Quarante ans après son solo épileptique au bal de fin d’année, Marty McFly cherche toujours sa guitare. Oui, celle qui a fait chavirer les cœurs, vrillé les amplis et déclenché des vocations par milliers. Spoiler : elle a disparu. Gibson lance donc une opération commando digne d’un Indiana Jones du rock. C’est sérieux. Et délicieux.
Retour vers la guitare perdue : Gibson et Marty McFly ouvrent une enquête intertemporelle
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Published on 4 juin 2025 10h50
27%Selon une étude interne de Gibson, la scène aurait provoqué une hausse de 27 % des ventes de guitares électriques entre 1985 et 1987
Le 3 juin 2025, Gibson a officiellement activé la machine à voyager dans le temps – version branchée sur ampli – pour retrouver la Gibson ES-345 rouge cerise tenue par Michael J. Fox dans Retour vers le futur. L’objet est porté disparu depuis la fin des années 1980. L’enquête s’annonce planétaire, improbable, truffée de collectionneurs fous et de fausses pistes. Et pour ne rien gâcher, un documentaire au titre clin d’œil, Lost to the Future, racontera tout. Absolument tout.
Une guitare disparue dans le temps : la Gibson ES-345 rouge cerise de 1958
On a perdu une guitare. Pas n’importe laquelle. Celle que Marty McFly massacre (ou sublime, c’est selon) dans l’irrésistible scène du bal « Enchantment Under the Sea » dans Retour vers le futur (1985). Une Gibson ES-345 rouge cerise de 1958, modèle à double pan coupé, micro Varitone, touche en ébène, fabriquée à Kalamazoo, Michigan. « Il y a des années, j’ai été stupéfait d’apprendre que cet objet cinématographique adoré avait apparemment disparu dans le continuum espace-temps », avoue Bob Gale, coscénariste du film.
Et pourtant, elle a bel et bien disparu. Le dernier signalement remonte au tournage du deuxième film, en 1989. Louée chez Norm’s Rare Guitars (Los Angeles), elle aurait été vendue, puis oubliée, puis peut-être exportée vers le Japon dans la grande fièvre des guitares vintage des années 80. « Je cherche cette chose depuis maintenant seize ans », soupire Mark Agnesi, directeur de l’expérience de marque chez Gibson cité par le New York Post.
Lost to the future : un documentaire pour tout expliquer… et peut-être résoudre le mystère
Pour retrouver l’objet mythique, Gibson met les petits potards dans les grands. Un documentaire est en production, intitulé Lost to the Future. Réalisé par Doc Crotzer – ça ne s’invente pas –, le film suivra une traque improbable entre dépôts de studios d’Hollywood, brocantes poussiéreuses et collections privées. « Retour vers le futur m’a donné envie de faire des films quand j’étais enfant, et m’a donné envie de prendre une guitare », confie Crotzer.
Le casting du docu s’annonce croustillant : Michael J. Fox, Christopher Lloyd, Lea Thompson, Huey Lewis, mais aussi le scénariste Bob Gale, ainsi qu’une armée d’experts en guitares et d’enquêteurs de l’étrange. L’instrument, selon les experts, pourrait aujourd’hui valoir plus de 250 000 euros sur le marché de la pop culture, surtout s’il est en état de marche. Mais sa valeur symbolique dépasse de loin les enchères.
Une scène légendaire de l’histoire du cinéma
La scène est devenue légendaire. Marty McFly balance un solo digne de Chuck Berry sous acide et déclenche l’hystérie du public fictif… et réel. L’effet domino est bien réel. « Je ne réalisais pas l’influence qu’avait eue cette scène sur les gens. John Mayer a dit : “Je joue de la guitare grâce à toi”, et Chris Martin a dit la même chose… J’aime simplement la guitare, et j’adore ce film », avoue Michael J. Fox.
Et Todd Harapiak, directeur média de Gibson, de résumer l’affaire : « Regarder la performance iconique de Michael J. Fox sur “Johnny B. Goode”… a inspiré toute une génération d’enfants à prendre une guitare. »
Au total, selon une étude interne de Gibson, la scène aurait provoqué une hausse de 27 % des ventes de guitares électriques entre 1985 et 1987, avec un pic d’intérêt pour les modèles rouges à double pan coupé. Et ce n’est pas un hasard.
Retour vers le futur : un appel à témoins pour retrouver la guitare perdu
Le dispositif mis en place est digne d’un numéro vert pour OVNIs. Une plateforme a été ouverte : www.LostToTheFuture.com. On cherche tout : photos, tickets de caisse, vidéos, témoignages, morceaux d’étui. Tout ce qui pourrait aider. L’objectif est clair : retrouver cette Gibson ES-345 reconnaissable à l’incrustation pleine à la 12e frette – une rareté qui rendra toute tentative de triche assez risible.
Côté production, Lost to the Future sera produit par Gibson Films, avec un budget estimé (officieusement) à plus de 4 millions de dollars, incluant les frais de déplacement, les licences musicales, les droits d’image et un gros paquet de nostalgie.
Ce projet, s’il amuse, est aussi un bijou de communication. Retour vers le futur, c’est plus de 980 millions de dollars générés au box-office mondial, et un impact culturel digne de Star Wars. Gibson entend ici conjuguer mémoire musicale, nostalgie générationnelle et storytelling de luxe. « Retour vers le futur est l’un des films les plus importants et marquants de ma vie… J’espère que nous retrouverons la Gibson ES-345 de Marty ! », déclare Cesar Gueikian, PDG de Gibson.
La guitare est-elle au Japon ?
C’est la piste la plus crédible, évoquée par Agnesi lui-même. La guitare aurait quitté les États-Unis à la fin des années 80, dans un container anonyme. Aujourd’hui, elle dort peut-être quelque part à Osaka, entre une Telecaster rouillée et une Stratocaster repeinte, dans la réserve d’un studio d’enregistrement oublié.
À moins qu’un fan l’ait accrochée dans son salon, sans savoir qu’il détient un morceau d’histoire. Ou qu’elle ait été échangée contre une autre guitare, dans un magasin de province, au fin fond du Texas.