Salaire net en chute : l’U2P veut réformer la fiscalité pour le rehausser

Un fossé grandissant entre brut et net, un ras-le-bol fiscal qui gronde, et une réponse inattendue venue du patronat de proximité (U2P).

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 6 mai 2025 16h55
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Le 6 mai 2025, l’Union des entreprises de proximité (U2P) a dévoilé une initiative audacieuse visant à revaloriser le salaire net des Français. En dénonçant un écart croissant entre le salaire brut et le montant réellement perçu, l’organisation patronale propose une refonte du financement de la protection sociale. Cette proposition intervient dans un contexte où la pression fiscale sur le travail est au cœur de nombreuses préoccupations.

Salaire net : le grand effritement

En 1970, le salaire net représentait encore 69 % du brut. Trente ans plus tard, ce chiffre est tombé à 60 %. En 2025, il n’atteint plus que 54 %, selon les données mises en avant par l’U2P. Une baisse continue, jugée préoccupante par les représentants des entreprises de proximité, qui y voient une cause directe de l’érosion du pouvoir d’achat. Le président de l’organisation, Michel Picon, affirme que « pour la majorité des gens, travailler ne permet plus d’améliorer son niveau de vie ».

Cette évolution du rapport entre brut et net reflète selon l’U2P une fiscalité trop centrée sur les revenus d’activité. L’objectif affiché de la réforme serait de « mieux répartir le financement du modèle de protection sociale entre les Français ».

Une réforme à cent milliards d’euros

Pour répondre à cette situation, l’U2P a présenté une proposition de loi qui vise à supprimer intégralement la CSG (contribution sociale généralisée) et la CRDS (contribution pour le remboursement de la dette sociale) sur les revenus d’activité, et ce dans un délai de cinq ans. Cette mesure concernerait l’ensemble des actifs : salariés du privé, fonctionnaires, indépendants, professions libérales et dirigeants.

Le syndicat patronal évalue à 116 milliards d’euros le gain potentiel pour les ménages français. Une somme qui, selon l’organisation, permettrait une hausse de 22 % de la rémunération nette en cinq ans. L’U2P justifie sa démarche en insistant sur le fait que la CSG-CRDS, prélevée à un taux uniforme de 9,7 %, pèse de manière équivalente sur tous les travailleurs, sans distinction de revenus.

Des propositions de financement multiples pour le rehaussement des salaires

La suppression de deux des principaux prélèvements sociaux appelle une refonte complète des mécanismes de financement. L’U2P propose plusieurs pistes de substitution, reposant sur une diversification des recettes.

Premièrement, l’organisation suggère d’augmenter la fiscalité sur les revenus du capital : relèvement du prélèvement forfaitaire unique au-delà de 30 % et hausse de la CSG sur les revenus locatifs. Elle évoque également l’instauration d’un impôt minimum sur les revenus fonciers.

Deuxièmement, le plan prévoit un gel temporaire des retraites supérieures à 2 500 euros mensuels, ainsi que la suppression de l’abattement fiscal de 10 % qui leur est actuellement appliqué. Cette mesure concernerait une partie restreinte de la population retraitée.

Troisièmement, l’U2P propose une réforme des droits de succession, avec l’instauration d’un plancher fiscal entre 10 et 20 % pour les héritages supérieurs à 500 000 euros par héritier. À l’inverse, les transmissions d’entreprises seraient favorisées grâce à un renforcement du pacte Dutreil, qui verrait son exonération passer de 75 % à 90 % sous condition de conservation de l’entreprise pendant dix ans.

Enfin, le syndicat suggère une révision des taux de TVA. L’idée serait d’augmenter légèrement le taux standard, afin d’alléger certains produits du quotidien en les basculant vers des taux réduits. Une TVA à 35 % serait par ailleurs envisagée pour les produits de luxe.

Vers un débat sur le financement du modèle social

Avec cette proposition, l’U2P espère replacer la question du salaire net au cœur du débat public et fiscal. À ses yeux, le financement de la protection sociale ne peut plus reposer presque exclusivement sur les revenus d’activité. L’organisation appelle à une redistribution plus équilibrée des efforts fiscaux, en élargissant l’assiette aux revenus du patrimoine et à la consommation.

L’État n’a, pour l’heure, pas officiellement réagi à cette initiative. Toutefois, la présentation d’un texte législatif montre la volonté de l’U2P d’influencer l’agenda parlementaire. Le contexte de déficits sociaux croissants, évalués à 22,1 milliards d’euros pour 2025, complique cependant toute réforme de cette ampleur.

Alors que le débat sur le pouvoir d’achat reste vif en France, ce « big bang » patronal pourrait forcer les décideurs à réexaminer les priorités budgétaires et la répartition des contributions.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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