes de complexité. IMD Business School fait appel aux dynamiques de groupe pour travailler la posture du leader dans l’action. Enfin, l’ESCP explore l’intelligence relationnelle à travers des approches créatives qui relient émotions, communication et autorité.
Ces démarches traduisent une volonté commune : relier plus étroitement les compétences humaines aux exigences du pilotage d’entreprise.
Le CPA Lyon : l’intégration des soft skills au cœur de la posture dirigeante
À Lyon, le Centre de Perfectionnement aux Affaires (CPA) pousse cette logique un cran plus loin. Son programme, dédié aux dirigeants et aux cadres accédant aux fonctions de direction générale, repose sur une pédagogie intégrée où les soft skills ne sont pas abordées en marge, mais au centre des apprentissages.
Plutôt que d’externaliser cette dimension à des consultants spécialisés, le CPA fait appel à des professionnels aux profils variés : psychologues en préparation mentale, anciens instructeurs de Saint-Cyr ou de l’École de Guerre. Objectif : relier les enjeux humains aux réalités du commandement, de la prise de décision en contexte incertain à la gestion de crise.
La formation est construite comme un entraînement progressif, dont l’intensité augmente à mesure que le participant est confronté à sa propre posture. L’un des intervenants résume l’esprit de cette démarche : « Le vrai leadership, ce n’est pas seulement décider, c’est avancer avec lucidité quand l’environnement devient incertain ».
Quatre postures pour exercer une autorité ajustée
Au CPA, la méthode repose sur un enchaînement structurant : réfléchir, décider, agir, faire agir. Chaque étape confronte les participants à des situations complexes, inspirées de contextes réels. Il s’agit d’apprendre à discerner entre ce qui est possible, souhaitable et acceptable, tout en intégrant les tensions humaines qui traversent toute organisation.
L’accent est ainsi porté sur le développement du discernement, de la stabilité émotionnelle et de la capacité à entraîner les équipes. Un formateur, ancien officier du renseignement, introduit ces séquences avec un rappel clair : « Apprendre à décider dans l’incertitude », une référence à l’ouvrage du général Vincent Desportes, qui structure une grande partie de la réflexion sur le commandement dans les environnements instables.
Une formation ancrée dans la réalité de l’exercice de l’autorité
Ce que propose le CPA, ce n’est pas une alternative aux approches existantes, mais un approfondissement. Les soft skills ne sont pas isolées du reste des apprentissages, elles sont articulées à la stratégie, à la gestion, à la gouvernance. Loin des modèles figés, cette méthode place le dirigeant au cœur d’un parcours exigeant mais profondément réaliste, où le leadership s’apprend non comme un savoir figé, mais comme une posture à affiner.
L’incertitude devient la norme et les organisations doivent sans cesse s’adapter. Le leadership aujourd’hui repose donc plus que jamais sur une capacité à relier vision et relation, décision et sens. Les soft skills, bien intégrées, y contribuent pleinement.