C’est une proposition qui pourrait chambouler le quotidien de près de deux millions de personnes. Et si demain, le RSA devenait temporaire ? Plus précisément : limité à deux ans pour tous ceux considérés comme « aptes au travail » ? C’est ce que veut Laurent Wauquiez, candidat à la présidence des Républicains. Derrière cette mesure, une promesse : récompenser l’effort. Mais dans la pratique, qu’est-ce que ça implique vraiment ?
Wauquiez veut réformer le RSA pour inciter au travail

Aujourd’hui, 40 % des allocataires du RSA ont moins de 35 ans. Wauquiez, lui, pose la question : « Qui peut croire qu’ils sont tous dans l’impossibilité de travailler ? ».
Deux ans de RSA, et après ? Une réforme qui bouscule les parcours précaires
Le Revenu de solidarité active (RSA) concerne aujourd’hui environ 2 millions de personnes en France. Son montant de base s’élève à 646,52 € par mois pour une personne seule sans ressource, selon la revalorisation en vigueur depuis le 1er avril 2025. Dans de nombreux foyers, il constitue un filet de sécurité vital.
Limiter ce RSA à deux ans pour les personnes jugées « aptes » revient à poser une condition de durée à ce qui, jusqu’à présent, était renouvelable tant que la situation l’exigeait. Concrètement, une mère célibataire sans emploi, un jeune sans diplôme, ou un travailleur précaire sans contrat stable pourraient perdre cette aide au bout de 24 mois, même si aucune solution d’emploi durable ne s’est offerte à eux.
L’autre pilier de la réforme Wauquiez, c’est l’emploi. Il pointe du doigt les 500 000 postes non pourvus dans certains secteurs : hôtellerie-restauration, aide à domicile, services à la personne. « On ne peut pas continuer à payer des gens à rester chez eux », estime-t-il dans un entretien au Parisien le 11 mai 2025.
Mais ces emplois sont-ils compatibles avec les profils RSA ? Ce sont souvent des postes en horaires décalés, peu payés, physiquement exigeants, et rarement compatibles avec des obligations familiales ou des problèmes de santé. Sans compter les zones rurales où les offres sont rares, ou les villes où le coût de la vie empêche de vivre décemment avec un SMIC.
Une réforme couplée à des heures obligatoires : retour du travail contre aide ?
Wauquiez ne s’arrête pas à la limitation dans le temps. Il veut aussi conditionner le RSA à des heures d’activité. « De vraies heures de travail à faire en contrepartie du RSA », propose-t-il. Cela évoque le modèle anglo-saxon du “workfare” : tu touches une aide ? Tu dois rendre un service en échange.
En théorie, cela vise à réinsérer. Mais en pratique, les collectivités et les structures d’insertion ont-elles les moyens de gérer, d’encadrer et d’évaluer ces heures ? Qui décide si l’allocataire est réellement en capacité de travailler ? Et que se passe-t-il si l’offre ne correspond pas au profil ? Le risque d’exclusion pure et simple n’est pas anodin.
Dernière brique du plan Wauquiez : fusionner les aides sociales en une seule allocation, avec un plafond à 70 % du SMIC net, soit environ 980 € par mois. Fini le cumul RSA + APL + prime d’activité. L’objectif ? Simplifier, limiter, responsabiliser.
Mais pour les foyers qui cumulaient plusieurs aides, souvent à peine suffisantes pour vivre, ce plafonnement pourrait représenter une baisse réelle de revenus. Et poser de vraies questions de pouvoir d’achat pour les plus fragiles.
Sur le papier, la mesure séduit une partie de l’électorat de droite : réduire les dépenses sociales, mettre en avant l’effort, responsabiliser. Pour les finances publiques, 12 milliards d’euros sont en jeu, rien que pour le RSA. Mais pour les allocataires, c’est un virage sec. En deux ans, il faut se stabiliser, se former, travailler, ou disparaître des radars sociaux.