Bruxelles veut tenter de faire plier Moscou avec une nouvelle salve de sanctions économiques. Objectif affiché : asphyxier les revenus du pétrole et des banques russes, sans oublier les fameux pipelines Nord Stream et les tankers discrets de la flotte fantôme. Mais comme souvent, c’est plus facile à dire qu’à faire.
Pétrole, gaz, banques : que prévoit le 18e paquet de sanctions contre la Russie ?

C’est une annonce qui peut sembler lointaine, mais qui touche au nerf de la guerre : l’argent. Et donc, le quotidien de millions de foyers européens. Si Bruxelles durcit encore le ton contre la Russie, c’est pour tenter de freiner l’économie de guerre de Poutine.
Sanctions : le pétrole russe sous pression : vers un nouveau plafond
C’est le point fort du 18e paquet de sanctions proposé par la Commission européenne le 10 juin 2025 : baisser à 45 dollars le prix maximal autorisé pour le baril de pétrole russe. Aujourd’hui fixé à 60 dollars par le G7, ce plafond n’est plus efficace. Le baril a chuté en dessous, et les bénéfices russes n’en souffrent plus.
Ursula von der Leyen ne cache pas son intention : « Les exportations de pétrole représentent toujours un tiers des revenus de la Russie. Nous devons réduire cette source de revenus ». Une baisse à 45 dollars viserait donc directement les recettes du Kremlin.
Symboliquement, l’UE veut aussi mettre un terme définitif à l’ère Nord Stream. En bloquant toute transaction liée aux gazoducs 1 et 2, même à l’arrêt, Bruxelles envoie un signal : plus jamais de dépendance énergétique à la Russie.
Mais c’est surtout la flotte fantôme qui agace les Européens. En ajoutant 70 pétroliers supplémentaires à sa liste noire, l’UE tente de reprendre le contrôle d’un commerce clandestin qui mine les sanctions actuelles. Ces navires, souvent non tracés et enregistrés sous des pavillons étrangers, permettent encore à Moscou d’exporter son pétrole, malgré les interdictions.
Russie : des banques coupées du monde… mais à quel prix ?
Autre levier, encore plus technique : les banques russes. Bruxelles veut interdire toute transaction avec 22 nouvelles institutions financières. C’est un élargissement des restrictions SWIFT, déjà en place depuis 2022. Le but ? Rendre plus difficile le financement de l’armée russe.
Mais chaque sanction a ses effets secondaires. Ces mesures impactent aussi des entreprises européennes, qui peinent parfois à savoir si leurs clients ou fournisseurs sont concernés. Et elles peuvent peser sur certains secteurs industriels, notamment dans l’énergie, la chimie ou la mécanique, déjà sous tension depuis trois ans.
Problème : rien ne se décide sans l’accord des 27. Et là, c’est mal parti. La Slovaquie et la Hongrie sont sur la défensive. Le Premier ministre slovaque Robert Fico a prévenu : « Si une sanction nous porte préjudice, je ne voterai jamais pour ». Il s’appuie sur une résolution parlementaire l’invitant à rejeter toute nouvelle mesure contre la Russie.
Même son de cloche à Budapest. Ces pays estiment que les sanctions nuisent plus à l’économie européenne qu’à celle de Poutine. Et certains diplomates l’avouent : pour que ce 18e paquet passe, il faudra faire des compromis.
Ignacy Niemczycki, de la chancellerie polonaise, reste optimiste : « Nous travaillerons d’arrache-pied pour que les nouvelles sanctions soient adoptées avant la fin de la présidence polonaise ». Un vote est attendu autour du 23 juin 2025. D’ici là, chaque mot, chaque détail, chaque intérêt national sera passé au peigne fin.