À l’ouverture du salon du Bourget, le plus grand salon aéronautique du monde, un pan entier du pavillon international a été plongé dans l’ombre, déclenchant un choc diplomatique.
Au salon du Bourget, Israël est tenu à l’écart

Le 17 juin 2025, le salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget a levé le rideau. Cette édition, marquée par un contexte géopolitique explosif, n’a pas seulement attiré les regards sur les innovations techniques, mais sur un acte inédit : la fermeture de cinq stands israéliens d’armement, à la demande directe du gouvernement français. Les entreprises touchées, dont Elbit Systems, IAI (Israel Aerospace Industries) et Rafael, se sont retrouvées dans l’incapacité d’exposer leurs produits dès l’ouverture du salon, malgré des semaines de préparation logistique et des investissements lourds.
Bourget 2025 : les stands israéliens recouverts, une décision politique
Le 16 juin 2025, à la veille de l’inauguration du salon du Bourget, des agents du ministère français de l’Intérieur ont procédé à une intervention discrète mais ferme : les vitrines de cinq entreprises israéliennes ont été masquées par des panneaux noirs, interdisant la visibilité sur les systèmes d’armement exposés. Cette action s’est faite en application d’une directive exceptionnelle fondée sur le Code de la Défense français, autorisant l’interdiction temporaire de certaines présentations "susceptibles de porter atteinte à l’ordre public".
L’événement a provoqué une vive réaction israélienne. Le ministère israélien de la Défense a dénoncé une mesure "scandaleuse" et "sans précédent dans l’histoire des relations bilatérales avec la France", rapporte Times of Israel. Pour Israël, il s'agit même d'un "ghetto". Visuellement, les tentures noires rappellent les murs qui entouraient les ghettos où étaient enfermés les Juifs au XXe siècle, notamment à Varsovie, en Pologne. Israël dénonce ainsi une mesure antisémite de la part du salon du Bourget.
L'industrie de l'armement israélienne en difficulté
Les industriels touchés représentent une part significative des exportations de défense israéliennes, et leur exclusion visuelle du salon du Bourget est perçue comme un désaveu économique en pleine compétition internationale. La société Rafael, notamment, devait y présenter de nouveaux systèmes de défense sol-air. Un dirigeant du groupe, cité par France Inter, confie anonymement : "Nous avons respecté toutes les conditions légales. Ce traitement est incompréhensible et profondément injuste."
Israël a convoqué l’ambassadeur de France à Tel-Aviv pour obtenir des explications, évoquant une mesure discriminatoire. Plusieurs partenaires stratégiques présents sur le salon, notamment des délégations américaines et indiennes, se sont également étonnés de ce blocage soudain qui décrit une ambiance "glaciale" autour du pavillon israélien recouvert de panneaux noirs, à peine signalé sur les plans officiels du salon.
Un salon sous surveillance
Le Bourget n’est pas une foire anodine. C’est le plus grand marché aéronautique du monde, un carrefour diplomatique et économique où chaque stand pèse des centaines de millions d’euros. Le choix de recouvrir spécifiquement les armements israéliens, sans pour autant interdire leur présence officielle, illustre une stratégie d’équilibrisme politique de la part de la France.
Pour un visiteur lambda, ces stands recouverts ressemblent à des installations fermées ou en panne. Mais pour les connaisseurs, c’est une mise à l’écart symbolique, visible et assumée. Cette opération ne signifie pas une rupture formelle entre Paris et Tel-Aviv, mais marque une volonté de désolidarisation visuelle dans un contexte où l’image publique est stratégique.
Derrière les panneaux noirs, les armes sont toujours là. Mais leur invisibilisation temporaire est un signal fort, dirigé autant vers l’opinion internationale que vers les partenaires commerciaux de la France.
La fermeture visuelle des stands israéliens au Bourget n’est pas qu’une anecdote technique. Elle reflète la complexité des relations entre stratégie industrielle, diplomatie armée et gestion des perceptions publiques en temps de conflit. En choisissant de ne pas annuler leur participation, mais de les masquer, la France a cherché un équilibre périlleux entre souveraineté décisionnelle, impératif sécuritaire et signal politique. À court terme, la manœuvre isole l’industrie israélienne. À long terme, elle pourrait redessiner les règles non écrites de la diplomatie des salons d’armement.