Dans les granités se cache une substance bien moins innocente qu’elle en a l’air : le glycérol. Une récente étude scientifique met en lumière des effets dangereux sur la santé des jeunes enfants, conduisant certains à l’hôpital en urgence.
Santé : n’achetez plus de granités à vos enfants !
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Published on 13 mars 2025 12h17
21Sur les 21 cas analysés par l'étude, tous concernaient des enfants devenus gravement malades dans l’heure qui a suivi la consommation d’un granité contenant du glycérol.
Le 13 mars 2025, une étude publiée dans le journal Archives of Disease in Childhood a déclenché une alerte sanitaire sur les granités destinés aux jeunes enfants. Ces boissons sucrées, prisées lors des périodes estivales, contiennent du glycérol, un additif utilisé pour empêcher la glace de geler totalement et lui donner cette texture particulière. Or, des cas d’intoxication sévère ont été recensés au Royaume-Uni et en Irlande chez des enfants de moins de huit ans ayant consommé ces produits. Perte de conscience, hypoglycémie, convulsions, acidose métabolique : les symptômes sont préoccupants. Les autorités sanitaires commencent à réviser leurs recommandations et appellent les parents à la vigilance.
Le glycérol : un additif présent dans les granités, mais dangereux pour les enfants
Le glycérol, identifié sous le code E422, est un composé largement utilisé dans l’industrie agroalimentaire comme édulcorant et agent de texture. Il est particulièrement présent dans les produits sans sucre ajouté, notamment les bonbons, les chewing-gums et, bien sûr, les granités. Son rôle principal est de préserver l’effet "slushy" en empêchant la glace de durcir complètement.
Cependant, l’étude menée par un groupe de pédiatres au Royaume-Uni et en Irlande a mis en évidence un danger important pour les jeunes enfants. Sur les 21 cas analysés, tous concernaient des enfants devenus gravement malades dans l’heure qui a suivi la consommation d’un granité contenant du glycérol. La majorité d’entre eux ont subi une perte de conscience soudaine, tandis que presque tous ont présenté une hypoglycémie sévère. L’acidose lactique a été détectée dans près de 94 % des cas, tandis que certains enfants présentaient également des anomalies métaboliques, comme un taux élevé de triglycérides dans le sang ou une baisse significative du potassium.
Le glycérol, lorsqu’il est absorbé trop rapidement par l’organisme, peut provoquer un dérèglement métabolique, imitant certains troubles héréditaires de la glycémie. Chez les jeunes enfants, plus sensibles que les adultes, cette absorption rapide entraîne une chute brutale du taux de sucre dans le sang, provoquant une hypoglycémie sévère, associée à une acidification soudaine du métabolisme.
Des cas d’intoxication en hausse : un phénomène sous-estimé ?
L’étude parue dans Archives of Disease in Childhood laisse entendre que les cas identifiés ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. De nombreux parents ne font pas toujours le lien entre la consommation d’un granité et l’apparition de symptômes tels que des nausées, des vomissements ou une sensation de grande faiblesse.
En 2024, plusieurs enfants ont été hospitalisés en urgence après avoir consommé ces boissons glacées. Parmi eux, une fillette de deux ans a été prise de convulsions et a perdu connaissance une trentaine de minutes après avoir bu un granité. Un garçon de quatre ans a été retrouvé inconscient dans la voiture familiale et a dû être admis en soins intensifs. Un autre enfant, âgé de six ans, a nécessité une IRM cérébrale pour évaluer d’éventuelles séquelles après un épisode d’intoxication.
D’après la Food Standards Agency (FSA) au Royaume-Uni, ces cas pourraient être bien plus nombreux, mais sous-déclarés, car les parents n’identifient pas toujours le granité comme étant à l’origine du problème.
Recommandations des experts et restrictions à venir
Face à cette alerte sanitaire, les agences de sécurité alimentaire revoient actuellement leurs recommandations. Pour les enfants de moins de quatre ans, la consommation de granités est déjà fortement déconseillée, mais certains experts suggèrent d’aller plus loin et de les interdire totalement. Pour la tranche d’âge comprise entre quatre et sept ans, ces boissons restent autorisées de manière exceptionnelle, mais plusieurs spécialistes estiment qu’elles devraient être évitées par principe de précaution. Enfin, pour les enfants de huit ans et plus, la consommation reste permise, bien que certaines autorités envisagent d’y apposer des restrictions supplémentaires.
Le Royaume-Uni et l’Irlande travaillent actuellement sur une proposition visant à relever l’âge minimum recommandé à huit ans, afin de limiter les risques d’intoxication. En France, aucune réglementation spécifique ne s’applique pour le moment à l’utilisation du glycérol dans ces produits.
Les parents, quant à eux, peuvent déjà prendre des mesures simples pour protéger leurs enfants. Ils peuvent éviter les granités chez les plus jeunes, privilégier des alternatives maison sans additifs et lire attentivement les étiquettes des produits industriels pour vérifier la présence de glycérol.
Un problème aggravé par le "zéro sucre" et la taxation du sucre
Un élément troublant ressort de l’étude : l’augmentation des cas d’intoxication au glycérol coïncide avec l’évolution des politiques de taxation du sucre. Depuis 2018, le Royaume-Uni et l’Irlande ont mis en place des taxes spécifiques visant à réduire la consommation de sucre. En conséquence, de nombreux fabricants ont choisi de remplacer le sucre par du glycérol dans leurs boissons, une alternative qui leur permet d’éviter la taxation tout en conservant une texture agréable.
Les parents, soucieux de limiter l’apport en sucre dans l’alimentation de leurs enfants, se tournent naturellement vers ces produits "sans sucre ajouté", sans être informés des risques liés au glycérol. Or, dans certains pays où cette taxation n’existe pas, les granités contiennent davantage de glucose et bien moins de glycérol, réduisant ainsi le risque d’intoxication.