Une récente enquête tarifaire révèle des écarts de prix inattendus entre taxis autonomes et véhicules avec chauffeur dans plusieurs villes américaines. À San Francisco, les données montrent un avantage économique persistant pour les services traditionnels.
Robotaxi : l’absence de chauffeur fait grimper la facture

Le 12 juin 2025, la société Obi, spécialisée dans la comparaison de services de transport, a publié une étude portant sur les tarifs des taxis autonomes dans la ville de San Francisco. L’enquête met en évidence une réalité peu attendue : les courses proposées par Waymo, l’un des acteurs majeurs du secteur, s’avèrent significativement plus onéreuses que celles d’Uber ou de Lyft, malgré l’absence de conducteur.
Des écarts tarifaires significatifs à San Francisco
L’étude repose sur l’analyse de 90 000 offres de trajets collectées entre le 25 mars et le 25 avril 2025. Ces offres émanaient de trois services concurrents : Waymo, UberX et Lyft. Selon les résultats publiés, la course moyenne proposée par Waymo atteignait 20,43 dollars (soit environ 18,91 euros), contre 15,58 dollars pour Uber (14,42 euros) et 14,44 dollars pour Lyft (13,36 euros). Sur les trajets courts, inférieurs à 1,4 kilomètre, les écarts se creusent davantage : les prix de Waymo étaient en moyenne 41,48 % plus élevés que ceux de Lyft, et 31,12 % plus élevés que ceux d’Uber. La différence tend à s’atténuer lorsque la distance parcourue augmente, mais Waymo reste plus cher. Pour un trajet compris entre 4,3 et 9,3 kilomètres, Lyft facture environ 2,60 dollars par kilomètre, Uber 2,90 dollars, et Waymo 3,50 dollars.
Un modèle économique encore rigide
Waymo repose sur un système de tarification fondé essentiellement sur la relation directe entre l’offre et la demande. Contrairement à Uber et Lyft, qui s’appuient sur des plateformes dynamiques et une main-d’œuvre adaptable, Waymo dispose d’une flotte de véhicules à gestion centralisée, encore relativement limitée. Cette différence structurelle a pour conséquence un ajustement tarifaire moins flexible, notamment en cas de forte affluence. Par ailleurs, les délais d’attente chez Waymo s’avèrent plus fluctuants, ce qui renforce le coût global des trajets, en particulier sur les distances courtes. Malgré cela, l’intérêt pour ces véhicules ne semble pas faiblir. Selon l’étude, 70 % des utilisateurs interrogés ayant eu recours à Waymo déclarent préférer les taxis autonomes aux services classiques.
Fonctionnement et développement des taxis autonomes
Les taxis sans chauffeur, aussi appelés robotaxis, sont des véhicules autonomes de niveau 4 selon la classification SAE. Ces engins sont dotés de capteurs multiples tels que le LiDAR, des radars, des caméras et un système de traitement embarqué. À San Francisco, Waymo exploite une flotte de Jaguar I-Pace électriques entièrement autonomes, et revendique plus de 250 000 trajets hebdomadaires dans plusieurs métropoles américaines, dont Phoenix, Austin et Los Angeles. D’un point de vue technologique, ces véhicules visent une conduite plus fluide, une diminution du risque d’accident et une baisse des émissions polluantes. Toutefois, leur coût de fabrication reste élevé, compris entre 100 000 et 180 000 dollars par unité, en raison notamment du prix des composants électroniques avancés. Cette complexité technologique contribue en partie aux prix constatés sur le marché.
Une adoption progressive malgré les inquiétudes
La sécurité demeure une préoccupation majeure pour une partie des passagers. Près de 74 % des personnes interrogées dans le cadre de l’étude d’Obi estiment que ce critère constitue leur principale réticence. Par ailleurs, une large majorité se prononce en faveur d’un contrôle humain à distance lors des trajets en robotaxi. Interrogée par TechCrunch, Ashwini Anburajan, directrice des recettes chez Obi, souligne que les résultats de l’étude contredisent l’idée selon laquelle l’automatisation des transports entraînerait nécessairement une baisse immédiate des prix. Elle observe également que le surcoût n’a pas dissuadé les usagers. Selon elle, cette disposition à payer plus s’explique en partie par l’attrait technologique, la recherche de confort et la curiosité liée à l’innovation.
Perspectives de déploiement en Europe
Waymo poursuit l’expansion de son modèle, en envisageant notamment des partenariats avec des constructeurs automobiles pour équiper des véhicules personnels. De son côté, Uber prévoit le lancement de robotaxis en Europe d’ici 2026, via une alliance avec l’entreprise Momenta, spécialisée dans les systèmes de conduite autonome. Cette phase de développement s’accompagne d’enjeux techniques et réglementaires majeurs. Les conditions de circulation, les responsabilités juridiques, la cartographie urbaine ou encore les régimes d’assurance devront faire l’objet d’un encadrement spécifique avant toute généralisation du modèle.