Une réforme du service national universel (SNU) est à l’étude. Plusieurs scénarios sont proposés, allant d’un simple élargissement du dispositif existant à un retour du service militaire obligatoire.
Un SNU à 600 millions ou un service militaire à 15 milliards : la France hésite

Le 5 mai 2025, le Haut-commissariat au Plan (HCP), en partenariat avec France Stratégie, a présenté plusieurs hypothèses de transformation du service national universel (SNU). Dans un contexte de tensions internationales croissantes et de réflexion sur l’engagement civique de la jeunesse, ces scénarios interrogent aussi bien sur les orientations éducatives que sur les priorités budgétaires du pays.
Un SNU élargi, une jeunesse mobilisée autrement
Parmi les propositions figurant dans la note du HCP, le scénario le plus modéré consiste à renforcer le dispositif actuel. Aujourd’hui destiné aux jeunes de 15 à 17 ans sur une base volontaire, le SNU pourrait être étendu pour accueillir jusqu’à 200 000 participants par an, contre environ 40 000 actuellement. Le coût de ce renforcement est estimé à 600 millions d’euros.
Un second scénario, plus ambitieux, envisage de rendre le SNU obligatoire pour l’ensemble d’une classe d’âge, avec une durée de six mois, incluant une formation militaire. Ce dispositif pourrait concerner jusqu’à 600 000 jeunes chaque année pour un coût avoisinant 15 milliards d’euros, selon les calculs du HCP.
Deux scénarios intermédiaires, dits hybrides, combinent un stage de cohésion de douze jours, une mission d’intérêt général et, pour les volontaires, une période de service militaire de trois mois. Le coût de ces modèles est évalué à environ 5 milliards d’euros.
Une valorisation du SNU dans les parcours éducatifs et professionnels
Quelle que soit la formule retenue, le rapport du HCP recommande que l’engagement dans le SNU soit reconnu dans les cursus scolaires, universitaires et administratifs. La note propose que cette participation puisse être prise en compte dans le calcul de la retraite des agents publics, ou dans les critères de sélection pour certains concours.
L’Éducation nationale serait mobilisée pour promouvoir activement le SNU auprès des élèves. Des établissements scolaires pourraient devenir des relais institutionnels de cette mobilisation, avec pour objectif de renforcer la cohésion sociale et le sentiment d’appartenance à la République.
Une réflexion budgétaire dans un contexte de réorientation stratégique
Le contraste est notable entre ces propositions ambitieuses et les arbitrages récents. Le budget 2025, tel qu’adopté, prévoit une baisse des crédits consacrés au SNU par rapport à l’année précédente. En 2023, ce dernier avait bénéficié de 96 millions d’euros pour 40 000 jeunes engagés dans des séjours de cohésion, tandis que le service civique représentait 524 millions d’euros pour 88 000 participants.
Dans le même temps, les investissements dans le secteur de la défense connaissent une dynamique inverse. Le gouvernement continue d’allouer des ressources importantes à la modernisation des forces armées, au développement des réserves opérationnelles et aux politiques de recrutement.
En toile de fond, un contexte géopolitique changeant
La guerre en Ukraine, la montée des tensions aux frontières orientales de l’Europe et la nécessité de renforcer la résilience nationale sont autant de facteurs qui expliquent cette réflexion sur le rôle de la jeunesse dans la stratégie de défense globale.
C’est dans ce contexte qu’Emmanuel Macron a sollicité, début 2025, des propositions concrètes pour faire évoluer le SNU vers un outil de mobilisation civique à plus grande échelle. Le président de la République n’a toutefois pas exprimé de préférence pour l’un ou l’autre des scénarios étudiés, laissant place à un débat public et parlementaire à venir.