Santé au travail : la CGT alerte sur une dégradation alarmante

À cinq jours de la Journée mondiale pour la santé et la sécurité au travail, le 23 avril, la Confédération générale du travail (CGT) a sonné l’alarme. Dans un communiqué au ton sans détour, le syndicat appelle à une « réponse à la hauteur » après l’annonce de 759 morts sur le lieu de travail en 2023, un bilan en hausse par rapport à l’année précédente. Un signal de détresse lancé au cœur d’un paysage professionnel que la CGT juge de plus en plus délétère.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 24 avril 2025 15h00
Santé au travail : la CGT alerte sur une dégradation alarmante
Santé au travail : la CGT alerte sur une dégradation alarmante - © Economie Matin

Conditions de travail : la CGT alerte sur une spirale descendante

Dès l’intitulé de son communiqué, la CGT pose le ton : « Le constat est glaçant ». Avec 759 décès au travail, soit une augmentation de 2,8 % par rapport à 2022, la question n’est plus de débattre des causes, mais de constater l’inaction. « Cette aggravation alarmante demande une réponse à la hauteur », assène le syndicat, dans des propos rapportés par CNEWS, pointant un « silence assourdissant des pouvoirs publics ».

Le tableau dressé par la CGT ne se limite pas aux seuls décès directs. S’ajoutent 332 morts sur le trajet domicile-travail, 196 liées à des maladies professionnelles, et une flambée des troubles musculosquelettiques (+9,5 % en un an), soit 1282 décès liés au travail au total. À l’heure où la prévention devrait être un réflexe systémique, les politiques publiques semblent préférer les rustines aux réformes de fond.

Risque professionnel : une question de santé publique ignorée

En toile de fond, la sous-déclaration massive des accidents et maladies professionnelles pèse lourdement : entre 2 et 3,8 milliards d’euros d’impact budgétaire selon la CGT. Cette dissimulation partielle, loin d’être anecdotique, plombe les comptes de la Sécurité sociale et fragilise le financement des indemnités journalières maladie, dont les conditions d’attribution ont été durcies récemment par le gouvernement. Alors que les réformes s’empilent, la reconnaissance de la pénibilité du travail s’efface.

Le Compte professionnel de prévention (C2P) censé compenser les métiers exposés aux risques, est dénoncé par la CGT : avec à peine 5000 comptes ouverts, l’outil est jugé inefficace. Le Fonds d’investissement pour la prévention de l’usure professionnelle (FIPU), doté d’un milliard d’euros sur quatre ans, n’est selon le syndicat qu’un subside sans engagement pour les entreprises, déconnecté des besoins réels des travailleurs.

Un rassemblement organisé par la CGT

Le 28 avril prochain, dans plusieurs villes de France, Nantes, Paris, Angers, Le Mans, la CGT organisera des rassemblements devant les hôpitaux. L'objectif ? Mettre en lumière les métiers les plus accidentogènes, ceux pour qui l’uniforme devient un gilet funéraire. Le syndicat invite les professionnels à venir en tenue de travail : égoutiers, aides-soignantes, ouvriers, tous les « invisibles » qu’une réforme pourrait priver de retraite. L’espérance de vie d’un égoutier, inférieure de 17 ans à la moyenne nationale, résume l’injustice. Pour la CGT, repousser l’âge de départ à 64 ans, c’est condamner ces travailleurs à ne jamais connaître la retraite.

Une stratégie gouvernementale sous tension

Face aux critiques, le ministère du Travail défend ses efforts : quatrième plan de santé au travail, mise en œuvre du plan de prévention des accidents graves et mortels, réforme du système de santé au travail. Mais le bilan publié le 31 janvier 2025 au Comité national de prévention reste flou sur les effets réels de ces politiques.

Le gouvernement mise aussi sur la modernisation du système via l’intelligence artificielle et l’adaptation climatique, mais sans articulation directe avec les réalités de terrain dénoncées par les syndicats.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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